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Crise du logement: les solutions trouvées ailleurs dans le monde
Je ferai pas faire de saut à personne en vous disant que les loyers coûtent cher ces temps-ci. L’appartement dans lequel j’habite est devenu trop petit pour mes besoins, mais je n’ose pas le quitter parce que j’aime bien avoir le luxe de garder mes deux reins.
Ça fait longtemps qu’on savait les loyers hors d’atteinte à Vancouver et Toronto, mais dans les dernières années, Montréal a fait de grands efforts pour devenir tout aussi inaccessible que les autres grandes villes canadiennes. Bravooo!
Et ce n’est pas juste un problème de grandes villes; dans mon Rimouski natal, le taux d’occupation des logements est à 0,2%, ce qui veut dire qu’il reste un 3 et demi en arrière de la Maison du Spaghetti, pis c’est pas mal ça.
Mais on est pas pour rester là à juste se lamenter. Il doit ben y avoir des solutions?
On vous rassure: oui. On a fait le tour du monde (ok, on a utilisé Google) pour trouver des exemples d’endroits qui ont réussi à faire face à la crise du logement.
Oubliez pas de tagger Valérie Plante et François Legault en commentaires!
Le cas de Tokyo
Tant qu’à enfoncer des portes ouvertes, permettez-moi de débuter ainsi: y’a beaucoup de gens qui vivent à Tokyo. En fait, plus de 14 millions de personnes vivent sur une superficie à peu près équivalente à celle de Sept-Îles (y’a juste beaucoup moins de Tim Hortons à Tokyo).
Et quand on regarde le « grand Tokyo métropolitain », incluant Yokohama (le Laval du Japon), on retrouve une population de 38 millions d’habitants, soit l’équivalent du Canada au complet.
On pourrait donc croire que les loyers se feraient rares et qu’ils seraient coûteux. Et pourtant, pour l’une des plus grosses villes au monde, c’est raisonnable. Une maison à Tokyo coûtait en moyenne 400 000$ canadiens en 2017.
Et si vous êtes prêts à vous éloigner du centre (parce que de toute façon, il y a des stations de métro et de train PARTOUT), les prix chutent dramatiquement. Un loyer sous les 600$ à Tokyo, c’est encore tout à fait possible.
Mais comment ça se fait, donc? On pourrait penser que le déclin de la population japonaise serait un facteur important, mais non, pas pour Tokyo. Même si la population totale recule, les jeunes quittent les régions rurales en grand nombre pour s’installer dans la métropole japonaise.
L’une des explications, selon les experts, serait une décision prise dans les années 1990 de lever plusieurs restrictions de zonage, permettant aux développeurs de bâtir, beaucoup, beaucoup de logements. Est-ce que ça a créé des quartiers chaotiques où les restaurants et les boutiques sont mêlés à des tours à logements, où les ruelles et les mégaprojets de trains se côtoient? Oui, absolument.
Mais ça a aussi créé beaucoup, beaucoup de logements.
La ville de Tokyo est aussi très généreuse dans l’attribution des permis de développement. Pourquoi la différence? Au Japon, le logement est une affaire nationale. Et la loi est sévère envers les voisins qui voudraient s’opposer au développement. Vous aimez la tranquilité de votre quartier, et le voisin d’en face veut construire une tour à logements de 6 étages? Y’a pas grand chose que vous pouvez faire, à part déménager. Ça expédie pas mal le rythme de développement de logements, quand les NIMBYs (Not In My BackYard) n’ont pas le droit de parole!
Finlande: ben oui, encore les pays scandinaves
C’est de venu cliché de dire que les pays scandinaves sont mieux que nous autres, mais écoutez, c’est à nous de devenir meilleurs.
En 2018, le pays de 5,5 millions d’habitants a mis en place la politique « logement d’abord » qui a fait de la Finlande le seul pays d’Europe à voir son nombre de sans-abris baisser.
C’est quoi cette politique? Le pays offre à tout sans-abri un logement, sans condition, en plus d’offrir l’aide de travailleurs sociaux. Ces logements ont été achetés par les villes, l’État et des OBNL. Ils ont aussi construit ou mis à niveau des bâtiments désuets.
Le coût? 250 millions d’euros. Oui, c’est cher. Mais dix ans plus tard, le pays a 35% moins de sans-abris, et ils estiment économiser 15 000 euros par année par personne ainsi sortie de la rue.
Mais à Helsinki, on est habitués d’investir dans le logement. Un Helsinkien sur 7 habite dans un logement qui appartient à la ville. Comment? La ville possède 70% de ses terrains, et possède sa propre compagnie de construction qui bâtit 7000 logements par an.
L’Allemagne, le paradis des locataires
En Amérique du Nord, c’est commun de rêver de posséder sa propre maison, et on voit parfois même l’état de locataire comme un échec (et je dis ça en tant que locataire, hein). Mais ce n’est pas partout comme ça.
En Allemagne, être locataire est vu comme tout à fait normal, et ce n’est pas tout le monde qui rêve d’être propriétaire. En fait, le pays a la 2e plus petite proportion de propriétaires de l’OCDE.
Et l’État allemand en a pris connaissance. La propriété est moins subventionnée par le gouvernement, mais les subventions sont très généreuses pour la construction de logements. Pendant la crise du Covid, par exemple, le gouvernement offrait des taux sous le prix du marché pour les 5 premières années de vie d’un édifice à logement. Le résultat: des dizaines de milliers de nouveaux logements à louer chaque année, ce qui a gardé le prix des loyers ET des propriétés stable.
Fait que, c’est quoi la solution?
Bon, on a regardé une couple d’exemples, mais c’est quoi, la solution pour que tout le monde ait un super beau 4 et demi avec vue sur un espace vert, en juillet prochain?
C’est certain que des solutions magiques, y en a pas.
Mais une chose est sûre: le gouvernement a sa part à faire, que ce soit en permettant un plus grand nombre de projets résidentiels et en retirant certaines des mesures administratives qui découragent la construction de logements abordables.
Et bien sûr, le gouvernement va probablement devoir ouvrir son portefeuille pour voir des nouveaux logements à prix modique se construire. Parce qu’on l’a vu; si on continue de compter sur la bonne volonté des promoteurs privés, on va continuer à collectionner les condos hors de prix qui sentent la mélamine.