L’été dernier, en montant les escaliers roulants du métro Joliette avec ma fille, on est tombées face à face avec un gars, recroquevillé sur un banc, en train de s’insérer une aiguille dans le bras. Comme ça, à la vue de tous, en plein jour. Ma cocotte de 3 ans, obnubilée par les escaliers roulants, ne l’a même pas remarqué, mais ma tête s’est mise à spinner au cas où elle me pose une question. Je sais qu’un jour, la question viendra, et qu’à ce moment, ça sera à moi de trouver les bons mots pour y répondre.
Mais à ce moment-là, la question que j’avais en tête, c’était celle-ci : est-ce que c’est une bonne idée, d’élever ses enfants à Montréal.
Ayant grandi en trifluvie, on jouait dehors après l’école sans se soucier des voitures, les personnes itinérantes étaient plus difficiles à trouver que Charlie et les rues étaient tellement spick and span qu’on aurait dit que Marie Kondo était passée par là. J’aime le joyeux bordel de la métropole, mais aujourd’hui, avec une fille d’âge préscolaire, presque tout ce qui m’a attirée vers la ville est maintenant pour moi une source d’anxiété. Comment réussir à bien accompagner ma cocotte, si je n’ai moi-même jamais passé mon enfance ici?