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Démarrer une entreprise à l’extérieur des grandes villes, c’est plus simple qu’on le pense

Règle #1: ne pas sous-estimer les avantages.

Par
Arianne Maynard-Turcotte
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Si je veux ouvrir une usine d’algues comestibles dans le bas du fleuve, c’est quoi les défis qui m’attendent? Est-ce que ça va être facile de trouver une usine, de la main-d’œuvre et un goûteur spécialisé en fonds marins?

C’est certain que loin des grands centres et des pôles de consommation, l’écosystème et le réseau de développement qui appuie les petites entreprises sont bien différents. Mais la plupart des entrepreneurs sont loin de voir ça comme un inconvénient!

Pourquoi la région?

Pour Joël Pelletier, cofondateur de la Distillerie du St-Laurent à Rimouski, c’était un choix évident : « Nous on s’est volontairement partis en entreprise à Rimouski. Moi pis Jean-François, l’autre cofondateur, on vient de Rimouski, mais on est partis étudier et on a travaillé à l’extérieur plusieurs années. On a décidé de revenir ici pour la qualité de vie. »

« C’est pas mal plus dur d’obtenir du financement dans les grandes villes parce que notre projet, c’est un parmi des centaines, voire des milliers d’autres. »

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Selon Joël, son choix de démarrer son entreprise en région a même probablement aidé au financement : « On a eu vraiment un bel accueil de tous les organismes en développement, autant au niveau municipal, régional, provincial et fédéral. Ici, on a une proximité avec les intervenants du milieu entrepreneurial et avec les gens qui gèrent les budgets, beaucoup plus qu’à Montréal. C’est pas mal plus dur d’obtenir du financement dans les grandes villes parce que notre projet, c’est un parmi des centaines, voire des milliers d’autres. »

Pour Frédérique Marseille, fondatrice du centre d’escalade Backbone à Bromont, le choix s’est plutôt imposé à elle : « Je ne crois pas avoir ”choisi” de partir mon projet en région, j’ai plutôt choisi de vivre en région et par défaut me devais de faire mon projet ici! » Heureusement, elle y voit de nombreux avantages : « La communauté est tellement forte et solidaire ici, les gens en région ne ”consomment” pas, ils ”vivent”. Ça change toute la game, on apprend à se connaître, on est pas beaucoup et on se serre les coudes, c’est moins guindé, plus décontracté, la pression de performance est moins forte qu’en ville. »

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La distance

La distance est certainement un facteur déterminant pour les entreprises qui démarrent en région. Pour certains, comme pour Frédérique, c’est réellement un problème : « Le fait de tout faire en voiture, même sur des petites distances, rend l’accès au centre difficile pour les jeunes (ados, etc.) qui n’ont pas de permis. Notre entreprise est dépendante des moyens de transport NON-en-commun, et c’est dommage. Des fois j’ai envie de partir une coop de minibus! »

« La communauté est tellement forte et solidaire ici, les gens en région ne ”consomment” pas, ils ”vivent”. »

Pour Joël, de la Distillerie, ce n’est pas tant un enjeu : « Pour faire venir la matière première chez nous, c’est sûr que ça coûte plus cher. Par contre, le grain pour faire le whisky, par exemple, on le fait venir du Bas-Saint-Laurent, donc on a en fait un avantage par rapport à une distillerie qui serait à Montréal. Même chose pour notre seigle qui vient de Kamouraska. Oui, le transport peut coûter plus cher, mais le transport, ça coûte vraiment rien… malheureusement pour l’environnement. Faut aussi dire que le coût du pied carré pour construire ou locatif, c’est vraiment moins cher ici pis ça, ça a un réel impact, pas mal plus que le transport. »

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La main-d’œuvre spécialisée

En région, un des grands défis est certainement le recrutement de main-d’œuvre spécialisée. Les Serres Toundra, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, se sont fait critiquer pour l’embauche de main-d’œuvre étrangère quand ils ont fait appel à des spécialistes hollandais. « Cette technologie n’existait pas au Québec, plaide le dirigeant. Il faut des gens pour assurer le transfert des connaissances. »

« Un des défis pour mes collègues entrepreneurs et moi, en région, est de trouver des pros du marketing. »

Les gens dans le domaine du marketing sont aussi en demande en région. « Un des défis pour mes collègues entrepreneurs et moi, en région, est de trouver des pros du marketing (gestion de réseaux sociaux, vidéastes, graphistes, etc.) qui sont des rôles tellement importants dans le démarrage d’entreprise. On dirait que ce genre de monde se tient en ville, alors que beaucoup d’entre eux, que je connais, me confient rêver de vivre à la campagne. On a besoin d’eux! », affirme Frédérique.

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À la Distillerie du Saint-Laurent, ils ont le même problème : « Attirer la main-d’œuvre c’est vraiment un défi, affirme Joël. En ce moment on est en processus d’embauche pour quelqu’un en marketing et tout le monde vient de l’extérieur. »

Par contre, de plus en plus de gens sont attirés par la qualité de vie que la région offre. « Tous les candidats sont tous prêts à déménager à Rimouski! », ajoute Joël. « Les gens sont de plus en plus attirés par un mode de vie équilibré, faire moins de temps dans le trafic et avoir une proximité avec la nature, ça attire ben du monde! », se réjouit-il.

Faire une réelle différence

La diversification de l’économie et la création d’emploi sont des éléments vitaux pour la survie des régions. Les serres Toundra, par exemple, ont créé 400 emplois à Saint-Félicien. « C’est comme si on créait 80 000 emplois à Montréal », se félicite le président Éric Dubé.

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« En région, qu’on soit dans le domaine culturel, politique, sportif… En fait peu importe le domaine, on a un impact plus grand sur notre communauté que dans les grands centres. En affaires on crée des emplois et on diversifie l’économie, ça fait une réelle différence pour une région », conclut Joël.

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