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Comment mieux faire son épicerie, selon un expert en épicerie
Il n’y a pas beaucoup de situations dans lesquelles je me décrirais comme un « expert ». C’est un terme qui a plusieurs implications, et de donner son opinion dans une qualité d’expert nous expose à la critique. Néanmoins, je crois que je peux revêtir cette cape lorsqu’il est question de faire son épicerie. J’ai beau être (relativement) jeune, c’est un game dans lequel je baigne depuis bientôt la moitié de ma vie, et peu d’activités me rendent aussi heureux.
Ç’a commencé quand j’ai eu 15 ans et que j’ai enfin pu avoir une job au supermarché près de chez moi. J’avais un grave problème de dépendance aux vêtements fluo qui faisaient fureur à l’époque, et chaque centime de mes paies durement gagnées (au salaire minimum de 2008, donc environ 6 $) allaient directement dans les caisses du Off the Hook.
J’ai fini par y travailler près de quatre ans, et sans m’en douter, c’est devenu le début d’une histoire d’amour avec les supermarchés et l’art de faire son épicerie à petit coût, que j’essaie de partager avec tout le monde à l’entour de moi. Tout coûte assez cher, ces jours-ci, mais avec les bons réflexes, vous pourrez manger copieusement et sainement à chaque repas!
Comment lire sa facture
Tous les produits que vous achetez en supermarché ne sont pas créés égaux, et il suffit de jeter un coup d’œil à sa facture pour s’en rendre compte!
La prochaine fois que vous faites vos emplettes, gardez le reçu et analysez-le. Vous remarquerez que certains produits sont taxés et d’autres non.
La prochaine fois que vous faites vos emplettes, gardez le reçu et analysez-le. Vous remarquerez que certains produits sont taxés et d’autres non. Les articles non taxés sont considérés comme étant des « produits alimentaires de base », et dans un panier moyen, ils peuvent représenter une grande partie de la facture. C’est parfois un peu compliqué, mais en règle générale, les fruits, les légumes, le pain, les grains et céréales et la viande ne sont pas taxés tant qu’ils sont dans leur état brut. Ça veut dire que si vous achetez un poulet entier cru, vous ne paierez pas de taxes.
Par contre, si vous optez pour le poulet rôti déjà cuit en barquette, vous paierez des taxes, parce que le produit a subi une transformation. Mais, bizarrement, si vous achetiez ce même poulet rôti, mais refroidi et vendu dans le frigo le lendemain, il serait détaxé! Pas toujours facile de s’y retrouver…
Savoir quoi acheter (et où)
Les chaînes de supermarchés nous attirent généralement avec leurs promotions et leurs bas prix sur les items que l’on recherche. Mais ce qu’on ne vous dira pas, c’est que le but d’un supermarché n’est pas de vous faire économiser. Plutôt, ils vous évitent de devoir faire huit magasins spécialisés différents pour acheter ce qu’il vous faut pour la semaine. Et le temps étant malheureusement de l’argent dans notre société, plusieurs optent pour la commodité.
Ce conseil sera beaucoup plus simple à appliquer pour ceux et celles qui vivent en ville et qui ne se retrouvent pas à avoir une heure top chrono pour faire les courses avant d’aller chercher les enfants à leur entraînement de hockey.
Vous profiterez souvent de meilleurs prix, et les liens que vous tisserez avec la personne qui vous aura vendu ses produits fera en sorte que vous serez moins enclin.e.s à gaspiller.
Mais il vaut la peine, si c’est une option pour vous, d’aller voir des expert.e.s de leur domaine. Votre boucher pourra bien mieux vous conseiller sur les coupes de viande pour votre recette, et votre fruitier aura probablement une sélection de fruits plus intéressante (et bio) que le supermarché. Regardez ce qu’ils et elles offrent en spécial cette semaine, et partez de là pour construire votre menu pour la semaine.
Et comme ces artisan.e.s construisent des relations à long terme avec d’autres artisan.e.s, vous profiterez souvent de meilleurs prix, et les liens que vous tisserez avec la personne qui vous aura vendu ses produits fera en sorte que vous serez moins enclin.e.s à gaspiller. De la meilleure bouffe à petit prix, et des commerçant.e.s qui deviennent vos ami.e.s!
Apprendre à freestyler
J’ai une habitude qui déstabilise souvent les gens quand j’aménage avec eux. Je sors absolument toute la bouffe qu’il y a dans le frigo et le garde-manger, et je fais un tri. Je composte ce qui n’est plus bon, je vérifie la date d’expiration de tout, et je note ce qu’il faut acheter. Après, je fais un tour dans une épicerie (attention, une réelle épicerie de quartier, pas un supermarché), et j’achète environ 85 % de leur sélection d’épices, de divers condiments, de produits secs et de conserves exotiques.
Quand vous avez un garde-manger et des étagères de produits secs bien remplis, le monde vous est grand ouvert.
L’avantage qu’ont beaucoup de ces items, en plus du fait qu’ils ne soient pas taxables, est qu’ils servent d’excellentes bases pour se faire un repas, même quand on n’a pas grand-chose dans le frigo! Avec quelques légumes, du riz et un poulet, vous pouvez faire un nombre quasi illimité de recettes, d’un chicken rice hainanais à un arroz con pollo portoricain, juste en changeant les épices et le mode de cuisson.
Quand vous avez un garde-manger et des étagères de produits secs bien remplis, le monde vous est grand ouvert, et vous pouvez vous amuser à mélanger les saveurs à votre guise, avec du stock qui devrait vous tenir au moins pendant une bonne année! Un petit investissement initial qui fait toute la différence sur votre facture d’épicerie par la suite.
Je cuisine pas mal tous les jours, et depuis que j’ai pris cette habitude il y a environ cinq ans, je n’ai jamais eu à cuisiner le même repas deux fois.
Suivre les saisons
Ce qu’il y a de magnifique, c’est que les saisons dictent notre alimentation. Ou, du moins, c’est comme ça qu’on a fonctionné pendant plusieurs siècles. Demandez à votre grand-mère combien de tomates elle voyait en plein hiver, dans sa jeunesse, pour voir…
Il y a bien entendu des raisons évidentes qui expliquent pourquoi les humains ont mangé ainsi pendant aussi longtemps. Les avancées dans les transports, les moyens de conservation et la mondialisation ont changé les choses. Mais la nature reste vraie à elle-même, et ce qui pousse ensemble va ensemble dans l’assiette. C’est simple de même!
Manger local et saisonnier, c’est un excellent moyen de faire des économies en mangeant mieux. De plus, vous aidez ainsi à mieux rémunérer les gens qui travaillent dans les champs et fermes du Québec, qui, pour la plupart, ne génèrent pas des revenus à la hauteur de leur dur labeur.
Il y a bien d’autres trucs que je pourrais vous conseiller, comme ne *pas* amener la personne avec qui on habite à l’épicerie si elle a toujours faim. Le panier va vite se remplir de collations qui seront englouties en 48 h. Mais surtout, faites-vous plaisir. Essayez des aliments qui vous semblent étranges. Prenez quelques-uns de ces légumes que vous détestiez quand vos parents vous les préparaient : vous les apprécierez sûrement plus aujourd’hui.
Tant qu’à manger trois fois par jour, autant mangez des repas le fun. Personne n’a à savoir que vous y êtes parvenu.e par souci d’économies!