.jpg)
Vous faites peut-être partie des millions de Canadiens qui ont touché la Prestation canadienne d’urgence depuis la semaine dernière. P-C-U: trois lettres qui vont peut-être marquer votre compte de banque comme les cinq lettres de COVID ont marqué vos rapports sociaux des dernières semaines.
Si vous aviez un emploi stable jusqu’à tout récemment, c’est fort possible que les 2000$ de la PCU représentent une petite, une moyenne ou une grosse droppe dans vos revenus. 2000$ par mois, c’est l’équivalent de travailler à temps plein au salaire minimum. Si vous ne saviez pas à quoi ça ressemble le salaire minimum, maintenant vous savez.
Ça va évidemment demander des ajustements. «Bye bye les folles dépenses!» Ça, vous y avez déjà pensé. Mais si vous voulez éviter de vous retrouver dans une position financière inconfortable d’ici quelques mois, d’autres ajustements pourraient vous aider à passer au travers.
Poser à plat les dépenses fixes
Quand on a une source de revenus confortable, on peut parfois perdre le fil des prélèvements mensuels qui passent sur notre compte.
Martine Marleau, conseillère budgétaire à l’association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’est de Montréal, recommande d’abord de faire le point sur les dépenses fixes comme le loyer, les assurances, les remboursements de prêts ou autres prélèvements qui tombent chaque mois.
«Il faut regarder les dépenses qui passent sur votre compte chaque mois et se demander: est-ce que je suis capable de payer tout ça avec les 2000$ de la PCU? Si la réponse est non, il faut déterminer qui appeler pour renégocier des reports de paiements», résume Martine Marleau.
Plusieurs institutions financières ont annoncé des mesures de soutien à leurs clients. Elles font preuve de souplesse pour les remboursements hypothécaires et offrent la possibilité de reporter les paiements d’autres produits de crédit. D’une façon similaire, Hydro-Québec a mis en place des assouplissements pour aider les particuliers. La société d’État ne procède à aucune interruption du service d’électricité pour non-paiement et aucune pénalité pour les clients qui ne pourront pas payer leurs factures au cours des prochains mois.
Si possible, payez ce que vous devez payer
Si vous en avez les moyens, Martine Marleau recommande tout de même de payer ces dépenses fixes plutôt que de les reporter. «Il faut garder en tête que ces reports ou assouplissements, il faudra les payer à un moment», rappelle-t-elle. Bref, le paiement d’hypothèque que vous reportez ne disparaît pas comme par magie. Vous devrez le payer un jour ou l’autre. Et pendant ce temps, l’intérêt continue de s’accumuler.
«Il faut garder en tête que ces reports ou assouplissements, il faudra les payer à un moment.»
Parlant d’intérêt, pensez à régler vos dettes qui ont le taux d’intérêt le plus élevé en premier, notamment le solde de votre carte de crédit. Si vous ne pouvez pas payer votre solde mensuel au complet, allez-y étape par étape et commencez par régler le minimum demandé. Gardez tout de même en tête que payer seulement le montant minimum implique deux choses: vous prenez plus de temps pour régler votre solde et vous payez plus en intérêts. Si vous augmentez vos paiements mensuels, même d’un peu, vous raccourcissez de beaucoup le temps nécessaire pour régler votre dette. Vous pouvez utiliser cette calculatrice de paiements de carte de crédit pour adapter ce remboursement à votre situation.
Repenser les achats
Vous vous dites peut-être qu’au moins, certaines dépenses ont fondu comme la slush sous le soleil du printemps depuis le début du confinement. Vous ne sortez plus au restaurant toutes les semaines, Netflix a (définitivement cette fois) remplacé le cinéma du week-end, les services de garde sont interrompus et vous ne savez même plus à quoi sert le bout de plastique bleu avec l’inscription «OPUS» dessus.
Mais est-ce que ces économies sont suffisantes pour vous faire rentrer dans votre nouveau (petit) budget? À vous de voir. Si vous pensez avoir besoin d’un peu plus de lousse, pensez peut-être à mieux planifier, ou carrément couper, d’autres dépenses.
C’est le temps de faire de grosses batchs de bouffe qui réduiront vos dépenses en alimentation tout en évitant le gaspillage.
Avez-vous déjà entendu parler de meal prep? Je vous mets au défi d’aller voir à quoi ça ressemble un dimanche après-midi sur Instagram. Et puisque vous essayez peut-être de limiter vos sorties à l’épicerie en achetant en plus grandes quantités, c’est le temps de faire de grosses batchs de bouffe qui réduiront vos dépenses en alimentation tout en évitant le gaspillage. Et prenez 10 ou 15 minutes pour rédiger votre menu de la semaine, question de maximiser ce qui se trouve dans votre pantry.
Et puis si possible, évitez de conserver les coordonnées de votre carte de crédit en ligne. C’est la porte ouverte à toutes les tentations. Si vous n’avez pas une mémoire visuelle et que vous ne connaissez pas par cœur vos 16 chiffres de carte de crédit, cette astuce peut vous éviter bien des achats inutiles. Le temps de se lever, de trouver son porte-monnaie, de sortir sa carte et de commencer à inscrire les numéros un à un sera peut-être suffisant pour déterminer si l’achat en vaut la peine ou non.
Faites un suivi hebdomadaire de vos dépenses
«Faites un budget!», l’avez-vous déjà entendue celle-là? Mais oui, on vous le dit depuis votre secondaire 3. Eh bien, there’s no time like the present, comme ils disent. Mais ce qui est particulièrement utile, c’est de faire le suivi des dépenses que vous avez établies dans votre budget. «OK j’ai arrêté d’aller au cinéma, mais j’achète un film sur Cinéplex tous les jours, ce qui devient plus cher à la longue», est le genre d’information que vous pourriez découvrir.
«Faites un budget!», l’avez-vous déjà entendue celle-là?
Pour ceux qui touchaient un salaire supérieur à la PCU avant la crise, Martine Marleau conseille de répéter l’exercice chaque semaine, question de bien vous adapter à votre nouvelle situation.
Éviter de se tourner vers le crédit facile
Si vous faites l’effort de réaménager votre budget et de retarder certains paiements, c’est préférable d’accompagner ça d’autre chose que de nouvelles dettes. Commencez par un self high-five!
Depuis début avril, plusieurs banques offrent des taux d’intérêt réduits sur les cartes de crédit. La conseillère Martine Marleau estime toutefois bon de rappeler que même un taux réduit à 10% reste élevé. «C’est du crédit, il faudra le rembourser et avec des intérêts.» Donc si après quelques aménagements vous pensez pouvoir subvenir à vos besoins avec les 2000$ de la PCU, essayez autant que possible d’éviter de contracter de nouvelles dettes.
Et prenez surtout garde aux prêts express qui sont émis sans consulter votre cote de crédit. Leurs taux d’intérêt et les frais qui y sont rattachés sont très élevés. Vous pouvez facilement vous retrouver à payer plusieurs centaines de dollars sur un prêt de… quelques centaines de dollars.
Pensez à l’après-COVID-19
«Si j’ai reporté des paiements, il faut que je mette en place une stratégie de remboursement. Si j’ai mis de l’argent sur ma carte de crédit, il faudra que je me structure au niveau budgétaire pour payer ces engagements qui ont été reportés», indique Martine Marleau.
Elle précise d’ailleurs que c’est à ce moment-là, quand on aura réglé tous les reports, qu’il faudra penser à économiser, notamment pour les impôts à venir. Car oui, les 2000$ par mois de la PCU constituent un revenu imposable.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à contacter une ACEF. Dans cette période de crise, les conseillers sont disponibles par courriel ou par téléphone pour vous accompagner dans vos réflexions financières. Ils mettent à disposition des outils comme des grilles budgétaires, ou des capsules vidéos sur le budget d’appoint.
Ce qu’il vous faudra également c’est une bonne dose de motivation pour entamer ce périple budgétaire, mais c’est comme pour chaque activité importante: à la fin on ressent un fort sentiment d’accomplissement. Donc, préparez un café, mettez de la musique d’ambiance et si vous pouvez faites-le à plusieurs (en téléconférence hein!), histoire de joindre l’utile à l’agréable.