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Entrevue avec le seul disque golfeur professionnel au Québec
Même si le Spikeball est plus populaire que jamais, il est loin d’avoir l’apanage des passe-temps sportifs où se rencontrent différents éléments de plusieurs sports.
Bien avant l’apparition des petits trampolines et des dudes en chest ponctuant leur jeu de « LET’S GOOOO! » bien sentis dans les parcs, des amateurs de disque golf, qui consiste à lancer un genre de frisbee dans un panier en métal, pratiquaient leur sport en toute discrétion sur les quelques greens adaptés à cet effet dans la province.
Si on a tendance à penser que les adeptes du disque golf aiment autant la bière froide qui vient souvent avec l’exercice que le sport lui-même, il n’en demeure pas moins que pour certains, c’est une véritable passion et même un gagne-pain.
C’est le cas de Julien Quenneville, le seul joueur professionnel de disque golf de la province. Disons qu’on avait très envie d’en apprendre plus sur son quotidien flyé (badum tsi!).
Le disque dans les veines
«J’ai joué au basket de haut niveau très longtemps et lorsque j’ai arrêté, j’ai senti un certain vide dans ma vie», confie d’emblée Julien. C’est à l’occasion d’un déménagement à Whistler que l’athlète a fait la connaissance du disque golf, un «coup de foudre instantané» selon lui. «Je me suis acheté des disques et j’ai joué chaque jour cet été-là tellement j’avais la passion».
«Je me suis acheté des disques et j’ai joué chaque jour cet été-là tellement j’avais la passion».
À son retour au Québec, Julien a découvert une petite communauté d’amateurs de son nouveau sport favori qui s’exerçait principalement au parcours de l’île Charron près de Boucherville, un des spots les plus populaires pour pratiquer ses lancers près de Montréal à l’époque. C’était il y a une dizaine d’années.
S’il avoue que l’alcool et le cannabis faisaient souvent partie de l’équation lors de ses premiers matchs de disque golfeur amateur, Julien affirme avoir mis de côté ces substances lorsqu’il a décidé de passer du mode récréatif à professionnel dans sa pratique du sport il y a trois ans.
«Je suis commandité par trois entreprises afin de couvrir une bonne partie des frais afférents aux tournois et aux entraînements.»
Aujourd’hui, l’athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu réussit à vivre de sa passion de plusieurs manières. «Je suis commandité par trois entreprises afin de couvrir une bonne partie des frais afférents aux tournois et aux entraînements. Je fais aussi énormément de coaching auprès de monsieur et madame Tout-le-Monde, d’autres athlètes qui souhaitent devenir professionnels et je fais des cliniques privées» explique Julien, qui vient tout juste de revenir d’une tournée d’un mois en Ontario pour participer à des événements liés à son sport.
Au-delà de lancer des disques vers des paniers affublés de chaînes de métal, c’est la communauté, toujours grandissante, qui passionne avant tout le Johannais. «J’ai découvert une famille, une deuxième maison. Ce sont vraiment des personnes formidables qui tiennent ce magnifique sport sur leurs épaules et ça me remplit de joie de les compter comme mes amis».
«J’ai découvert une famille, une deuxième maison. Ce sont vraiment des personnes formidables qui tiennent ce magnifique sport sur leurs épaules et ça me remplit de joie de les compter comme mes amis».
Le disque golf aux prochains Jeux olympiques?
À entendre Julien, il se pourrait bien que le disque golf, à l’instar du Spikeball, devienne un sport très prisé dans la province et dans le reste du pays. «Quand j’allais jouer des games il y a trois ans, je connaissais 90% des gens qui étaient sur le parcours en tout temps. Maintenant, je connais au maximum 20% des gens. Il y a constamment de nouveaux joueurs. Je pense qu’on est seulement au début du potentiel de popularité du sport en ce moment», estime l’athlète, qui confie avoir des messages tous les jours de novices du disque qui souhaitent avoir des conseils pour s’améliorer.
«Quand j’allais jouer des games il y a trois ans, je connaissais 90% des gens qui étaient sur le parcours en tout temps. Maintenant, je connais au maximum 20% des gens».
Pour soutenir ses prévisions, Julien s’appuie sur de récents chiffres de la Professional Disc Golf Association (PDGA). L’organisation offre aux joueurs de disque golf de s’inscrire avec un numéro unique sur leur plateforme afin de rassembler leurs statistiques et ainsi comparer leur niveau avec d’autres joueurs à travers le monde. Selon Julien, le nombre de participants inscrits a doublé en quatre ans, passant d’une centaine de milliers à plus de 200 000. «C’est sûr que ça ne représente pas l’entièreté de la communauté internationale puisque certaines personnes ne veulent pas s’inscrire sur la plateforme, mais ça donne une idée de la popularité grandissante du sport», nuance-t-il.
Dans un futur rapproché, l’athlète aimerait que le disque golf prenne encore plus d’expansion dans la province. «Pour l’instant, il y a un peu plus d’une trentaine de parcours de disque golf à travers le Québec, mais aucun n’est si challengeant que ça pour un professionnel. J’aimerais qu’on puisse s’inspirer de ce qui se fait dans l’Ouest et éventuellement créer 3-4 parcours très difficiles afin d’attirer des athlètes de haut niveau ici».
Pour sa part, Julien mettra le cap vers les États-Unis en novembre prochain afin de compétitionner contre de grosses pointures de son milieu. «D’ici 5 ans, j’aimerais être considéré comme l’un des meilleurs joueurs au Canada et enseigner le disque golf au plus de monde possible. Donc pour ça, je dois m’exiler un moment et ramener des connaissances qui seront utiles pour atteindre mes objectifs».
Pour quiconque souhaite s’initier au disque golf afin de devenir le/la deuxième professionnel.le que la province ait connu, Julien résume ses conseils en une phrase. «Il faut une bonne concentration, énormément de discipline et beaucoup, beaucoup, beaucoup de pratique».
Sur ce, bon disque!