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Devenir un pro des finances… en vivant chez ses parents?
Grosse journée. En déloussant votre cravate – ou en pitchant votre manteau – dans le vestibule, une odeur exquise de rôti vous accueille. Sur votre lit bien fait, des vêtements propres et frais vous font un clin d’œil. La maison? Propre comme un sou neuf. Le frigo? Plein, beau, sain. Dans les standards d’Isabelle Huot, même. Dehors, une voiture à la tank pleine n’attend que vous pour aller faire un petit tour. Mais quelle est cette oasis que je décris? Pour certains, croyez-le ou non, c’est le foyer parental.
Vivre (ou retourner vivre) chez ses géniteurs quand on est adulte peut parfois avoir ses charmes… surtout par rapport au portefeuille. Et si c’était en plus LE bon moment de mieux planifier ses finances? Petit tour d’horizon.
Cool, retourner chez papa-maman?
Si c’est le cliché de Tanguy, film français sorti en 2001, qui est apparu ici et là quand j’ai commencé à fouiller sur le sujet, force est d’admettre que c’est beaucoup plus complexe que ça.
Perte d’emploi, études, choix de carrière plus précaire, séparation, lancement d’entreprise, burn out, besoin de se rapprocher de ses parents…
En 2016, c’est plus d’un adulte entre 20 et 34 ans sur trois qui habitait avec au moins un de ses parents selon Statistique Canada. Ça donne un beau 34,7%, un chiffre franchement en hausse depuis le 30,6% enregistré en 2001. Et c’est loin d’être surprenant. « Les loyers sont très dispendieux, surtout à Montréal. Certains ne peuvent pas se le permettre s’ils sont aux études par exemple », indique Angela Iermieri, planificatrice financière. Non, les personnes qui vivent chez leurs parents ne sont pas nécessairement de purs profiteurs qui s’amusent à faire de l’argent sur le dos de leurs parents. (Voilà, c’est dit).
Perte d’emploi, études, choix de carrière plus précaire, séparation, lancement d’entreprise, burn out, besoin de se rapprocher de ses parents… Les raisons sont multiples de vivre (ou retourner vivre) sous le toit familial. Pour Louise-Annie, 36 ans, c’est un contrat saisonnier comme responsable des communications dans un organisme culturel en région qui l’a déjà incitée à poser ses valises chez sa mère à Québec pour quatre mois. « Je t’avoue que ce n’était pas nécessairement mon plan de retourner vivre chez elle! (Rires…) Je n’arrivais juste pas à trouver un logement abordable dans mon nouveau coin, j’étais en break d’emploi pour un temps… »
Sur le chômage, donc vivant avec un salaire réduit, Louise-Annie a eu la chance de ne pas verser de loyer à sa mère. Elle s’est par contre assurée de contribuer à quelques dépenses, comme la nourriture. « Au lieu d’aller vivre chez des amis et de me sentir mal d’utiliser des ressources déjà limitées, je savais que ça ne changerait pas grand-chose pour ma mère dont la maison est déjà payée! »
Le résultat de cette décision? Un portefeuille beaucoup moins serré malgré le chômage. « J’ai toujours priorisé le temps au lieu de l’argent. J’ai été pigiste pas mal toute ma vie. J’ai souvent eu un salaire très bas, et j’ai quand même réussi à payer mon loyer. Mais sincèrement, que de stress en moins d’être chez ma mère! J’aurais été capable de subvenir à mes besoins pendant cette période, mais ça m’a permis d’enlever une pression sur mes finances. Je vois ça comme une pause vraiment bénéfique. À 36 ans, je n’ai pas envie de penser constamment à mes sous. »
En prévoyant bien son budget – et en économisant durant cette cohabitation – Louise-Annie a pu continuer à rembourser son prêt étudiant… et reprendre son contrat saisonnier sans faire de trou dans son bas de laine. « C’était la meilleure solution, surtout que je m’entends super bien avec ma mère! Quand j’en parlais autour de moi, j’ai eu droit à des “IIIH, ça doit pas être facile!” Sincèrement, je pense que c’est du cas par cas. Ce n’est pas tout le monde qui est fait pour ça. Pour moi, ça a eu un impact positif… Je suis même ouverte à y retourner éventuellement! »
Comment en sortir comme un as?
Si certains sont ravis de vivre chez leurs parents à l’âge adulte, d’autres risquent d’être gossés avant longtemps de se faire dire de ne pas oublier leur foulard tous les matins. Comment tirer profit de la situation le plus possible, financièrement? Angela Iermieri nous partage ses astuces de pro.
Se faire un budget
« C’est la première chose à faire! Ça permet de voir où va l’argent, au juste, et d’ajuster le tir au besoin. » Ça vaut aussi le coup de s’asseoir avec les parents pour discuter loyer, épicerie, frais divers. « Certains ne demanderont pas un sou à leurs enfants. C’est vraiment du cas par cas, mais ça se discute le plus tôt possible pour éviter les malentendus. »
Dire adieu (ou presque) à ses dettes
« Si vous devez de l’argent, c’est le bon moment de vous en occuper », lance la planificatrice financière. Mais pas n’importe comment! « Bien sûr, on commence par les dettes aux taux les plus élevés. L’idée, c’est de nuire le moins possible à sa cote de crédit! »
Réaliser ses rêves (oui oui)
Épargner dans le vide? Meh. Épargner en vue d’une propriété, d’une auto, d’un projet, d’un lancement d’entreprise ou d’un voyage… Déjà plus le fun, hein? « Avoir des objectifs, c’est une super bonne idée pour se motiver à économiser », explique Angela Iermieri.
Faire comme si
Selon la planificatrice financière, habiter chez ses parents est une occasion en or de tester des possibilités sans conséquence. « Si on prévoit 500$ par mois pour notre futur loyer, pourquoi ne pas le mettre de côté automatiquement? Si on veut acheter une voiture à 400$ par mois, on peut commencer à le mettre dans un compte tous les mois. Ça permet de voir si nos objectifs ont du sens, si c’est réaliste. » En d’autres mots, c’est un bon moment pour voir venir sans se péter la gueule!
Penser au pire
Vous savez, la petite voix qui vous dit toujours que tout va mal aller? Ça peut être une bonne idée de l’écouter pour tout ce qui est financier. « C’est très pertinent de prévoir au moins trois mois de dépenses, en cas d’urgence. On ne sait jamais ce qui peut arriver… ll faut pouvoir rebondir! »
Épargner comme s’il n’y avait pas de lendemain
Besoin de souffler un peu avant de vous pencher sur un budget et de vous fixer des objectifs? Épargnez les amis, épargnez. « Ça peut être un piège de se laisser beaucoup de lousse, surtout si on n’a pas à payer de frais fixes comme le loyer. Mettez de l’argent de côté, peu importe le montant. L’important, c’est la constance qui permet de prendre une habitude. »
S’instruire le plus possible
C’est le temps de devenir un petit génie des finances! Suffit de fouiller un brin en ligne pour découvrir que les ressources pour mieux gérer ses finances sont nombreuses et souvent gratuites. Que ce soit de consulter un conseiller financier; de parcourir les outils et conseils en ligne de votre institution financière; de lire des articles sur la gestion financière ou alouette… Chaque initiative risque d’avoir une incidence surprenante sur vos finances!
Allô papa-maman, allô dollars!