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Elle a ouvert son entreprise le jour où tout a fermé

Comment ouvrir, adapter et... fermer une entreprise en temps de crise.

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Il y en a pour qui 2020 aura été une année passée chez soi, un inconvénient mineur, tout au plus. Il y en a d’autres pour qui ça aura été une année de rêves brisés et d’occasions ratées.

Et après, il y a des gens comme Sophie Samson, pour qui l’année a été une course à obstacles non-stop, et qui les a surmontés un après l’autre en se retroussant les manches.

Une ouverture mouvementée

Vendredi 13 mars 2020. Sophie prépare son espace dans le local de la boutique Mme Dupont & Cie, à Sherbrooke. Depuis des mois, elle se déchaîne pour ouvrir Les Pâtisseries 300, une entreprise de repas et de desserts sans gras, sans gluten et sans sucre ajouté. Elle a fait son étude de marché et elle sait dans quoi elle s’embarque. Elle est déjà à la tête de deux entreprises, après tout.

Elle attendait, pour son ouverture officielle, une soixantaine de personnes. Mais ça, c’était avant que François Legault annonce que le Québec arrêtait de tourner et qu’Horacio Arruda parle d’«aplatir la courbe». Une vingtaine d’invités ont répondu présent.

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« J’étais tellement occupée à préparer l’ouverture que ça m’a pris du temps à comprendre [ce qui arrivait] », confie la jeune entrepreneure.

« Il faut aussi dire que je n’ai pas été très chanceuse. Fallait le faire, quand même, ouvrir un 13 mars! »

Mais pas seulement ça. En voyant les nouvelles, elle a vite compris que sa compagnie qui venait de naître ne survivrait pas sans une opération à cœur ouvert.

Elle n’avait pas initialement prévu de faire des livraisons, mais devant une pandémie mondiale et la fermeture de beaucoup de commerces, Sophie a élaboré un plan. Si les clients ne venaient pas la voir, il faudrait qu’elle se rende à eux. Son plan marketing a également dû changer pour s’adapter, misant autant sur la pub Facebook que sur du porte-à-porte. « Tout ce qu’on peut imaginer, je l’ai fait, l’ancienne et la nouvelle façon », nous disait-elle lorsqu’on lui a parlé en août dernier.

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Une crise n’attend pas l’autre

Sophie Samson avait investi toutes ses économies dans le projet de pâtisserie, et ses deux autres entreprises, un service d’entretien ménager et un institut d’accompagnement et de coaching en soins naturels, étaient également fermées, COVID-19 oblige. Ses engagements financiers étaient énormes et elle peinait à continuer ses opérations, même avec la livraison de repas à domicile.

Après quelques semaines cahoteuses suivant l’ouverture de Pâtisseries 300, Sophie a monté en parallèle une autre entreprise de repas préparés keto. Elle a vu une lacune, à Sherbrooke, dans l’offre pour ce genre de produits alimentaires, et a profité de son espace, son équipement et son nouveau service de livraison pour sublimer son offre.

Lorsque les choses ont, pour un bref instant, semblé aller mieux l’été dernier, Sophie a pris la décision de rouvrir ses deux autres entreprises. Toutefois, elle s’est retrouvée devant une autre crise : celle de la pénurie de main-d’œuvre. « Je n’ai pas pu trouver d’employés fiables, je me retrouvais à perdre de l’argent, car les gens gaspillaient les aliments. Ça devenait une problématique incroyable ; je ne pouvais pas être partout à la fois », explique l’entrepreneure.

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« Mes enfants me disaient ‘’Maman, on sait qu’il faut que tu travailles beaucoup’’, et ça m’a fait mal, un petit peu. Je me suis dit que j’avais des choix à faire avant de me perdre et de m’éloigner de l’important. »

Sophie a pris en décembre dernier la dure décision de fermer les portes des Pâtisseries 300 et de Santé Keto+. Pas tant pour des raisons financières que pour des raisons de temps et de main-d’œuvre. « Il faut aussi dire que je n’ai pas été très chanceuse », concède Samson avec un rire aigre. « Fallait le faire, quand même, ouvrir un 13 mars ! C’était un beau projet, par contre, et je crois toujours qu’il y a une clientèle énorme pour ça. Mais les cartes ont un peu joué contre moi, niveau timing, même si je m’étais bien préparée. »

Comme quoi en affaires, ça prend une bonne idée… mais quand même un peu de chance aussi.

Accepter les circonstances

Alors qu’on approche de la date fatidique qui marquera l’anniversaire de l’ouverture de la pâtisserie, Sophie vit bien avec sa décision. Depuis la fermeture, elle se consacre à son entreprise d’entretien ménager, un secteur qui a connu un léger boom au cours des derniers mois.

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Elle attend aussi avec impatience de rouvrir son autre entreprise, Institut Émergence Vida, où elle est notamment praticienne et enseignante de reiki.

Lorsque je lui demande si elle ferme la porte à une éventuelle réouverture de la pâtisserie, sa réponse est assez brève. « Je pense que je vais me concentrer sur ce que j’ai déjà, et laisser quelqu’un d’autre prendre ce créneau-là ! », répond Sophie. « Je ne peux pas éparpiller mes énergies partout, surtout après le projet qui n’a pas fonctionné. Le plan d’affaires était bon, l’étude de marché était bonne, mais le timing ne l’était pas ! »

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