La pandémie de COVID-19 a complètement bouleversé le marché du travail canadien. En mars et en avril seulement, c’est plus de trois millions d’emplois qui ont été perdus, selon les chiffres de Statistique Canada.

Plusieurs foyers vivent donc en ce moment avec un revenu amputé de 50%… Ou plus, ou moins. Oui, il y a la PCU, mais il y a fort à parier (mais n’allez pas parier pour vrai, là) que votre budget familial en est quand même bouleversé.

Il y a quelques semaines, c’était facile de juste payer les frais de bases. Sauf qu’avec les bars, les restos et les spas qui rouvrent, l’envie de faire des activités (et de dépenser) peut revenir au galop… Ou au trot, tout dépendamment à quel point vous vous êtes emmerdé en confinement.

Dans tous les cas, avec un salaire en moins et probablement aucune idée de quand vous ou votre douce moitié allez retrouver votre travail, c’est un bon moment pour revoir ses finances de couple. C’est peut-être même le moment de découvrir si vous êtes faits l’un pour l’autre… financièrement.

Chose certaine, il faut aborder le sujet de front et ne pas contourner le problème, même si c’est une nouvelle relation. On s’entend, si vous avez eu deux dates Zoom avec le gars, pas besoin de lui montrer votre historique de crédit. Mais si vous habitez ensemble depuis peu et que vous n’êtes pas trop au courant de comment votre conjoint dépense son argent, qu’il perd sa job et qu’il vous demande votre numéro de carte de crédit pour commander en ligne sur le site de la SQDC… il est plus que temps que vous vous jasiez.

Cela dit, commencer la discussion à 2h du matin après avoir consommé ladite commande, c’est peut-être pas le bon moment de le faire. «Avant d’entrer dans le vif du sujet, informez votre moitié que vous voulez parler chiffres, et planifiez votre discussion», conseille Carmelia Ray, spécialiste en relations conjugales, sur le site de CPA Canada.

Aussi, soyez conscients du contexte particulier de la pandémie et du stress qui l’accompagne. Ayez des conversations empreintes de compassion et d’empathie. Ce n’est probablement pas évident pour la personne sans emploi de se retrouver dans cette situation, aussi difficile pour l’ego que pour le portefeuille.

Si vous vous séparez habituellement les dépenses équitablement à deux, ça se peut que vous vouliez conserver cette façon de faire. Par contre, pour donner un répit à celui ou celle qui a perdu son salaire, vous pouvez remettre le «remboursement» à plus tard.

Il existe de nombreuses applications, comme Splitwise, qui vous permettent de rentrer les dépenses que chacun a faites, et qui calcule automatiquement combien l’un doit à l’autre.

Aucun rush à remettre l’argent immédiatement: en continuant d’entrer les dépenses dans l’application, la personne «endettée» envers l’autre n’aura qu’à payer davantage une fois que son salaire sera revenu à la normale.

Si toutes vos dépenses étaient calculées au prorata du salaire des membres du couple, c’est évident que vous devriez refaire le calcul.

D’ailleurs, vous réaliserez peut-être que vous ne pouvez plus vous permettre votre rythme de vie d’avant si celui qui payait pour 70% débourse maintenant 20% avec son p’tit 2000$ imposable par mois.

Certains couples vont préférer que la personne qui gagne un plus gros salaire paye davantage, le temps que l’autre retrouve son emploi. Si les deux sont à l’aise et que les termes sont bien définis, ça peut enlever énormément de pression sur la personne qui reçoit la PCU.

«Quand l’un paie pour l’autre, il faut bien déterminer ce qui est un cadeau, un don ou un prêt», précise cependant François Bibeau, notaire, médiateur familial et président de la Chambre des notaires du Québec, dans La Presse. C’est vrai que si vous offrez à votre chum de payer le loyer pendant qu’il n’a plus de job, vous n’avez pas le droit de lui reprocher dans une chicane un an plus tard: un cadeau, c’est un cadeau!

Peu importe la façon choisie pour vous séparer les dépenses durant cette période difficile, vous devrez probablement dépenser moins qu’en temps normal. Il est essentiel de vous concentrer sur les dépenses de base (loyer, nourriture, paiements de voiture, etc.) avant de vous permettre des folies. En pandémie, rappelez-vous que c’est le loyer avant les pokés!