Démocratiser le skate pour les «nuls» sur YouTube

Quand on a trop regardé de films de skate avant même d’avoir posé le pied sur une planche, le sport peut être intimidant à aborder. On a l’impression qu’on aura l’air un peu ringard.e si on ne saute un escalier de 10 mètres après deux semaines sur des roulettes. La réalité, c’est qu’une très grande majorité de planchistes du dimanche seront bien heureux.euse s’ils peuvent «lander» un kickflip correctement une fois dans leur vie.

C’est dans cette optique que Louis-Gilles Gagnon, alias Radical Gnarly, a commencé à faire ses tutoriels pour les skateur.euse.s «poches» sur YouTube. On a discuté avec lui de son initiative entre deux sessions de planche.

Un des premiers amours de Louis-Gilles à l’adolescence a été le skateboard. «J’ai découvert le sport pendant son essor dans les années 90 et j’ai trippé instantanément. Mais petit à petit, je l’ai délaissé pour la musique et il est sorti de ma vie pendant longtemps», confie le papa de 40 ans.

Il y a quelques années, sa copine a eu envie d’essayer le skate. Louis-Gilles lui a donc enseigné les rudiments et sa passion enfouie a ressurgi d’un coup.

«Je me suis acheté une planche et j’ai commencé à me filmer pour le fun et à publier des vidéos sur mes réseaux sociaux. J’ai rapidement découvert une communauté de skateurs “hors normes” qui me rejoignait et ça m’a motivé à continuer».

L’idée de mettre sur pied des tutoriels à sa saveur sur YouTube germait dans son esprit depuis un certain moment. «Dans le monde du skate, on voit toujours des tutoriels où les gens sont super pros et expliquent les trucs d’une façon qui est pas vraiment utile pour un novice. Je voulais donc créer quelque chose qui serait une sorte de parodie de ces vidéos et de réellement utilisable pour quelqu’un comme moi», explique Louis-Gilles.

Le premier truc décortiqué dans sa capsule, le slappy, lui est apparu comme un «must» pour quiconque souhaite apprendre les bases du skate urbain. «Je voyais toutes sortes de conseils pas rapport sur comment l’exécuter et je me disais qu’ils ne tenaient pas la route pour des personnes un peu moins athlétiques et âgées donc j’ai voulu montrer une façon plus sécuritaire de le faire».

À sa grande surprise, la réception de sa vidéo dans sa communauté a été excellente, ce qui l’a poussé à la faire traduire en français (l’originale est en anglais). Des traductions en portugais et en espagnol sont même dans les plans pour aller rejoindre une frange de ses followers en Amérique latine.

Avec ses vidéos et ses réseaux sociaux, Louis-Gilles souhaite «ramener de l’avant» l’essence même du skate, c’est-à-dire s’amuser sur quatre roues. «Peu importe ses capacités, l’important c’est de skater avec passion et d’avoir le sourire au visage pendant sa session».

Le skateur amateur estime toutefois que sa passion représente encore une chasse gardée des sportifs badass dans l’imaginaire collectif. «Il y a un aspect un peu élitiste dans le skate qui se décline sous plusieurs facettes. C’est un sport dont les bases sont difficiles à maîtriser. Il y a aussi une quête constante de toujours pousser plus loin ses trucs, c’est aussi une discipline où la persévérance dans la douleur est valorisée», explique le professeur de sociologie au collégial.

Néanmoins, il se réjouit de voir de plus en plus d’initiatives qui encouragent petits et grands à se mettre au sport, comme des cours dédiés aux parents et aux enfants. «Dans mon temps, ça n’existait pas ce genre de choses-là. On se faisait chicaner partout où on allait skater. On était vus comme des nuisances. Aujourd’hui, c’est un sport beaucoup plus accessible et reconnu».

Dans un futur proche, le père de famille aimerait sortir une partie 2 de sa vidéo sur le slappy dans différentes situations et une autre sur comment réaliser un kickflip, LE truc que tout bon skateur souhaite maîtriser une fois dans sa vie selon lui.

Son dernier conseil pour quiconque désire braver le pavé sur quatre roues? «Foutez-vous de ce que les gens pensent. Embarquez sur votre board et ayez du gros fun».