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*L’auteur est président de la Jeune Chambre de commerce haïtienne.
Des dizaines de milliers de Québécois et Québécoises sont encore sans emploi à cause de la COVID-19. Le taux de chômage est redescendu en dessous de la barre de 10% en août, mais c’est encore beaucoup plus de chômeurs qu’il y a à peine quelques mois quand l’expression «pénurie de main-d’œuvre» était sur toutes les lèvres.
Et l’un des effets secondaires du chômage, c’est d’avoir pas mal de temps libre. Du temps libre pour faire peut-être un peu plus ce qu’on aime et peut-être même faire de l’argent avec ça, pourquoi pas!
Prenons le cas d’un employé travaillant comme professionnel comptable ou conseiller en ressources humaines qui, après son congédiement durant la pandémie, a décidé d’offrir un cours en ligne à toute personne ayant un intérêt à apprendre son expertise rapidement pour un tarif fixe.
Cette action de transformer votre service ou votre talent en un produit qui sera consommé en ligne illustre une nouvelle tendance: l’économie de passion, qui provient du terme anglais passion economy.
De la «gig economy» vers l’économie de passion avec la covid-19
Avec la crise de 2008, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi. Et ça a propulsé l’adoption de la gig economy où une personne indépendante est embauchée par une compagnie pour faire un travail temporaire récurrent. Ce besoin de générer de l’argent rapidement et temporairement a facilité la croissance des compagnies comme Uber, Airbnb, TaskRabbit et bien d’autres encore.
La pandémie de Covid-19 a cependant eu un effet inverse sur le modèle d’affaires de ces compagnies. Étant donné qu’elles dépendent beaucoup de l’interaction humaine, les volumes de transaction ont chuté pendant le confinement.
Avec une augmentation du taux de chômage et une diminution des gigs, certaines personnes possèdent beaucoup de temps à consacrer à leur passion ou leur passe-temps. Le confinement a ainsi démontré l’utilité d’avoir une caméra chez soi et le potentiel de rejoindre des milliers de personnes à distance. Créer un revenu avec ce qu’on aime faire devient soudainement très accessible.
Rentabiliser sa passion
Mais vivre de sa passion, c’est parfois compliqué. Pour gagner sa vie avec ça, il faut, dans certains cas, appliquer son expertise à un métier ou un emploi connexe qui peut en bénéficier. Par exemple, cet article publié dans Le Soleil explique qu’une passion pour le théâtre pourrait démontrer un potentiel de devenir un psychologue. Et qu’une passion pour les jeux vidéo peut mener au métier de programmeur en médias interactifs.
Mais dans l’économie de passion, jouer à des jeux vidéo peut amener des revenus. Tyler ‘Ninja’ Blevins, joueur célèbre du jeu Fortnite, en est bien la preuve. En publiant des vidéos sur la plateforme Twitch qui montrent sa manière de jouer à Fortnite, le jeune homme de 29 ans gagne un revenu estimé à environ 300 000$ par mois. Les abonnements mensuels à son compte représentent 60% du chiffre total.
Même si Ninja est un cas spécial dans le monde des jeux vidéo, l’idée de base est simple: transformer un service ou un passe-temps en un produit qui sera consommé par une audience spécifique. Selon certaines théories, un créateur ou quelqu’un qui évolue dans l’économie de la passion aurait seulement besoin de 1000 vrais fans pour vivre décemment de son passe-temps. De ce fait, un entrepreneur pourrait générer un revenu annuel de 100 000$ avec une clientèle de 1000 personnes qui lui donnent chacune 100$ par année.
Mais pour cela, il faut être en mesure de produire quelque chose qu’on ne trouve nulle part.
Démarrer rapidement sur une plateforme en ligne
Comme dans la gig economy, le succès passe par le web. De nombreuses plateformes et applications existent pour vous permettre de montrer votre passion au monde entier (et faire de l’argent avec). Même que c’est possible de se lancer rapidement en entrepreneuriat.
Combiner profit et passion
Vous l’aurez deviné, l’économie de passion tourne beaucoup autour de la création de contenus vidéo ou audio, ou de textes accessibles pour un montant fixe, sous forme d’abonnement, pour une période illimitée ou spécifique. La création de contenus permet ainsi de transformer un service en produit.
Prenons l’exemple d’un rédacteur qui charge un taux horaire à ses clients par contrat. Il est très difficile de gérer 1000 contrats en même temps. Mais il peut rejoindre 1000 clients en même temps en créant un guide ou un cours sur la rédaction de texte qu’il vendra à un prix fixe sur une plateforme comme Teachable.
D’un autre côté, il pourra aussi décider d’écrire une histoire déclinée en une série d’articles qui seraient publiés à une fréquence spécifique et auxquels vous avez accès au prix d’un coût mensuel sur une plateforme comme Substack.
Être une entreprise indépendante
Ainsi, vous n’êtes plus obligé de convaincre un représentant d’une grosse compagnie pour distribuer votre produit. Dans l’économie de passion, la présence d’un intermédiaire entre le client et le créateur est presque inexistante. Des personnes comme Olivier Lambert, Ben Thompson, Web Smith ou Maxime Victor opèrent de manière indépendante dans la publication de contenus et l’interaction directe avec leurs clients.
Par exemple, certaines estimations disent que Ben Thomson génère environ 3 millions de dollars par année avec Stratechery.
L’internet a changé le fonctionnement de l’économie. De nos jours, nous sommes de plus en plus dans l’ère où une personne assise sur un canapé peut générer près d’un million de revenus à partir d’un simple ordinateur avec zéro employé. L’économie de la passion considère chaque personne comme une entreprise desservant une clientèle unique avec un produit unique conçu en fonction de la passion de son créateur et non en fonction d’une tendance ou d’une opportunité de marché.
À vous de jouer, maintenant.