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Comment transforme-t-on un paquet d’arbres en parc national?

Entrevue avec Dany Gareau, directeur du parc Opémican.

Par
Lucie Piqueur
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URBANIA et la Sépaq s’unissent pour vous faire découvrir un des plus beaux (et surtout le plus récent) parcs nationaux du Québec!

Il y a un truc auquel je pense souvent : le Québec, c’est 50 % d’arbres – 761 100 km2 de forêt. Ça représente tout un paquet de grands pins, de chenilles et de petits tamias rayés. Et moi, j’aimerais ça qu’on les protège tous. Heureusement, il y a des gens qui travaillent fort pour atteindre ce but. Parmi eux, il y a Dany Gareau, le directeur de deux parcs nationaux à la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq). Ce gars-là en connaît un rayon sur les forêts québécoises, il est adoré par son équipe, et il vient de participer à un projet complètement fou : mettre au monde un tout nouveau parc national au Témiscamingue. Laissez-moi vous dire que Dany Gareau n’est pas né pour un petit pin.

Comment ça naît, un parc national?

Dans le cas du parc national d’Opémican, tout a commencé dans les années 80. Le flottage du bois sur le lac Témiscamingue avait pris fin quelques années plus tôt, et un groupe de citoyens s’est dit que ce serait une bonne idée de protéger les bâtiments et les outils de la pointe d’Opémican : des traces de notre histoire et le souvenir de nos bons draveurs témiscamiens. Au début des années 2000, le même groupe de citoyens a déposé une demande à la direction des parcs nationaux, et une série de travaux sur le terrain s’est enclenchée pour étudier le potentiel du site. Pendant presque 15 ans, on a inventorié les espèces vivantes, étudié la géologie, rassemblé toutes les données existantes sur la région et, finalement, pensé à un premier plan de développement pour le parc.

Une fois que tout le monde était d’accord pour dire qu’on avait là un ben beau terrain, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a décrété la création d’un parc national et confié le bébé à la Sépaq.

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Une fois que tout le monde était d’accord pour dire qu’on avait là un ben beau terrain, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a décrété la création d’un parc national et confié le bébé à la Sépaq. Six mois plus tard, en juillet 2014, Dany était embauché comme directeur et envoyé sur les lieux. J’aurais aimé vous dire qu’ils ont shippé Dany en hélicoptère sur le bord du lac, armé seulement d’une gourde et d’une hache, et qu’il est ressorti de là trois mois plus tard avec un parc national flambant neuf. Dans la réalité, ça lui a demandé plus de temps, de réflexion et de collaborations. Ça tombe bien : travailler avec les autres, c’est ce qu’il aime le plus.

Dany a des étoiles dans les yeux quand il raconte les débuts de son aventure : « La première année, j’étais seul. La deuxième année, j’ai embauché deux gardes-parc patrouilleurs et un garde-parc naturaliste. C’était une étape où on était beaucoup sur le terrain pour s’approprier le territoire. Découvrir les beaux endroits, les beaux paysages, les sites potentiels d’aménagement, de camping, de ponts et de sentiers… »

Protéger et faire découvrir

« On protège ce que l’on aime, on aime ce que l’on connaît. » Dany cite Jacques Cousteau pour parler de son travail. La mission fondamentale d’un parc national, c’est la protection des milieux naturels. Puis il y a la conservation du patrimoine historique, qui remonte ici à des milliers d’années et aux Premières Nations. Et à travers tout ça, il y a la mise en valeur des sites pour permettre aux visiteurs de découvrir le territoire et de s’y attacher… sans non plus trasher la place. C’est une belle mission et un bel équilibre à maintenir.

La mission fondamentale d’un parc national, c’est la protection des milieux naturels.

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Pour vous expliquer ce que ça peut représenter concrètement comme casse-tête, sachez d’abord que c’est seulement 1 % du territoire du parc qui s’est fait aménager. En cours de route, l’équipe de Dany s’est rendu compte qu’une famille de faucons pèlerins avait décidé de s’installer pile dans ce même 1 % de territoire… C’est l’oiseau de plus rapide du monde, et il déteste être dérangé. L’équipe de Dany a donc mis en place un nouveau protocole et modifié les calendriers et les aménagements pour accommoder le rapace. Et à chaque nouvelle espèce fragile ou trace archéologique trouvée : rebelote! Mais notre Dany est bon joueur et pour lui, ces découvertes ne sont jamais des problèmes, toujours des coups de chance. Pour finir de tester les nerfs du directeur, un incendie et une crue exceptionnelle assez forte pour arracher un pont se sont ajoutés à la liste de ses défis au cours des deux dernières années. « En même temps, ça permet à une extraordinaire résilience de se créer dans l’équipe. Maintenant, après toutes ces épreuves, on est vraiment soudés. »

Un résultat au-delà des attentes

Pour en arriver au parc national qui vient d’ouvrir ses portes, ça a pris des nerfs d’acier, mais surtout une équipe et des collaborateurs exceptionnels – comme l’architecture du centre d’accueil, qui évoque brillamment les grands pins et les anciennes activités de flottage; comme les spécialistes en restauration super motivé.es, qui ont travaillé sur des bâtiments parmi les plus vieux encore debout au Témiscamingue; comme les bûcherons des communautés autochtones avoisinantes, qui ont éclairci les zones de camping de façon chirurgicale; comme les créateurs multimédias, qui ont produit des installations interactives pour époustoufler les visiteurs dans les bâtiments patrimoniaux. La liste est longue.

«Le résultat final est même au-delà de nos attentes. On est vraiment très, très contents.» – Dany Gareau

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Même s’il lui reste encore de nombreux projets d’aménagement pour Opémican, Dany Gareau, le chef d’orchestre, n’est pas peu fier de ses musiciens. Il me confie que lors de la journée d’ouverture du parc, il s’est amusé, avec ses collègues, à observer la réaction des gens quand ils arrivaient. Apparemment, c’était spectaculaire. « Le résultat final est même au-delà de nos attentes. On est vraiment très, très contents. »

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