Au Québec, une famille sur quatre est monoparentale. Et les mères représentent les trois quarts des parents responsables de ces familles. Comment date-t-on quand on élève un enfant seule? On a demandé à deux mères, l’une « solo » et l’autre « mono ».
Tammy : dater avec quatre enfants
De son propre aveu, Tammy Terrell n’a longtemps « pas eu de vie ». Traductrice à son compte, Tammy est mère de quatre enfants de trois pères différents. Deux enfants sont à sa charge, et les deux autres, des jumeaux de 11 ans, sont en garde partagée.
Bref, trouver du temps pour elle est un exercice complexe. Pourtant, c’est ce qu’elle fait, une fois aux deux semaines.
« Ma meilleure amie habite à Montréal. Je laisse mes enfants chez elle, et je vais aller, par exemple, au spa, et en soirée, sur une date. Je me prends un 24 h pour moi », dit la Lavalloise aujourd’hui établie dans les Laurentides.
Très présente sur les réseaux sociaux où elle fait de nombreuses rencontres amoureuses, Tammy n’a aucune difficulté à dater sans lendemain et à vivre des aventures d’un soir. Mais les relations durables sont plus difficiles à tisser. « Quatre enfants, ça fait peur, même aux bons gars », lance-t-elle en blaguant.
Et même ceux qui sont prêts à s’engager dans une relation doivent être patients! En effet, Tammy n’invitera pas le premier venu chez elle. « Si, dans quatre mois, ça ne fonctionne pas, mes enfants vont être dévastés. Je dois mettre les intérêts de mes enfants en premier », dit-elle.
Si Tammy réussit à prendre du temps pour elle, ces jours-ci, ça n’a toutefois pas toujours été le cas. La mère de 41 ans a longtemps senti le lourd fardeau de la culpabilité maternelle. Culpabilité dont elle a réussi à se défaire au cours des sept années ayant suivi la naissance de son plus jeune.
« Je me disais, si je laisse mes enfants pour aller coucher avec un gars, quel genre de mère suis-je? ».
Ma psy m’a dit ceci un jour et ça m’a beaucoup aidé : « On ne doit pas se perdre, on est femme avant tout. »
Malgré le temps et les déceptions amoureuses (deux des pères de ses enfants sont absents), Tammy n’est pas devenue amère pour autant. Au contraire. « Je n’avais pas planifié ma vie pour être mère monoparentale de quatre enfants, c’est sûr, mais je ne manque de rien et j’aime ma vie », souligne-t-elle.
Véronique, une pause sur le dating
Depuis qu’elle a pris la décision d’avoir un enfant seule, Véronique ne date plus. Fini, les applis de rencontre et les swipes à droite ou à gauche, les rendez-vous décevants, la pression pour rencontrer l’âme sœur.
À 33 ans, dans la foulée de la mort de son père, Véronique a eu une sorte d’épiphanie. Elle devait devenir mère et fonder sa propre famille. Un projet qu’elle voulait entreprendre seule. « Je fonctionne bien seule, je n’ai jamais eu de longues relations. C’est mon mode par défaut, et ça ne me faisait pas peur », dit-elle.
En quelques années, le projet de bébé in vitro a pris forme. À 37 ans, elle accouchait de la petite Léonie, qui a aujourd’hui trois ans et demi.
« Une fois que j’ai pris cette décision, c’était weird pour moi de dater. Mon projet de bébé est devenu ma priorité. »
Pour se rapprocher de sa mère, Véronique a troqué sa vie urbaine du Plateau-Mont-Royal et a déménagé dans un quartier au sud du centre-ville, à l’Île-des-Sœurs. Un « exil » qu’elle croyait temporaire, mais qui aujourd’hui lui convient.
Sa mère s’occupe de sa fille une fois par semaine ou aux deux semaines, un « luxe » pour un parent solo. « Pendant ces soirées-là, je veux sortir avec des amies qui vont me faire du bien, aller au spa ou faire une activité qui ne va pas me demander d’efforts. Et le dating, je vois ça comme du travail. Je n’ai pas cette énergie », dit-elle.
Véronique a un gros réseau autour d’elle, des amies et d’autres moms solos rencontrées sur Facebook.
« La beauté du projet solo c’est que tu l’as vraiment voulu ainsi. J’ai créé ma réalité. Les gens me demandaient : “Es-tu sûre?” Oui, je suis sûre. Je suis fatiguée, je suis à fond là-dedans et c’est merveilleux », souligne la mère de 40 ans.
Récemment, une amie a voulu la matcher avec un candidat, mais Véronique savait qu’elle n’était pas encore prête : « Il avait 10 ans de moins que moi, en plus… ».
« Pour la Saint-Valentin, je vais décorer la maison et dire à ma fille que je l’aime », plaisante-t-elle.