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Dénicher les vols les moins chers en vaut-il vraiment la peine ?
Peu de confort et de divertissement à bord; nourriture abominable; frais pour enregistrer les bagages; impossibilité d’annulation ou de changement de billet; départs à des heures terribles; atterrissage aux aéroports secondaires situés loin des destinations…
Cet automne, j’ai voyagé en Europe. J’arrive à l’aéroport Charles-de-Gaulle crevée. Je vais au « pipi room » et défraie le 0.90 euro pour le forfait « pisser et se regarder dans la glace ». Je suis identique à ma photo de passeport. J’ai besoin d’un café. J’en achète un et, en allant m’asseoir, j’accroche un colosse australien. Il me réprimande avec rudesse. Sa femme, qui était à ses côtés avec leurs deux ados, l’excuse. Il est fatigué d’avoir volé 24 heures en classe économique, d’où son irritabilité.
Bienvenue dans la réalité des vols à faible coût.
Moins cher = moins de confort et plus de frais supplémentaires
Pour vendre plus de billets, les compagnies ajoutent parfois des sièges à bord, diminuant ainsi l’espace pour les jambes. L’an dernier, Vincent Marissal, député de Québec solidaire, a semé la controverse en partageant son expérience de vol sur les réseaux sociaux. Mesurant six pieds et trois pouces, il était incapable de s’asseoir dans son siège non inclinable d’un avion d’Air Canada. Des employés auraient refusé de le déplacer, malgré la présence de places vacantes et du fait qu’il était prêt à payer. On l’aurait invité à quitter l’appareil.
Contrairement à Vincent Marissal, l’Australien que j’ai rencontré a quand même pris son vol, mais il en est ressorti courbaturé. Il se plaignait qu’en plus, il avait oublié sa trousse confort avant l’embarquement.
Sa fille, excédée d’entendre travel pillow sortir de sa bouche a réprimandé son père :
– Dad, shut the fuck up!
Les tensions sont toujours un gage de réussite pour les vacances familiales.
Petit prix, grands désagréments
On vous nourrit parfois. On vous sert des repas qualité micro-ondes. On offre en prime des collations salées déshydratantes. Après avoir trop bu d’eau, les passagers ont tous une envie pressante en même temps. Ça tombe bien quand une des seules toilettes est mobilisée par le couple adhérant au Mile High Club, parvenu à s’y introduire en paire pour réaliser ce fantasme.
Les transporteurs offrent quelques fois un système de divertissement. Ils ne fourniront pas les écouteurs. Vous pouvez en acheter à bord ($$$). Souvent, ils proposeront une application téléchargeable, vous devrez peut-être vous connecter sur votre appareil ou en louer un ($$$).
Il y a quelques années, un billet économique vous permettait d’enregistrer un bagage gratuitement. Depuis, les transporteurs ont commencé à demander des frais supplémentaires pour les bagages enregistrés. Quant à ça, vaut mieux passer du forfait de base au forfait standard qui vous offrira la possibilité d’enregistrer un bagage sans frais. Ça revient parfois au même.
Le forfait de base n’offrira probablement pas la possibilité de changer d’itinéraire ou d’annuler votre billet, et bonne chance si vous ratez votre vol. Un imprévu peut si vite arriver. Vous vouliez escalader les Alpes, mais vous vous blessez avant de partir et vous ne pouvez plus prendre l’avion. Tough luck. Vous pouvez acheter une assurance qui coûte une centaine de dollars pour vous protéger en cas d’incident qui vous empêcherait de prendre votre vol, mais ça représente des frais supplémentaires. Un billet moins cheap, vous aurait peut-être permis d’effectuer des changements à moindre coût ou d’annuler votre vol en cas de bad luck.
On vous offrira des vols à des heures impossibles. Un ami croyait avoir décroché l’aubaine imbattable, seulement, le vol décollait à six heures du matin. Pour y arriver, il a dû prendre congé à son travail. Une journée de salaire en moins.
Et les vols les plus cheap atterrissent souvent aux aéroports secondaires, loin des destinations. Vous devez vous débrouiller pour vous y rendre. Par exemple, si vous allez à Londres, vous atterrirez peut-être à l’aéroport Gatwick, situé à 45 kilomètres de la capitale, au lieu de Heathrow, qui est plus près du centre et accessible en métro.
Certains transporteurs économiques font mieux que d’autres en termes de rapport qualité-prix. Par exemple, si vous voyagez aux États-Unis avec JetBlue, vous aurez de l’espace pour les jambes et le wi-fi à bord. Par contre, Ryanair, une compagnie européenne, vous offrira des vols à des prix défiants toute concurrence, mais le confort et le service à la clientèle seront proportionnels au tarif.
Au bout du compte, vous faites peut-être une bonne affaire si vous mesurez moins de six pieds, si vous voyagez léger (bagage de cabine) et si vous avez du temps pour vous taper le transport jusqu’à un aéroport secondaire. Ah oui, et prenez le temps de lire les règlements du billet (changements, annulations, etc.), ainsi que les indications de bagages (grandeur, poids, quantité, etc.). Ça évite les mauvaises surprises et les frais supplémentaires.
Après tout, comme pour Jack et ses amis de troisième classe dans le Titanic, l’important n’est pas le confort, mais d’arriver à destination. No, wait… mauvais exemple.