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Débutante et minorité visible : 5 pensées lors de mes premières randos 

Oui, c'est normal de vous poser des questions quand vous commencez un nouveau sport.

Par
Mary Soueidan
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La randonnée n’est pas une activité avec laquelle j’étais familière durant la majorité de ma vie. Mes parents ont immigré au Canada en 1989 et le plein air ne figurait pas au sommet de leur liste de priorités. J’ai commencé à randonner de façon plus régulière à partir de l’âge de 26 ans et je me suis posé plusieurs questions lors de mes premières sorties. En voici quelques-unes.

Suis-je la seule qui s’essouffle autant lors des ascensions?

Lors de mes premières randonnées, j’avais l’impression de m’essouffler plus que les autres personnes. J’ai l’air de quelqu’un « en forme » quand on me voit pour la première fois (d’ailleurs, c’est quoi, « avoir l’air en forme »?), donc on ne s’attend peut-être pas à croiser quelqu’un qui respire extrêmement fort durant l’ascension d’une montagne, mais c’était bel et bien le cas.

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Souvent, j’essayais d’arrêter mes grandes respirations en voyant d’autres randonneurs et randonneuses arriver puisque j’avais honte. Je me disais : « Il n’y a personne d’autre qui respire aussi fort que moi… » Bref, c’est quelque chose de tout à fait normal. Il est important de se rappeler que chaque individu en randonnée a le droit d’aller à sa propre vitesse et de respirer à sa manière.

Suis-je la seule qui sue autant?

La plupart du temps, en randonnant avec mon mari ou des ami.e.s, j’ai eu l’impression d’être la seule qui suait. Même à ce jour, avec des vêtements plus respirants que j’ai achetés au fil des années, je sue toujours plus que les autres!

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J’ai appris à me résigner à ce constat. J’essaie de toujours avoir un buff autour de mon poignet pour essuyer la sueur qui descend sur mon front, ou de porter une casquette pour cacher mes cheveux qui ont presque l’air mouillés. La sueur, c’est bien normal.

Suis-je la seule qui est plus à l’aise en montant qu’en descendant?

Malgré le fait que je m’essouffle facilement et que je sue beaucoup en grimpant une montagne, je préfère de loin la montée à la descente. Je m’émerveille plus facilement durant l’ascension; une fois que je me rends au sommet et qu’on doit redescendre, on dirait que j’ai déjà tout vu et que j’ai hâte de retrouver l’accueil (surtout si la randonnée est un aller-retour et non une boucle).

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En plus, durant mes premières descentes, j’avais souvent mal aux genoux et je ne savais pas trop où poser mes pieds de manière sécuritaire. J’ai souvent sacré sur les sentiers à l’approche d’une descente très arpentée (suis-je la seule qui fait ça?!).

Je me suis donc acheté des bâtons, ce qui a beaucoup aidé mes genoux en descendant. Malgré tout, je continue à me faire dépasser par des randonneurs et des randonneuses lors de descentes avec de bons dénivelés et je me dis : « Ouais, ça ne sera jamais moi, ça! »

Pourquoi les vêtements de plein air sont-ils si chers?

La première fois que je me suis équipée avec des vêtements plus techniques et respirants pour la randonnée, j’avais de la misère à comprendre pourquoi c’était si coûteux. Je n’achetais jamais des morceaux de vêtements qui coûtaient plus de 50 $ sauf pour une robe d’évènements, par exemple.

Bien entendu, les vêtements de plein air sont un investissement à long terme et devraient durer très longtemps. Au quotidien, en tant qu’ergothérapeute, je préfère même porter ces vêtements plus respirants puisque je sue assez facilement lors des évaluations ou traitements avec ma clientèle. Donc pour moi, ce sont assurément de bons achats.

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Aussi, maintenant que je fais de la longue randonnée avec mon mari, je vois les bienfaits d’un bon sac à dos – même s’il était plus cher que ce que j’aurais voulu payer! Lorsque je m’équipe, j’essaie le plus possible de trouver des soldes ou d’acheter des articles usagés pour diminuer le prix total de mes achats.

Pourquoi n’y a-t-il personne qui me ressemble sur les sentiers de randonnée?

Il faut dire que je me suis souvent posé cette question lorsque j’ai commencé à randonner. En tant qu’enfants d’immigrants, il ne faut pas oublier que nos parents ne connaissaient pas toutes ces montagnes au Québec. Cette activité est quelque chose qu’on apprend à apprécier seulement après plusieurs tentatives.

Donc oui, il était très rare pour moi de voir des personnes avec les yeux bridés, des cheveux noirs bouclés ou une peau un plus foncée sur les sentiers. Je me sentais comme la seule personne qui ne savait pas comment bien lire une carte, ou comme si je n’avais tout simplement pas ma place là.

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Toutes ces questions que je me suis posées en commençant la randonnée, je me les pose encore six ans plus tard. Je m’essouffle et sue toujours autant, et je préfère toujours les montées aux descentes, et je crois que c’est correct. Durant la pandémie, j’ai vu un peu plus de diversité sur les sentiers, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour encourager les gens de toutes les couleurs et formes à aller en nature. Ce n’est pas un endroit réservé qu’aux sportifs et sportives.

Donc, pourquoi est-ce que je continue à faire de la randonnée malgré tous ces questionnements? Année après année, je découvre la beauté des régions autour de Montréal et j’en suis toujours charmée. Observer les magnifiques paysages à partir des sommets d’une montagne ou écouter le silence de la forêt, ce sont des choses que j’apprécie et qui m’apportent beaucoup de bien.

Chaque saison de l’année au Québec embellit le même sentier de manières différentes. Quand on y pense, les randonnées nous donnent l’opportunité de contempler et de nous dépenser en même temps; on ne peut qu’être fier ou fière de soi-même après ce bel effort physique.

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Peu importe les pensées que vous aurez durant une randonnée en tant que débutant.e, minorité visible ou marcheur.euse aguerri.e, soyez gentil.le avec vous-même et les gens que vous croisez. La nature ne vous questionne pas, elle.