Depuis quelques semaines, on jurerait que la vie «normale» a repris son cours. Les terrasses sont bondées, les gens retournent tranquillement au travail en présentiel (sérieux, ce mot…) et Denis Coderre remet en doute les infrastructures favorisant les cyclistes, même si tous les chiffres démontrent leur utilité pour la communauté.
Non vraiment, il faut se rappeler quotidiennement qu ’il y a encore une pandémie à la veille de la Saint-Jean et que les festivités ne pourront pas être aussi épiques qu’à l’habitude.
Par contre, une tradition bien ancrée dans notre folklore pourra tout de même être maintenue (à condition d’avoir les permissions nécessaires et qu’ils ne soient pas carrément interdits dans votre municipalité) : les fameux feux de joie. Et si pour certains l’art de faire un feu qui va durer jusqu’à l’aurore sans finir en feu de forêt n’a pas de secret, pour beaucoup, la méthode pour y arriver reste nébuleuse.
Vous vous reconnaissez dans cette description? Ouvrez grand les yeux, on vous a préparé un petit guide afin d’attiser les braises (!) de votre scout intérieur.
Structure et choix de matériau: les clés du succès
Comme on se considère bien humblement «corrects» pour démarrer un brasier digne de ce nom chez URBANIA, on a fait appel à Geneviève Lavoie, directrice opérationnelle pour Les Primitifs, une école de survie en forêt. «Des feux, j’en ai fait de toutes les sortes dans le cadre de mon travail et dans ma vie personnelle, que ce soit pour le plaisir, me réchauffer ou cuisiner», indique l’experte en survie, qui affirme avoir fait des feux de joie «en masse» lorsqu’elle était plus jeune.
Selon Geneviève, il n’y a pas une immense différence entre un feu de camp «ordinaire» et un feu de joie en termes de structure. «Dans les deux cas, on veut que le feu puisse durer des heures. La fondation que je privilégie pour ça est le tipi».
L’experte explique qu’il vaut mieux commencer avec de petites branches ayant le format d’un crayon, en faire un tas et placer soit du papier ou de l’écorce de bouleau à l’intérieur du tas en question. Puis on élargit petit à petit l’amoncellement en mettant des branches de plus en plus grosses.
«On veut créer une formation circulaire solide où toutes les pointes des branches se croisent au sommet puis couronner le tout de bûches à la fin».
«On veut créer une formation circulaire solide où toutes les pointes des branches se croisent au sommet puis couronner le tout de bûches à la fin. C’est bien important aussi de partir le feu au milieu en créant une “porte” que l’on vient fermer par la suite avec des branches, qui doivent être assez serrées les unes sur les autres. Le but est de créer un bon lit de braises qui alimentera le feu par la suite».
En plus de la structure de base, la directrice opérationnelle des Primitifs souligne l’importance de bien choisir son «essence» de bois. «On veut utiliser du bois dur, comme de l’érable ou du chêne, et non du bois de conifère, qui brûle trop rapidement».
De fêtard à pyromane involontaire
«On va faire ça chez nous, dans le champ de maïs, c’t’e feu là! Y a pas ben ben plu depuis un bout, mais ça devrait être correct pareil!» vous a annoncé votre mononc’ Steve bien fier d’accueillir la famille chez lui pour célébrer la Saint-Jean. Malheureusement, on a de mauvaises nouvelles pour Steve : faire un feu de joie au mauvais endroit peut vite se transformer en brasier de l’enfer, comme l’explique Geneviève Lavoie. «Même si on associe le feu à un élément réconfortant, il faut se rappeler que c’est aussi très destructeur et vite incontrôlable si on ne fait pas attention. On le voit chaque année avec les feux de forêt. La majorité de ces incendies-là sont déclenchés en raison d’un feu mal éteint ou mal entretenu».
«Il faut se rappeler que c’est très destructeur et vite incontrôlable si on ne fait pas attention».
Selon elle, on doit impérativement s’assurer de faire le feu à un endroit exempt de racines puisque les feux de forêt débutent souvent par ces extrémités. «Lorsqu’on a trouvé notre spot, on creuse un peu pour dégager les racines potentielles et on contrôle l’espace du feu en faisant un rond de pierres. Bien important aussi de ne pas se mettre en dessous d’un arbre ou dans une clairière remplie de brindilles sèches et de favoriser une place où il y a de l’espace», énumère l’experte.
D’autres éléments importants à considérer? Évaluer la vitesse du vent (à plus de 20-25 kilomètres-heure, une étincelle peut rapidement déclencher un incendie) et vérifier qu’il n’y a pas d’interdiction de faire des feux à ciel ouvert dans votre coin à l’aide du site de la SOPFEU.
Pour la grosseur du feu de joie, Geneviève recommande de ne pas dépasser deux pieds de diamètre, mais reconnaît que ce conseil peut être difficile à appliquer dans un contexte de Fête nationale. «Tant que c’est fait de manière sécuritaire et que la personne a fait ses devoirs, je crois que ça peut être plus gros».
Sinon, pour ajouter un peu de street cred à votre feu, la directrice opérationnelle des Primitifs conseille de démarrer le tout à l’aide d’un allume-feu ou en créant des étincelles avec un bâton de magnésium. «J’ai déjà parti un feu avec une flèche enflammée, mais je ne recommande pas à tout le monde de faire ça. Il faut être un bon archer et savoir viser», conclut en riant Geneviève.
Sur ce, bonne Saint-Jean et bon feu de joie responsable!