Comment survivre quand votre enfant est à l’hôpital?

Mars 2023. On se pointe à l’urgence de Sainte-Justine avec notre bébé pour une fièvre qui lui a donné des spasmes. On s’attend à y passer une partie de la journée, mais on est quand même confiants d’être de retour chez nous en fin d’après-midi pour manger des chips en regardant des reprises de Watatatow.

On reviendra finalement à la maison 11 jours plus tard, après que notre fille de 11 mois se soit fait opérer pour une tumeur au cerveau.

Elle va bien maintenant, merci de vous en informer. Ce genre d’épreuve est d’ailleurs souvent plus difficile pour les parents que pour l’enfant.

C’est pour ça qu’en tant que nouvel expert des hospitalisations pédiatriques, je vous propose un guide pour mieux vivre un séjour de votre enfant à l’hôpital. En espérant que ça ne vous serve jamais à rien!

Je sais, ça peut sonner étrange : votre enfant est malade et la première chose que je vous conseille, c’est de penser à vous? Pourtant, c’est comme dans les avions : il faut d’abord mettre votre masque à oxygène avant de mettre celui de votre enfant. Difficile d’être là pour lui si vous êtes au bord du surmenage.

Vous penserez peut-être avoir besoin de vivre ces moments éprouvants entre vous, mais avoir de l’aide fait toute la différence. Que ce soit les grands-parents qui viennent à l’hôpital pour vous permettre d’aller manger autre chose que de la bouffe de cafétéria, des amis qui vous offrent de sortir le chien pendant votre absence, un collègue qui vous cuisine des petits plats maison… Vos proches se sentent loin, ils veulent aider. Profitez-en donc!

Quand on s’est fait dire qu’un seul des parents pouvait passer la nuit à l’hôpital, on trouvait donc que ça n’avait pas d’allure. Mais d’être forcés à retourner à la maison chacun notre tour a finalement été salutaire, puisqu’un de nous deux était toujours plus reposé et apte à prendre soin de notre fille.

C’est pas parce que ça s’appelle un hôpital que l’hospitalité fait partie de leurs forces! On vous fournira bien des draps, un oreiller et un divan qui se déplie pour faire semblant d’être un lit. Mais si vous ne voulez pas vous réveiller en grelottant, la tête sur l’équivalent d’un sac Ziploc à moitié rempli de barbe à papa, amenez-vous donc un oreiller et un sac de couchage.

Pas à Google, là! Au personnel médical. Plus vous en saurez, mieux vous serez préparé pour ce qui s’en vient. Si on ne m’avait pas dit que le visage de ma fille allait enfler jusqu’à 48 heures après son opération, j’aurais fait un saut en voyant sa face de Georges St-Pierre qui sort d’un gros combat. Et notez-les à mesure, vos questions. Les médecins ne passent jamais à l’heure qu’ils vous ont dite et ils ne restent jamais longtemps. Mieux vaut être prêt!

Dès qu’ils vont être au courant de la situation, vos proches vont vouloir des nouvelles. Souvent. Et ça peut rapidement devenir lourd à gérer. Le plus pratique, c’est d’identifier une personne-clé dans chaque groupe (famille, amis, travail, etc.), qui servira de pont entre vous et vos différents réseaux. Ne vous gênez pas non plus pour rédiger des messages plus génériques et les copier-coller à vos proches. Personne ne vous en tiendra rigueur.

Il a beau être malade, votre enfant reste un enfant. Hôpital ou pas, il veut vivre sa vie de ti-cul et s’amuser avec ses gogosses de Pat’ Patrouille. En plus, ça lui donnera une impression de normalité, et à vous aussi (pour le meilleur et pour le pire).

Non, je ne vous sortirai pas le gag « Pourquoi les gens à l’hôpital s’appellent des patients? » Reste que c’est vrai : on attend beaucoup, à l’hôpital. Alors amenez-vous de quoi remplir les temps morts. C’est l’occasion idéale de lire l’intégrale de Proust, finir le dernier Zelda ou rattraper les 720 épisodes de District 31.

Vous allez brailler. Beaucoup. Après chaque rencontre avec les médecins, à chaque message de soutien que vous lirez, à chaque fois que vous allez quitter la chambre de votre enfant. Et comme les hôpitaux semblent magasiner leurs mouchoirs dans l’allée 11 d’un Home Depot (c’est celle du papier sablé), vous êtes mieux d’amener vos propres boîtes. (Oui, au pluriel.)

Ça peut paraître étrange comme conseil, mais pouvoir revisiter une période plus sombre peut être cathartique. Ça aide à relativiser, à faire la paix avec ce qui s’est passé. Et ça sera un bon outil, plus tard, pour expliquer à votre enfant d’où vient cette longue cicatrice quand elle aura sa passe Britney Spears et se rasera les cheveux sur un coup de tête.