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Comment récolter et conserver ses semences
Pourquoi récolter ses semences? On peut se demander si ça vaut la peine d’investir autant d’efforts pour les cueillir et les conserver lorsqu’on sait qu’un sachet coûte seulement 3 $… Et pourtant! Récolter ses semences permet d’être plus autonome au jardin et de participer à la conservation de la biodiversité. Côté pratique, sélectionner le plant le plus vigoureux d’une variété et récolter ses semences permettent d’améliorer son bagage génétique afin de l’adapter aux conditions de notre zone géographique. Sur plusieurs générations, cela permet à nos variétés préférées de développer des résistances à certaines maladies et aux aléas climatiques comme la sécheresse et le froid.
Quelques notions de taxinomie
La taxinomie, c’est la science des classifications des plantes. On classe les plantes selon leur famille, leur genre, leur espèce puis leur variété; leur nom latin est composé de leur genre et de leur espèce. Par exemple, la tomate appartient à la famille des Solanacées et est nommée Solanum lycopersicum. L’aubergine, elle, est appelée Solanum melongena. On peut ainsi déduire qu’elles appartiennent à la même famille et au même genre, mais pas à la même espèce. Cette notion permet de savoir quelles plantes peuvent s’hybrider ou se croiser.
En règle générale, les plantes se reproduisent au sein d’une même espèce (entre ses différentes variétés). Bien que possibles, les hybridations entre différents genres et différentes espèces sont excessivement rares dans la nature. Pour le bien de cet exercice, on retient qu’il est uniquement nécessaire d’isoler les plants de variétés différentes afin de récolter des semences ressemblant au plant-parent (c’est-à-dire au plant sur lequel les semences ont été récoltées).
Se fier au nom commun des plantes n’est pas suffisant : même si cela peut paraître étonnant, la courge poivrée et les courgettes sont des variétés différentes de la même espèce (Cucurbita pepo). Elles pourraient donc se croiser si elles étaient à proximité.
Quelques notions de botanique
Annuelle ou bisannuelle
La plante annuelle complète son cycle en une année : elle produit donc des semences chaque année. La plante bisannuelle le fait aux deux ans : il sera donc impossible de récolter des semences le premier automne. La plupart des plantes du jardin se trouvent dans la première catégorie. Parmi les bisannuelles, on retrouve la betterave, la carotte, le céleri, le céleri-rave, le chou pommé, les choux de Bruxelles, l’oignon, le panais, le persil, le poireau, le radis d’hiver (daikon, radis noir, radis melon d’eau) et le rutabaga.
Fleur ouverte ou fermée
Certaines espèces potagères possèdent des fleurs dites « fermées ». Contrairement aux fleurs ouvertes, les anthères forment un cône autour du stigmate, empêchant ainsi les insectes de polliniser la fleur avec le pollen de plants à proximité. Les fleurs fermées « s’autopollinisent » : les risques de pollinisation croisée et d’hybridation se font beaucoup plus rares. Cette photo de fleurs de tomates est un excellent exemple :
F1 vs pollinisation ouverte
Les variétés F1 sont des hybrides de première génération, créés par l’intervention humaine, dont les caractéristiques génétiques sont instables. En plantant des semences récoltées sur une variété F1, vous avez peu de chances de retrouver les caractéristiques du plant-parent. Afin de ne pas vivre de déception, récoltez seulement les semences de plants à pollinisation ouverte. Les variétés ancestrales font toutes partie de cette catégorie.
Récolter ses semences
Plants sains
Choisir un plant exempt de maladies permet d’assurer la reproduction d’une génétique en santé.
Maturité
Peu de légumes sont récoltés à leur maturité : on préfère le goût de la coriandre avant qu’elle monte en fleurs et on aime la texture des aubergines lorsqu’elles sont bien fermes. Pour une meilleure viabilité, on récolte les semences lorsque la plante est à son pic de maturité. Dans le cas des laitues et des haricots, par exemple, on laisse même la plante jaunir et sécher en terre avant de la rentrer pour la sécher encore plus.
Isolation
La distance d’isolation entre deux variétés différentes varie considérablement selon l’espèce et la morphologie de la fleur. Par exemple, il suffit de 3 mètres pour séparer deux variétés de laitue, mais il est conseillé de séparer les melons de 300 mètres. Même si vous avez un petit potager de balcon où différentes variétés ne se côtoient pas, il faut calculer que les abeilles peuvent aller butiner dans le potager de vos voisin.e.s.
Faire sécher ses semences
Les semences des légumes-fruits sont faciles à extraire. On ouvre les fruits, on lave les semences (on les frotte pour retirer l’enrobage gélatineux s’il y a lieu), puis on les fait sécher dans un endroit sec et aéré. Ici, il est question des aubergines, des concombres, des courgettes, des courges, des piments, des poivrons, des tomates…
Le reste des semences se récolte généralement mieux quand on sèche la gousse, la capsule ou la fleur entièrement, puis on sépare les graines du reste. Ici, il est question des haricots et des pois, mais aussi de l’aneth, du brocoli, de la carotte, de la coriandre, du pavot…
Conserver ses semences
Les semences récoltées se conservent dans un endroit sec et frais. Une fois qu’elles sont bien sèches, on peut même les mettre au congélateur.
Récolter ses semences peut être simple! Commencez par :
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- Des plantes annuelles : aneth, basilic, épinard, laitue…
- Des plantes dont vous n’avez pas plusieurs variétés : brocoli, choux de Bruxelles, ciboulette, tomatille, roquette…
- Des espèces dont la distance d’isolation est de 5 mètres ou moins : arachide, avoine, blé, haricot à rame, haricot mungo, haricot nain, laitue, lentille, orge, pois, tomates…
Le pire qui peut arriver, c’est que vos semences ne produisent pas un plant qui possède les mêmes caractéristiques que le plant-parent. En effet, si le plant-parent est pollinisé avec une variété différente, les semences que vous aurez récoltées seront hybridées. Ce n’est pas la fin du monde : peut-être aurez-vous créé une nouvelle variété tout à fait délicieuse!
Bonne récolte!
Pour plus d’informations :
- La conservation des semences : Guide de production à petite échelle de Semences du patrimoine Canada