Il y a presque vingt ans, le film The Holiday (Les Vacances) mettait en vedette Kate Winslet et Cameron Diaz dans le rôle de deux femmes malheureuses qui, pour fuir leur misère avant Noël, décident d’échanger leur maison pendant deux semaines. Si, dans le scénario, les protagonistes finissent par trouver l’âme sœur, pour bien des gens qui ont vu le film, c’est plutôt avec le concept d’échange de maisons qu’ils sont tombés en amour.
Oui, oui : tomber en amour. À en croire Paule Vermot-Desroches et Claudia McMahon, essayer l’échange de maisons, c’est adopter un nouveau mode de voyage, plus chaleureux, plus pratique et surtout, plus économique. Pour ces deux bourlingueuses, plus question de retourner en arrière!
Au moment de notre entrevue, Paule, son conjoint et leurs deux filles séjournaient dans un appartement de Lyon, question de visiter de la famille et de vivre au rythme de l’Hexagone.
La famille explore l’Europe via des échanges de maisons depuis 2019. « La première fois, on n’était pas encore prêts à passer par des agences, mais comme je vais souvent en France pour visiter de la famille, j’ai fait un appel à tous sur Facebook, raconte la Trifluvienne. Ma cousine, qui habitait à Paris et qui a fait ses études à Angers, m’a dit qu’une de ses amies était intéressée. »
L’amie en question, mère de trois enfants, dont un poupon d’un an, cherchait une maison en location pour explorer le Québec. « Avec trois enfants, tu ne vas pas dans un hôtel », convient Paule.
La révélation
Les discussions ont eu lieu, et un échange de maisons, voitures incluses, a suivi.
« Pour nous, ça a été une révélation, témoigne Paule. Tu arrives, tu as un pied à terre où dormir, prendre tes repas et avoir une routine. En plus, tu as accès à une voiture pour aller n’importe où. »
Début 2020, Paule et son conjoint se sont inscrits sur la plateforme HomeExchange, qui compte à ce jour plus de 200 000 membres dans 155 pays.
Il en coûte environ 250 $ par année pour utiliser leurs services, ce qui est plutôt rassurant, selon la principale intéressée.
« Ça élimine les personnes qui ne sont pas sérieuses dans leur démarche », dit-elle.
Le conjoint de Claudia McMahon est Français. En dix ans, le couple et leurs deux enfants sont allés huit fois en France et chaque fois, ils ont échangé leur maison via HomeExchange.
« C’est super bien organisé, tu y trouves même des exemples de contrats. C’est comme Facebook, tu peux voir des commentaires d’autres membres sur des échanges, des locations, illustre-t-elle. C’est rassurant, une formule qui nous permet de choisir un lieu de vie qui nous correspond. »
Dans son cas, elle évite les résidences trop luxueuses. « On aurait peur de briser quelque chose!, lance-t-elle à la blague. Mais surtout, on choisit des lieux où on peut vraiment se poser et se sentir comme chez nous. »
HomeExchange permet aux membres de communiquer entre eux et de prévoir un échange de maisons sécuritaire. Il suffit de sélectionner les critères voulus. Chaque propriété, selon les commodités qu’elle offre – nombre de chambres, piscine, stationnement, voiture incluse ou non, climatisation, etc. –, est notée en points. Son emplacement n’a pas d’importance.
HomeExchange offre aussi une garantie : si l’échange est annulé à la dernière minute et que les billets d’avion sont déjà achetés, l’entreprise s’engage à trouver un hébergement équivalent, sans frais, pour accommoder les voyageurs qui se retrouvent le bec à l’eau.
Des MILLIERS de dollars épargnés
« Pour nous, c’est mieux que d’aller habiter chez de la famille. On prend une maison qui sert de lieu commun à tout le monde, raconte Claudia. En termes de budget, c’est sûr que ça pourrait revenir cher. »
Si elle n’a jamais fait le calcul total de ce qu’elle a épargné en une décennie, elle estime à « au moins 30 000$ » l’argent resté dans ses poches.
« C’est peut-être 3000 $ par voyage, si on est conservateur et qu’on estime qu’une location coûterait 1000 $ par semaine, ce qui est peu », illustre-t-elle.
D’ailleurs, elle indique que faire le tour de la Gaspésie pendant trois semaines s’est avéré beaucoup plus onéreux qu’un long voyage en France.
Pour sa part, Paule et sa famille ont échangé leur maison à plus de six reprises. Quand ils quitteront Lyon, ils iront à Malmö, en Suède, tout près de Copenhague, la capitale danoise, pendant huit jours. L’hébergement ne leur coûtera pas un sou.
« Des économies? Répète-t-elle quand on lui pose la question. Calcule facilement 200 $ par nuit minimum pour une famille de quatre. »
Depuis 2019, elle recense 72 nuits à l’étranger, ce qui signifie près de 15 000 $ qu’elle n’a pas eu à débourser à l’hôtel. Si une voiture est incluse dans l’entente, ce sont des frais de transport en moins (Paule dit qu’à Toulouse, louer une voiture équivaut à 100 euros par jour!). Et ça, c’est sans compter qu’en allant moins au restaurant, on économise davantage.
« À ce prix, si je dois nourrir leur chat ou arroser leurs plantes pendant que je suis chez eux, ça me fait plaisir », blague Paule.
Le côté humain avant tout
Même s’il est rare qu’ils se rencontrent en personne, certains propriétaires n’hésitent pas à laisser de petites attentions pour leurs visiteurs.
« C’est agréable, quand on arrive tard le soir, de voir que le propriétaire nous a laissé un repas cuisiné ou de quoi déjeuner parce qu’il savait qu’on n’aurait pas le temps de passer à l’épicerie », relate Claudia.
D’autres laissent un panier de produits du terroir en guise de bienvenue, une pratique qu’elle a elle-même adoptée depuis.
Si Claudia n’a eu que de brefs échanges avec les propriétaires chez qui elle a séjourné, Paule, elle, a développé une amitié improbable.
L’échange de maisons qu’elle avait prévu pour visiter la Haute-Savoie au début 2020 a dû être reporté de deux ans en raison de la pandémie. « On est restés en contact et on avait reporté en 2021, puis en 2022. »
Au moment du retour, la famille française avait une journée libre à Montréal. Paule et sa famille l’ont passée avec eux, et le Jell-O a pogné, si bien que Paule et les siens ont répété l’expérience une fois de retour en France.
« On est justement allés souper chez eux, la semaine dernière, dans la maison où on avait logé! », raconte-t-elle.
Pour un échange de maisons réussi
Être flexible
« Si tu veux visiter une ville précise, lors de dates précises, ça se peut que tu ne trouves pas, prévient Paule. Si tu es prêt à bouger un peu, tu as plus de chances. »
Être à l’aise
Si l’idée que des étrangers errent librement dans votre propriété et qu’ils utilisent vos affaires vous rebute, l’échange de maisons n’est peut-être pas pour vous, prévient Paule. « Nous, ça ne nous dérange pas. On leur libère des tiroirs dans les commodes, et on vit ça dans un esprit de communauté. Et il ne faut pas oublier que pendant qu’ils sont chez toi, tu es chez eux! »
Être clair sur les termes de l’échange
« Il faut s’écouter, dit Paule. Pour moi, c’est important. Si c’est une famille, on se présente les enfants, on fait une visioconférence pour savoir à qui on a affaire. »
Claudia recommande pour sa part de bien mettre au clair des détails tels que les dates de voyage, l’inclusion d’une voiture et comment on s’y prendra pour échanger les clés, par exemple.
Soigner sa page de membre
Prendre de jolies photos de sa propriété, bien présenter ses avantages, et surtout, être honnête : c’est ainsi que les échanges de maisons seront les plus appréciés, conseille Claudia.
Alors, prêt.e à tomber en amour?