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Contrôler l’argent, c’est aussi une forme de violence conjugale

Quatre situations qui font lever des drapeaux rouges.

Par
Gabrielle Thibault-Delorme
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La violence au sein des couples peut prendre des formes diverses. De la plus extrême, qui se manifeste par le féminicide, à la violence psychologique plus insidieuse. Parfois, l’une précède l’autre, dans une escalade continue, entrecoupée de périodes de lune de miel fugaces.

Souvent, la violence s’immisce doucement dans le quotidien, apportant avec elle une atmosphère tendue où la victime sent qu’elle marche sur des œufs.

«La violence conjugale, c’est une dynamique de couple. C’est une dynamique de contrôle, d’inégalité. Ce n’est pas un événement isolé ou un conflit avec réparation», explique Lory Zephyr, psychologue.

Comme toute forme de violence, mieux vaut la reconnaître avant qu’elle puisse s’installer définitivement.

Une forme de violence dont on entend moins parler, c’est la violence économique. Cette forme de contrôle peut s’exercer à divers degrés. Mais plus elle s’installe, plus il devient difficile de s’en extirper. Comme toute forme de violence, mieux vaut la reconnaître avant qu’elle puisse s’installer définitivement. C’est pourquoi, si vous reconnaissez ces signes dans votre couple, une discussion (au minimum) s’impose.

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1- Contrôler ou critiquer les dépenses

Peu importe comment vous gérez vos finances de couple, les deux personnes devraient avoir un droit de regard sur la façon dont le budget commun est dépensé, même si chacun ne contribue pas au revenu familial de façon égale. Le modèle de la coopérative est intéressant à cet égard: un membre = un vote. Même si l’un des membres du couple ne travaille pas, cette règle demeure. Aucun des membres ne devrait prendre de décision unilatérale qui peut affecter l’autre sans d’abord avoir son aval.

Chaque membre du couple doit pouvoir s’exprimer sur les dépenses du couple.

«Surtout, précise Lory Zephyr, s’il y a une minimisation des impacts de cette décision sur l’autre. Non seulement la personne n’implique pas son conjoint, mais elle n’accepte pas les reproches.» À ce moment, explique-t-elle, c’est qu’un conjoint a cessé de considérer l’autre comme une personne à part entière.

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Chaque membre du couple doit pouvoir s’exprimer sur les dépenses du couple, ce qui n’empêche pas que chacun puisse avoir son budget discrétionnaire.

Justement, en ce qui concerne ce budget discrétionnaire, s’il est convenu que chaque personne peut dépenser cet argent comme elle ou il le veut, eh bien il n’y a aucune raison de se justifier auprès de l’autre membre du couple. Ridiculiser ou critiquer les dépenses de l’autre est aussi une forme de contrôle malsain si ça dépasse les petites moqueries du genre: «Tu n’as pas vraiment dépensé 40$ pour un coussin de Nicolas Cage?» Quoique parfois, c’est de cette façon que ça commence.

2- Voler de l’argent ou des informations sur l’identité

C’est clair que voler de l’argent du portefeuille de son ou sa conjointe, c’est mal. Mais ça vaut aussi pour l’utilisation de l’argent du compte conjoint à d’autres fins que pour les dépenses du couple.

Le vol d’identité est encore plus problématique. Parfois un couple partage tellement de choses qu’on a l’impression de devenir une seule personne. Mais si votre conjoint contracte des dettes avec vos informations personnelles, oui c’est mal, mais ça met en plus votre santé financière et votre avenir en danger.

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C’est aussi un délit passible de conséquences judiciaires importantes.

3- Mentir sur ses finances et les finances de la famille

Que ce soit par manque de communication ou par cachotterie, de nombreux conjoints apprennent parfois trop tard que leur situation financière n’est pas celle qu’ils croyaient. Ils pensaient que leur retraite était garantie, mais ils ignoraient que leur époux avait contracté d’importantes dettes de jeu, par exemple. Ou qu’il n’a pas payé ses impôts depuis cinq ans.

Dans un contexte de violence conjugale, si la victime n’est pas au courant de l’état de ses finances, il est plus difficile pour elle de partir.

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Dans un contexte de violence conjugale, si la victime n’est pas au courant de l’état de ses finances, il est plus difficile pour elle de partir, rappelle Lory Zephyr. «Si elle craint une enquête de crédit par exemple, car elle ne sait pas si elle a des dettes.»

4- Empêcher son conjoint de travailler

Ça peut se présenter de façon très subtile. Un conjoint est muté ailleurs et demande à l’autre de le suivre, sachant que l’autre n’y trouvera pas de travail. Ou un mari convainc son épouse de rester à la maison pour s’occuper des enfants.

Vite comme ça, ce n’est pas violent et il n’y a aucune mauvaise intention dans la plupart des cas. Mais le danger, c’est que l’un des conjoints ne devienne dépendant financièrement de l’autre. Et c’est là où ça peut vite se transformer en violence si une dynamique de contrôle s’établit.

«La vulnérabilité économique n’est pas nécessairement de la violence économique», précise toutefois Lory Zéphyr. «Mais si un des conjoints manipule l’autre pour le convaincre de quitter son emploi, ou si une dynamique de contrôle des finances s’installe, c’est là qu’on peut parler de violence économique.»

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Bien sûr, chaque couple n’est pas parfait, et il arrive des petits moments où l’un des membres du couple fait une gaffe ici et là. Il achète une marque de vinaigrette avec le compte conjoint que l’autre déteste… Mais si ces petits gestes se reproduisent, et qu’ils s’aggravent, que le contrôle s’installe et que le silence remplace les discussions financières, il est temps de lever un drapeau rouge. Et d’en parler à quelqu’un.