Comment séparer les dépenses en couple quand on ne gagne pas le même salaire?

Dans le temps, la femme restait à la maison et effectuait (gratuitement) le travail domestique alors que l’homme travaillait et payait pour les dépenses du ménage. Tout le monde (ou presque) était prisonnier et malheureux. C’était plus simple. Invivable et injuste, mais plus simple.

Aujourd’hui, il est très commun que les deux membres d’un couple (qui ne sont pas toujours un homme et une femme, hein) travaillent tous les deux, et il n’est pas rare qu’ils ne gagnent pas du tout le même salaire.

Mais en cette époque où on recherche une plus grande égalité, comment peut-on gérer les dépenses de façon équitable quand l’un.e des deux partenaires gagne plus cher que l’autre?

On essaie de vous dessiner un petit mode d’emploi pour gérer cette situation parfois épineuse.

On va mettre ça au clair tout de suite : il n’y a pas de règle universelle qui assure que votre situation financière et amoureuse soit un long fleuve tranquille. La gestion des finances, comme tous les autres aspects de la vie de couple, nécessite écoute et compromis.

Fait qu’on est désolé de vous dire ça, mais va falloir vous parler. La personne qui gagne plus est-elle seulement au courant de la disparité de salaire avec son ou sa partenaire?

Cette personne plus riche, tient-elle à avoir une qualité de vie plus élevée? Peut-être qu’elle s’en fout de posséder une grosse maison et une grosse voiture et qu’elle est tout à fait satisfaite avec un mode de vie plus humble.

Ou, au contraire, peut-être que la personne plus fortunée est à l’aise de payer davantage afin de s’offrir une plus grande maison et des vacances plus luxueuses, même si c’est elle qui ramasse la plus grande part de la facture.

Mais tout ça, vous ne le saurez pas sans en discuter.

Et à l’inverse, la personne qui gagne moins dans le couple peut parfois se sentir froissée sans que son partenaire ne le réalise.

Il y a quelques années, je sortais des études sans perspective d’emploi à l’horizon, avec un montant de dettes étouffant. Ma copine de l’époque travaillait quant à elle depuis quelques années, dans un emploi relativement bien payé.

On parlait de notre premier appart dans lequel on allait emménager à l’été, et je me faisais l’apôtre de la simplicité volontaire et des meubles de seconde main, alors qu’elle souhaitait s’offrir des meubles confortables et une décoration dont elle serait fière.

À force de non-dits et de commentaires malhabiles, la tension a fini par monter, jusqu’à ce qu’éclate une dispute. Finalement, on s’est parlé honnêtement : j’étais anxieux à l’idée de meubler cet appartement, parce que j’étais pauvre et je savais que je ne pourrais jamais payer ma part. Elle, de son côté, ne comprenait pas mes craintes, parce qu’elle tenait pour acquis qu’elle se chargerait de payer les meubles.

En s’en parlant, on a pu clarifier les choses, et elle s’est acheté le divan Ikea de ses rêves (elle n’était pas SI riche non plus).

D’instinct, on pourrait penser que tout séparer moitié-moitié, c’est la meilleure façon d’être juste. Sauf que quand la différence de revenus est grande, il y a une des deux personnes dans le couple à qui cette moitié des dépenses fait plus mal qu’à l’autre.

On fait quoi, alors?

Certain.e.s vont y aller en calculant les pourcentages. Par exemple, les expert.e.s en finances personnelles considèrent qu’un ménage ne devrait pas dépenser plus de 30 % de son revenu en hébergement.

Ainsi, la personne qui gagne 3000 $ par mois pourrait mettre 900 $ par mois sur l’hypothèque, alors que son ou sa partenaire qui gagne 10 000 $ par mois pourrait mettre 3000 $ par mois. Au total, vous aurez 3900 $ par mois pour le loyer (un montant plutôt généreux, on s’entend), mais chacun.e collaborera à la hauteur de ses revenus.

D’autres opteront pour se séparer certaines dépenses : une personne sera responsable de l’épicerie alors que l’autre sera responsable du compte d’Hydro. C’est une stratégie qui peut fonctionner, mais attention : toutes les dépenses ne se valent pas.

Dans le meilleur des mondes, vous voudriez tou.te.s les deux collaborer à ce qui constitue un patrimoine, au premier chef la maison (ou le condo ou le chalet…). L’argent que vous mettez sur l’épicerie ne vous reviendra jamais; c’est une dépense au sens le plus pur du terme.

Mais si monsieur est le seul à avoir son nom sur l’hypothèque parce que c’est lui qui s’occupe des paiements de la maison, c’est aussi lui seulement qui gardera les profits quand vous déciderez de vendre la maison (ou si vous y êtes obligé.e.s à la suite d’une rupture).

Vous avez discuté, vous avez dévoilé le contenu de votre portefeuille à votre tendre moitié, et vous avez trouvé un terrain d’entente. Bonne nouvelle!

La moins bonne nouvelle, c’est que c’est un exercice à refaire continuellement.

Avec le temps, les revenus peuvent changer, les priorités aussi. Avant, j’utilisais un gel de douche qui servait également de shampoing, revitalisant et nettoyant à cuvette. Maintenant, j’ai un nettoyant différent pour mon visage, pour mon corps et pour mes cheveux, et je regarde les aspirateurs en salivant. On change avec le temps.

Pour éviter les tensions inutiles, il vous faudra donc être franc.he.s, et renouveler le dialogue de façon continue.

Si vous voulez une relation de couple harmonieuse, c’est le prix à payer (lol).