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Dans les parages de… l’université McGill

Où chiller dans (et autour de) la plus vieille université de Montréal.

Par
Rafael Miro
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Je vous le concède : à McGill, on n’a pas la réputation de chiller beaucoup, et je vous dirais que ce préjugé se trouve à être vrai pour une bonne partie du corps étudiant. Si vous allez faire un tour dans l’industrielle bibliothèque McLennan, vous trouverez toute la journée – et toute la nuit – des milliers d’étudiant.e.s immobiles, scotché.e.s devant leurs écrans et leurs diapositives de cours sous la lumière aliénante des néons blancs.

Mais, comme l’administration aimera vous le rappeler, McGill est la plus vieille université de Montréal; ça fera bientôt deux siècles qu’elle est dans le décor. Ça se reflète dans sa manière de fonctionner, dans son système informatique assez dépassé (après 3 ans, on commence à s’y retrouver), mais aussi dans l’aspect bigarré et labyrinthique de son campus. Un peu partout, les chefs-d’oeuvre de l’architecture victorienne côtoient les désastres brutalistes des années 50.

Bref, si vous voulez trouver des endroits où faire d’autres choses que vos lectures ou étudier pour votre prochaine session d’examens, l’université regorge de recoins discrets et parfois insolites. En voici quelques-uns.

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Au moment de publier ces lignes, Montréal est en zone rouge et les rassemblements ne sont pas permis. Certains lieux sont peut-être entièrement ou partiellement fermés au public

Meilleurs cafés (pour vraiment prendre un café, pas juste pour faire tes lectures avec ton ordi)

Café Castel

Juste à côté du portail Roddick se trouve un petit café, caché ces temps-ci derrière un mur d’échafaudages. Avec ses tables de bistrot, ses grandes fenêtres et son faux balcon à la Roméo et Juliette au-dessus du comptoir, le Café Castel se donne des airs de rue parisienne. Même si, on peut se le dire, c’est un peu kitsch, s’y asseoir s’avère vraiment agréable. Attablé.e.s entre les étudiant.e.s qui viennent y lire les journaux et les professeur.e.s qui y débattent politique, philosophie et sociologie, vous aurez peut-être l’impression de vous trouver dans un de ces cafés d’intellectuels de l’Europe de Stefán Zweig. En prime, le café n’est pas trop cher, et le barista peut vous faire de très jolis dessins sur votre mousse de café.

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Café Humble Lion

Juste de l’autre côté de la rue Sherbrooke, le Humble Lion est le contraire absolu du Castel. C’est un café représentatif de la « troisième vague » (et où on vend des barres de chocolat à 8,43$) ! Ici, on ne vous vendra pas un simple espresso; on vous parlera de son mélange, de son origine ou de la saveur que vous devriez y retrouver. Mais, honnêtement, le café y est vraiment, vraiment bon (quoique vraiment, vraiment cher, mais c’est le cas partout à McGill). N’espérez toutefois pas y emmener votre gang d’amis pour parler de la soirée de vendredi, le local est minuscule et toujours bondé. En plus, difficile de s’entendre avec la musique expérimentale qui y joue presque toujours (mais ça fait partie de l’expérience, m’a-t-on dit).

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La Thompson House

Le campus de McGill était autrefois entouré du Golden Square Mile, le quartier des jet-sets du Bas-Canada. Toutes les familles qui avaient fait fortune dans le milieu de la fourrure ou du bois, comme celle de James McGill, y faisaient construire d’énormes demeures, souvent dans des styles néo-classiques qui cherchaient à imiter la splendeur des temples grecs. McGill a hérité de plusieurs de ces immeubles.

L’une de ces maisons patrimoniales est la Thompson House, qui est aujourd’hui la propriété de la PSSG, la société des étudiants gradués. Signe de l’élitisme encore très imprégné dans l’esprit de McGill, on ne peut pénétrer dans cette demeure qui si on poursuit des études de second cycle ou si l’on est en médecine ou en droit. Ne vous inquiétez pas, si vous n’avez pas l’honneur d’appartenir à ces catégories (comme moi) vous pouvez toujours trouver un moyen de vous y faufiler. À l’intérieur, l’ambiance est on ne peut plus décontractée, avec plusieurs salles d’étude où les étudiants discutent, boivent, mangent, jouent, reboivent et, à l’occasion, étudient. Ironiquement, la Thompson House est l’un des endroits où on peut manger pour le moins cher à McGill. Il y a aussi un petit bar où l’on peut commander du vin, du whisky et d’autres alcools un peu fancy.

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Isn’t there just something so cozy about a pub? 🤗

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Où passer ses plus courtes pauses

Le musée Redpath

Tous les étudiants de McGill peuvent reconnaître le bâtiment du Musée Redpath avec ses grosses colonnes grecques et son immense escalier. Par contre, ils sont une minorité à connaître son véritable nom et à y être déjà entré puisqu’il n’accueille presque pas de cours. En fait, on trouve derrière ses massives portes en bois un petit, mais très riche musée consacré à l’histoire naturelle et à l’anthropologie. La collection est franchement impressionnante même si, a priori, ça ne vous intéresse pas du tout. Au milieu de la salle principale trône, comme on l’imaginait quand on était petit, un énorme squelette de tyrannosaure (en fait, il s’agit de son proche parent le Gorgosaurus, mais ç’aurait été moins cool si je l’avais dit de même). Sinon, vous y trouverez des milliers de minuscules coquillages, des momies, des fossiles de moustiques et une même une tête réduite. C’est gratuit pour les étudiant.e.s et je vous garantis que vous n’avez rien de mieux à faire de votre pause de 41 minutes.

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La rue McTavish et ses bancs insolites

Tout le campus de McGill est très agréable pour circuler à pied, du moins dans les quelques mois de l’année universitaire où il n’y a pas trois pieds de neige… Toutefois, la rue McTavish, entièrement pavée et entourée des quelques-uns des plus beaux vieux bâtiments de McGill, remporte vraiment la palme du plaisir. Située entre la faculté de gestion et l’énorme bibliothèque McLennan, il y passe constamment une myriade d’élèves. Si vous y restez assez longtemps, vous aurez l’occasion d’observer un phénomène digne d’un documentaire animalier: toutes les demi-heures, les rues se remplissent soudainement d’étudiants pressés de passer d’un bout à l’autre du campus pour ne pas manquer leur prochain cours: À McGill, beaucoup de facultés n’ont pas de bâtiments fixes, et les dix minutes de pause entre chaque cour sont en théorie suffisantes pour traverser le campus, imprimer son dernier devoir et attraper au passage une tasse de café, substance indispensable pour enchaîner trois heures de cours magistraux.

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En prime, on a récemment fait installer sur l’avenue McTavish d’énormes bancs aux formes insolites, où on peut s’allonger dans toutes les positions possibles en regardant les couleurs changeantes du Mont-Royal. Le jeudi, il s’y tient même un petit marché public où l’on vend des produits biologiques montréalais; les étudiants de la faculté d’agriculture viennent y vendre les produits qu’ils cultivent sur leur campus, à Sainte-Anne-de-la-Pérade.

La chapelle Birks

3520 Rue University, Montréal, QC H3A 2A7

La chapelle Birks est un endroit secret, très secret, où vous ne croiserez personne. Située dans la faculté des études religieuses de l’université, elle a été construite à une époque où je suppose qu’il était encore courant d’aller marmonner un petit Pater Noster entre deux cours magistraux. L’atmosphère relaxante créée par la lumière tamisée des vitraux et par l’écho sourd du marbre est la bienvenue quand on passe sa journée au milieu du tumulte du centre-ville. Ces temps-ci, elle est généralement déserte. Enfin, presque déserte. En avançant un peu dans la nef, j’ai trouvé quelques fois des étudiants qui avaient donné une nouvelle vie aux bancs d’église en s’y couchant pour dormir, ce que j’avoue avoir fait moi-même quelques fois après de longues nuits blanches à étudier (ou pas…). Ce spot de sieste vaut autant, selon moi, que le bien plus réputé divan avec oreiller sous l’escalier de la bibliothèque des études islamiques (même si ce n’est plus très covid-friendly), et il y aura toujours de la place pour que vous vous y allongiez. Même si vous n’avez pas sommeil, vous pouvez passer dans la chapelle quelques silencieuses minutes pour vous échapper un peu de votre quotidien.

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En dehors de ces quelques endroits, cela vaut quand même la peine de mentionner le fait que le campus de McGill regorge de détours insolites, surtout dans ses plus vieux bâtiments. Il m’est par exemple déjà arrivé, en cherchant une salle de classe, de déboucher sur une très grande salle décorée de belles colonnes grecques, mais inaccessible au public car on y avait entreposé des boîtes et même des réfrigérateurs. Le campus de McGill regorge de surprises similaires, et vous ne perdrez pas votre temps à vous y perdre!