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Cette année encore (ça fait onze ans et on est pas encore tannés), l’INRS est classé au premier rang universitaire sur le plan de l’intensité de recherche au Québec. J’espère! On est le seul établissement universitaire dédié exclusivement à ça. C’est mesuré comment « l’intensité de la recherche »? Selon le financement reçu par professeur pour effectuer… leurs recherches.
Avec ses instruments à la fine pointe de la technologie et ses projets de recherches originaux, les installations de l’INRS n’ont rien à envier aux autres universités. Des exemples? Des chercheurs y ont développé un super-laser, aussi rapide que précis, le plus puissant au Canada, rien que ça. Les étudiants de l’INRS sont donc les seuls à pouvoir dire : « mon laser est plus puissant que le tien ».
Pour arriver là, c’est vrai que certains scientifiques de l’INRS arborent le classique sarrau-pipette. Mais parfois, ils se promènent aussi… en lycra. C’est ce qui arrive quand vous êtes cycliste-chercheur. Oui, ça se peut! Leur mission? Sillonner les rues de Montréal et celles des grandes villes à travers le monde afin de mieux comprendre comment on peut améliorer la pratique du vélo.
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La science à vive allure
Ce projet de grande envergure est dirigé par Philippe Apparicio du Laboratoire d’équité environnementale (LAEQ) de l’INRS Centre Urbanisation Culture et Société (UCS) et est basé au Centre-Ville de Montréal. L’objectif est de rétablir l’équité entre les usagers de la route pour favoriser la pratique du vélo. Ce projet est d’autant plus emballant quand on sait que les déplacements sur deux roues connaissent une popularité grandissante avec la pandémie. La Ville de Montréal a même annoncé l’ajout de plus de 327 kilomètres de voies aménagés pour les cyclistes et les travaux sont déjà bien entamés. Un beau terrain de jeu.
Mais qu’est-ce-que ce projet exactement? Ce qu’on souhaite, c’est récolter une multitude de données afin d’évaluer les risques de rouler à vélo. Les étudiants du LAEQ sont de véritables athlètes : ils parcourent entre 80 et 100 km par jour durant cinq à six jours à l’aide de leur station d’échantillonnage roulante pour couvrir une ville. « C’est un mini tour de France », mentionne à la blague Philippe Apparicio. Mais les kilomètres ne sont pas la seule embûche à laquelle font face les cyclistes: que ce soit la pollution sonore, la pollution atmosphérique et surtout, les autres usagers de la route.
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Un vrai laboratoire portatif
Afin de mesurer l’exposition des cyclistes aux nuisances, les vélos des scientifiques sont munis de plusieurs outils. Tout d’abord, un accéléromètre mesure les vibrations, donnant ainsi un indice sur la qualité de la voie pavée. Si vous avez déjà utilisé la piste cyclable Christophe-Colomb entre Villeray et Jean-Talon en direction sud, vous savez à quel point « la qualité de la voie pavée » peut jouer sur le fun de rouler en ville et donner l’impression de manier non pas un vélo, mais un marteau-piqueur. Les bicyclettes sont également munies de trois capteurs de pollution, mesurant l’ozone et le dioxyde d’azote (NO2) émis en grande partie par les voitures, et les particules fines que l’on peut rencontrer sur des chantiers de construction, par exemple. Les cyclistes portent des vêtements biométriques mesurant la ventilation et permettant d’estimer les doses de polluants inhalées chaque minute. Finalement, des caméras filment leur parcours pour capter les conflits sur la route et un appareil à ultrason mesure la distance des véhicules qui dépassent les cyclistes.
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Personne n’y échappe! Les trajets des chercheurs-cyclistes sont établis en avance, en passant des grandes artères aux pistes cyclables sans oublier les petites rues. Avec l’ensemble des données récoltées, les chercheurs pourront brosser un portrait fidèle des voies cyclables. Alors, est-ce que ça existe une voie cyclable parfaite? Selon Vincent Jarry, étudiant de l’INRS, « une voie cyclable de qualité expose les cyclistes à peu de bruit, à peu de pollution, à peu de vibration et à peu de risque ». En somme, le saint Graal.
Là où c’est pire qu’à Montréal
Fait étonnant, les niveaux de pollution sont relativement faibles dans la métropole québécoise. Un autre étudiant de l’INRS, Jérémy Gelb, souligne qu’ici, « l’impact des polluants sur la santé est négligeable comparé aux bénéfices de l’activité physique ». Le « laboratoire vivant » s’est donc déplacé dans d’autres grandes villes à travers le monde comme New Delhi pour répéter l’expérience. La capitale de l’Inde est approximativement dix fois plus petite que la ville de Montréal, mais environ quatre fois plus de bicyclettes sillonnent ses rues. En considérant qu’il y a 12 fois plus d’habitants à New Delhi et à Mumbai qu’à Montréal, il est facile de s’imaginer que la cohabitation entre les cyclistes et les autres usagers de la route y est encore plus délicate. Les chercheurs de l’INRS peuvent en témoigner!
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Plusieurs projets de l’INRS sont très appliqués et pourraient avoir un réel impact dans notre vie de tous les jours de cycliste. Les chercheurs du laboratoire LAEQ ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres projets de l’INRS tout aussi épatants. Pour en nommer qu’un autre, le laboratoire Labo Climat Montréal se démarque aussi avec son projet Lachine-Est visant l’amélioration de l’adaptation aux changements climatiques dans ce secteur. Les étudiants-chercheurs souhaitent que Lachine-Est devienne un modèle d’écoquartier et ils doivent donc garder en tête plusieurs facteurs dans l’aménagement urbain, comme la gestion de l’eau des pluies et des sols contaminés. Ça change du cliché labo-éprouvettes-bécher hein? Qui aurait cru qu’être adepte de vélo serait un atout pour un doctorat?