Bonjour Julie,
J’ai 34 ans, pas d’enfant, pas de chum, mais je sais que je veux absolument fonder une famille. C’est quoi le vrai du faux avec la fertilité et aurais-je dû faire congeler mes ovules?
Nadia
***
Allô!
LE DÉSIR DE MATERNITÉ.
Oh, quel sujet personnel qui relève à la fois de l’affectif, du social, de l’existentiel, du philosophique et qui peut flirter avec le volet éthique quand on y greffe des sujets comme le vieillissement ou la vitrification ovocytaire, mot swell pour dire «congeler ses ovules».
Qu’on se le dise: en tant que femme, on peut vivre une certaine pression pour enfanter (je pourrais arrêter ma phrase ici) dans certains délais (mais voilà qui représente mieux tes inquiétudes).
Incertitude, incertitude, incerrrrtitude. Cette maudite incertitude.
Et c’est vrai que biologiquement, le corps peut avoir ses limites pour procréer. Des variables de santé/mode de vie/ ci et ça entrent en jeu, mais inévitablement, la fertilité naturelle des femmes diminue progressivement avec l’âge.
Bien que nous n’ayons pas de données claires disant que «dès que vous passez 40 ans, ARRÊTEZ-MOÉ ÇA TU’SUITE!», je comprends qu’associer désir d’enfants et vieillissement puisse donner un p’tit vertige.
À la lecture de ton message, un mot flashait donc dans ma tête: INCERTITUDE.
Incertitude, incertitude, incerrrrtitude.
Cette maudite incertitude.
Tu pourrais tomber en amour avec un homme qui partage ton désir. Ou pas.
Celle qui vient nous angoisser quand on a l’impression qu’un fossé se crée entre nos attentes et notre réalité.
Celle qui vient nous gossailler l’existence au point où l’on considère désormais acceptable d’appeler le monsieur qui lisait l’avenir en pitchant des p’tits os à Voyance Direct, question qu’il nous certifie HORS DE TOUT DOUTE qu’on va l’avoir la visite de la cigogne.
Certes, la «confirmation» provient probablement d’un restant de poulet Benny garroché à bout de bras, MAIS ON VEUT Y CROIRE, BON.
ON A BESOIN D’Y CROIRE!
Alors, croyons.
Aller à la rencontre des modèles alternatifs de parentalité peut être particulièrement intéressant.
Dans l’absolu, on va se le dire, tu pourrais rencontrer un partenaire la semaine prochaine, dans 4 mois, 1 an, 5 ans, 7 ans.
Tu pourrais tomber enceinte en claquant des doigts (mais pour vrai, ne fais pas juste claquer des doigts si tu souhaites te reproduire, ça risque de te mettre en échec).
Tu pourrais tomber en amour avec un homme qui partage ton désir.
Ou pas.
Qui est fertile.
Ou pas.
Il aura peut-être déjà 53 enfants qui combleront ton souhait d’avoir une famille.
Peut-être aussi que tu vivras ta maternité sans l’intervention d’un partenaire.
Peut-être que tu auras recours à une banque de sperme.
Que tu te tourneras vers l’adoption.
Que tu décideras d’avoir un enfant «seule», avec-des-guillemets parce que la famille et les amis peuvent toujours être présents pour former une famille nouveau genre.
Parce qu’il y a de ça aussi: quand on constate que le modèle conventionnel maman-papa-bébé ne sera peut-être pas pour nous, aller à la rencontre des modèles alternatifs de parentalité peut être particulièrement intéressant.
Il y a plusieurs moyens de vivre sa maternité.
C’est une situation exceptionnelle et complexe (entre autres sur le plan juridique), mais question de nous faire sortir de la p’tite boîte carrée, j’ai envie de partager cette histoire de deux amies qui ont été reconnues officiellement comme mères. Nope, elles ne forment pas un couple, mais elles kick des derrières en co-parenting, en étant des co-mamans.
Bref, il y a plusieurs façons de se créer sa petite famille et il y a plusieurs moyens de vivre sa maternité. Tu fais allusion aux technologies de préservation de la fertilité qui peuvent effectivement faire partie des options. Je ne me prétendrai point experte en vitrification ovocytaire, mais chose certaine, la procédure, qui demeure marginale, a ses avantages… et ses limites.
Si tu souhaites être maman, il existe différentes options au potentiel épanouissant.
Elle nécessite plusieurs interventions, des coûts (elle n’est remboursée que si elle est justifiée par certaines conditions médicales) et des risques. C’est qu’une fois qu’on décide de faire féconder les ovules (par qui?) et de se les faire implanter (quand?), l’incertitude revient en nous criant COUCOU: hélas, la procédure n’a pas 100 % de chance de réussite.
Conclusion? En matière de fertilité, il n’y a pas grandes convictions.
Je n’ai pas l’impression que je peux générer la plus puissante vague de réconfort, mais ce que je peux te dire, c’est que si tu souhaites être maman, il existe différentes options au potentiel épanouissant.
Quel moyen choisir?
Quel est le bon timing?
Quand est-ce qu’on plonge en employant un moyen alternatif?
J’aimerais vraiment avoir le pouvoir de manier les p’tits ossements pour répondre pour toi à chacune des questions. Mais bon, life is life et il s’avère que notre vie fonctionne comme ces romans dont nous sommes le héros. Les choix qu’ont fait nous mènent à différents chapitres et finalement, de décision en décision, on se raboute tendrement un récit de vie.
Comme tu sembles le désirer profondément, je ne peux que te souhaiter cette finale: «Elle vécut heureuse et eut beaucoup d’enfants, et ce, même si finalement elle n’employa pas nécessairement les moyens vantés par les contes de fée pour y arriver».
***
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