Les sports universitaires, c’est un peu comme Les Foufounes électriques : tu ne les apprécies pas à leur juste valeur jusqu’au jour où tu n’y as plus accès. Il faut dire qu’avec toutes les équipes professionnelles qui évoluent dans la province, majoritairement à Montréal, les affrontements universitaires sont souvent relégués au deuxième, voire troisième rang.
Mais après un an d’absence dû au contexte actuel, j’étais plus que fébrile à l’idée d’assister au premier duel de la saison entre les Carabins de l’Université de Montréal et le Rouge et Or, un classique, question de prendre une bonne bouffée de football universitaire. Récit d’une petite virée au PEPS de l’Université Laval.
15 h 02. Je monte à bord de ma Versa de course, armée d’un café et d’un sac de crudités… direction Québec! J’arrive dans le stationnement du PEPS à 16 h 57. Oui, 2 h 03 avant le début de la rencontre, les portes ne sont même pas encore ouvertes (je déteste autant le retard que les Bruins de Boston, ce qui veut dire beaucoup).
Bien que les tailgates ne soient toujours pas permis, quelques amateurs et amatrices sont réunis autour de leurs voitures, bière à la main, arborant, pour la majorité, les couleurs des favoris locaux. Quelques jeunes se lancent un ballon de football, d’autres courent à travers les quelques chaises de camping installées par leurs parents alors que les files pour entrer dans le stade commencent à s’allonger.
Il faut dire que les avant-matchs sont pas mal plus tranquilles qu’en 2019, lorsque les étudiant.e.s se rassemblaient autour d’une Palm Bay ou d’une p’tite frette cinq heures avant le début de la rencontre pour écouter Sir Pathétik rapper ses plus grands succès devant une foule conquise.
Plus le temps avance, plus le stade se remplit de gens fébriles à l’approche du botté d’envoi.
17 h 32. Je me dirige vers l’une des six entrées mises sur pied pour l’arrivée des amateurs et amatrices, le préposé déchire mon billet et je m’installe à ma place. Juste avant de m’asseoir, une employée me remet une cloche qui servira à faire le plus de bruit possible pendant le match. Une excellente idée pour encourager les joueurs, une très mauvaise pour nos oreilles, surtout lorsqu’on est entouré de quatre bambins qui s’en donnent à cœur joie.
Rapidement, les attroupements se multiplient devant les concessions alimentaires et surtout devant les petites bâtisses à l’effigie de Budweiser. Plus le temps avance, plus le stade se remplit de gens fébriles à l’approche du botté d’envoi.
Pour vivre mon expérience à sa juste valeur, je décide à mon tour d’aller me chercher quelque chose à me mettre sous la dent. Un éventail de choix s’offre à moi lorsque vient le temps de commander, mais est-ce que je vis réellement le moment comme il se doit si je ne prends pas deux hot-dogs all-dressed? Je ne crois pas. Donc deux chiens chauds et une bière plus tard, je retourne m’installer à mon siège. Que le match commence!
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19 h. Les joueurs arrivent sur le terrain. C’est la frénésie dans le stade. Les 8 000 spectateur.trice.s réuni.e.s au PEPS font entendre leurs cloches avec enthousiasme. Les encouragements du type « go Laval, go! » se font nombreux. Les joueurs lavallois, gonflés à bloc, courent vers le centre du terrain pour un dernier caucus avant le début de la rencontre. Les quelques partisan.e.s des Carabins réuni.e.s dans une section non loin du banc de leurs protégés les encouragent aussi avec fierté et confiance.
19 h 09. Botté d’envoi. C’est parti. Les cris des partisan.e.s ne s’estompent pas, bien au contraire. À chaque jeu en faveur de leurs protégés, les fans affichent des sourires de satisfaction et applaudissent avec ardeur. L’ambiance est fabuleuse et tout le monde semble sincèrement heureux d’être là. On se croirait à UCLA (Université de Californie à Los Angeles) avec les 70 000 fans qui se réunissent dans le stade pour encourager leur équipe (bon, peut-être pas jusque-là, mais quand même, c’est super, surtout avec le coucher de soleil qui vole presque la vedette).
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Bien que le début de match soit plutôt tranquille sur le plan du nombre de points inscrits, j’ai la preuve ultime que le football est bel et bien de retour. Alors que la représentante Budweiser passe dans notre section pour vendre de la bière, l’homme derrière moi lance, se pensant drôle et unique : « Hey ma p’tite madame, assis toi icitte, on va avoir besoin de toi souvent, héhé. » Je ne sais pas ce que ça évoque pour vous, mais pour moi, c’est le signe ultime que la vie reprend son cours. Faut le dire, on s’était grandement ennuyé de ce genre de commentaire pertinent et constructif…
« On aime tellement cette équipe-là. Il manquait un petit quelque chose à nos fins de semaine d’automne l’an dernier! »
À côté de moi se trouve une fervente partisane des rouges. Sa fille et elle sont propriétaires de billets de saison pour le Rouge et Or depuis cinq ans maintenant. Elle me mentionne, avec des étincelles dans les yeux, à quel point elle est contente de revenir au PEPS : « On aime tellement cette équipe-là. Il manquait un petit quelque chose à nos fins de semaine d’automne l’an dernier! »
Plus le match avance, plus l’ambiance se déchaîne (il faut dire que les barils de Budweiser sont bientôt à sec. Coïncidence? Je ne crois pas). Et, enfin, vient le moment que j’attendais avec impatience. Les premières huées envers les arbitres se font entendre à la fin du quatrième quart. Quel moment! Serait-ce un bon événement sportif sans quelques « vendus » dirigés à l’endroit de ceux qui ne font qu’appliquer les règlements? C’est un pensez-y-bien.
C’est dans un match qui se solde par un petit point en faveur de Montréal que les partisan.e.s ont pu démontrer leur amour pour leurs protégés et leur mécontentement envers leurs ennemis, comme dans le bon vieux temps. Les joueurs des Carabins et leurs quelques fans ayant parcouru les 248 kilomètres les séparant de Québec sautent de joie alors que leurs adversaires retournent au vestiaire, mine basse. Et, outre les quelques spectateurs et spectatrices qui voulaient sauver cinq minutes de trafic en quittant avant la fin, des milliers de personnes étaient sur le bout de leur banc jusqu’à la toute fin pour voir comment allait se solder cette rencontre.
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Même si la grande majorité des gens présents sont repartis bredouilles à la maison, je peux affirmer hors de tout doute que l’engouement pour le sport universitaire est bel et bien de retour, surtout lors d’une confrontation entre d’éternels rivaux. Il faut dire que lors de la première vente de billets, un lundi matin à 9 h, les 6 500 places disponibles à ce moment-là avaient trouvé preneurs et preneuses en moins de 50 minutes. Disons que je n’étais pas surprise de voir une autre mise en vente deux jours plus tard. Ça donne une bonne idée de l’ampleur de l’événement.
Amateurs et amatrices de football, ces deux équipes s’affronteront à nouveau le 24 octobre à 14 h, cette fois-ci du côté de Montréal. Un rendez-vous à ne pas manquer.