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Comment on bâtit ça, un campus vert?

On a visité l'ÉTS pour connaître tous ses trucs écolos.

Par
Clément Hamelin
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Alors que les canicules se font de plus en plus fréquentes, que nos forêts dépérissent et que les glaciers continuent de fondre, difficile d’entrevoir le futur de la planète avec enthousiasme, encore plus considérant qu’on vient tout juste d’atteindre le jour du dépassement.

Question de garder espoir, le Guide des universités URBANIA est allé visiter le campus de l’ÉTS (École de technologie supérieure), le premier établissement universitaire carboneutre à Montréal depuis 2021 (il faut bien commencer quelque part).

Julien-Pierre Lacombe, conseiller en développement durable à l’ÉTS, nous a accueillis un après-midi pour nous expliquer comment il se démène depuis 2011 pour mettre en place des initiatives permettant de réduire l’empreinte environnementale du campus au minimum.

Longue histoire courte

Peu de gens le savent, mais une bonne partie des infrastructures de l’ÉTS se situent dans ce qui était autrefois une brasserie. Plusieurs bâtiments ont été revampés pour permettre aux étudiant.e.s d’y parfaire leurs apprentissages : c’est ce qu’on appelle réutiliser le patrimoine urbain.

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Depuis, l’École de technologie supérieure a fait des petits et compte maintenant plus d’une quinzaine de bâtiments. Avec ses idées de grandeurs est aussi venue une envie de construire de façon écoresponsable. C’est ainsi que l’équipe de Julien-Pierre s’est vu confier une mission capitale : trouver les meilleurs moyens de transformer le campus en campus vert.

Sauf que comme le dit si bien le conseiller au développement durable : « On ne voulait pas seulement verdir pour verdir. On voulait que nos actions soient réfléchies et aient un réel impact. »

Ramener la biodiversité en ville

L’université a donc multiplié les démarches afin de dénicher l’expertise nécessaire pour y arriver. Elle s’est notamment associée avec l’OBNL Éco-Pivot, le Zoo de Granby, Coop Miel Montréal et la firme d’architecture NIPPAYSAGE.

Le verdict était clair : « On devait ramener la biodiversité en ville, explique M. Lacombe. Il fallait créer des milieux de qualité pour toutes les espèces vivantes : des insectes aux humains, en passant par les chauves-souris et les petits oiseaux. »

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Des corridors écologiques ont donc été construits sur le campus, afin d’offrir des espaces verts avec ce qu’on appelle des espèces indigènes et mellifères – des espèces propres au territoire qui peuvent produire beaucoup de nectar et de pollen pour les insectes, ce qui les aide à accomplir leur destin de pollinisateurs.

« Il ne s’agissait pas seulement de construire des cabanes à oiseaux ou d’installer des ruches sur les toits, mais bien de créer des zones qui pourraient servir d’habitats naturels [en ville] », mentionne Julien-Pierre Lacombe.

À partir de 2020, l’université, en collaboration avec la Ville, a piétonnisé la rue Murray pour en faire un parc intérieur et a transformé l’ancien stationnement du planétarium en parc avec des puits de rétention d’eau. De plus, l’équipe de M. Lacombe a installé le plus de points de verdissement naturels possible. Et ça ne s’est pas arrêté là : « Une fois qu’on s’est attaqué au sol, il fallait regarder plus haut et s’attaquer aux toits. »

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« L’attaque » en question a alors pris la forme d’un toit vert 100 % naturel, c’est-à-dire sans aucun système d’irrigation et avec une panoplie d’espèces indigènes.

« L’objectif était de créer plusieurs habitats pour que les espèces puissent y voyager, indique M. Lacombe. Ça ne servait à rien d’installer des ruches si les abeilles n’avaient rien à butiner. »

C’est quoi, la suite?

Concrètement, est-ce que ces actions ont un réel impact? Pour le savoir, il faudra être patient! Julien-Pierre Lacombe indique qu’il faudra environ cinq ans pour obtenir des chiffres pertinents et ainsi pouvoir évaluer les résultats.

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Mais il suffit de se promener sur le campus pour constater que les zones vertes aident à rafraîchir (littéralement) le centre-ville bétonné et que ces démarches créent des espaces où l’air est bon. Tranquillement, la nature reprend ses droits, ou du moins, quelques-uns d’entre eux.

En termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES), l’université avait déjà un pas d’avance en 2019. Si on se fie à des données internes fournies par l’ÉTS, l’université produisait alors 2000 tonnes de CO2, contrairement à d’autres campus comme celui de McGill, qui se rapprochait du 40 000 tonnes. Il est à noter que l’université anglophone possède un plus grand bassin d’étudiant.e.s, ce qui explique en partie cette différence. Mais lorsqu’on regarde le taux d’émissions par étudiant.e, l’école de génie reste en tête de file.

Peut-on espérer un taux d’émissions à zéro? Malgré tous les efforts en ce sens, la réponse est non. En achetant entre autres de l’équipement informatique ou des matériaux de construction, l’ÉTS laisse tout de même une empreinte. C’est pourquoi l’école de génie tente de pallier aux émissions inévitables en compensant ailleurs : « On collabore avec un OBNL qui s’occupe de la vente de crédit carbone, mentionne M. Lacombe. Avec ça, 20 % des ventes vont dans un fonds de recherche pour la lutte au changement climatique de l’université. »

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L’ÉTS, qui n’a plus aucun fonds dans les énergies fossiles depuis 2019, a des initiatives vertes de prévues pour au moins les 10 prochaines années, et espère surtout collaborer de plus en plus avec les communautés environnantes ainsi qu’avec la Ville pour établir des corridors écologiques.

Comme l’a dit notre guide avant qu’on se quitte : « On connait la réputation qu’a longtemps eu et a encore Griffintown. On se dit qu’avec des gestes comme ça, on montre qu’il est possible de vivre en ville avec des espaces verts en union avec la nature. Il faut tout simplement se donner le moyen de nos ambitions. »

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