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Comment MĂ©gan Brouillard a lancĂ© sa carriĂšre d’artiste sur TikTok

Patience, rigueur et humour.

Par
Florence Nadeau
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En octobre 2019, mes collĂšgues de classe et moi avons tĂ©lĂ©chargĂ© l’application TikTok sous les recommandations d’un professeur de l’École nationale de l’humour qui nous assurait que ça allait ĂȘtre «le next big thing».

On s’est tous regardĂ©, les yeux remplis de dĂ©goĂ»t, Ă  se dire : «On est ici pour camoufler nos insĂ©curitĂ©s avec une carriĂšre florissante, pas pour danser sur Renegade.»

J’ai tout de mĂȘme tĂ©lĂ©chargĂ© l’application, sacrant aprĂšs les dieux du web d’avoir créé une plateforme aussi triviale.

ma moyenne hebdomadaire de temps passĂ© sur TikTok dĂ©passe maintenant l’amour que me porte ma propre mĂšre.

Fast forward quelques mois, une pandĂ©mie et une rĂ©apparition de mon acnĂ© Ă  l’ñge adulte, ma moyenne hebdomadaire de temps passĂ© sur TikTok dĂ©passe maintenant l’amour que me porte ma propre mĂšre. Je suis ploguĂ©e lĂ -dessus comme si c’était un solutĂ© qui garantit la guĂ©rison de mes traumatismes du passĂ©.

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Montre-moi le money

MĂ©gan Brouillard a tĂ©lĂ©chargĂ© l’application durant le mĂȘme cours que moi. Seule diffĂ©rence entre nous deux, c’est qu’elle cumule maintenant plus de 100 000 abonnĂ©s sur TikTok tandis que moi j’ai regardĂ© ma propre story Instagram huit fois hier.

On vit dans le mĂȘme monde, certes, mais mettons qu’elle fait partie de l’aristocratie pis moi je dois suçoter une patate pour ne pas crever du scorbut.

En graduant de l’École nationale de l’humour en 2020, les horizons de carriĂšre Ă©taient assez minces. On avait le choix ardu entre conquĂ©rir l’internet ou l’attrayante option de pleurer. MĂ©gan a choisi la premiĂšre.

«J’étais dans le sous-sol de chez mes parents Ă  Drummondville Ă  me faire chier comme le cul, c’était pas une dĂ©cision rĂ©flĂ©chie et calculĂ©e pour ma carriĂšre», me dit-elle lorsqu’on parle de la crĂ©ation d’un de ses premiers TikTok: une critique des rĂŽles de Patrice Robitaille Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Elle cumule d’ailleurs les partenariats, allant d’une chaĂźne de pizzerias jusqu’au gouvernement fĂ©dĂ©ral.

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Depuis, MĂ©gan s’impose une rigueur afin de conserver la structure qui nous a Ă©tĂ© inculquĂ©e Ă  l’École. Elle publie une vidĂ©o aux deux jours, n’ayant battĂ© cette rĂšgle qu’une seule fois depuis qu’elle a commencĂ© Ă  s’imposer ce rĂ©gime.

Son art tiktokien lui permet aussi de bien gagner sa vie. Elle cumule d’ailleurs les partenariats, allant d’une chaĂźne de pizzerias jusqu’au gouvernement fĂ©dĂ©ral.

«Tu peux pas dire combien je fais Flo, parce que j’ai pas assez de skills pour nĂ©gocier si on me propose un autre contrat plus tard pis que je veux demander plus», me dit-elle lorsque je lui demande si je peux dĂ©voiler son cachet. Indice, ce n’est pas tant que ça. Pompe-nous donc du cash sur TikTok, Justin Trudeau.

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Et aprĂšs TikTok?

MĂ©gan a aussi dĂ» rectifier les faits sur sa plateforme. «Je recevais plein de messages pour me dire d’aller faire l’École de l’humour. J’me disais, coudonc, c’est tu parce qu’ils me trouvent drĂŽle oĂč ben parce qu’ils pensent que j’ai besoin de m’amĂ©liorer?»

Elle a donc rĂ©alisĂ© une vidĂ©o en direct du festival Juste pour rire pour assurer Ă  son grandissant fandom qu’elle est bel et bien diplĂŽmĂ©e de l’ENH.

Pis ça a payĂ©. On la contacte rapidement pour lui refiler un contrat sur un show d’humour. Depuis, elle rĂ©ussit Ă  se faire inviter sur plusieurs spectacles Ă  travers la province et mĂȘme Ă  faire la premiĂšre partie de l’humoriste Jo Cormier. Tout ça, en grande partie grĂące Ă  sa notoriĂ©tĂ© et sa rigueur sur l’application, mais surtout, parce qu’elle est fucking drĂŽle.

«MĂȘme si un jour je deviens connue, je veux toujours me souvenir que je suis redevable aux gens sur internet.»

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«Pis qu’est-ce que tu te vois faire avec TikTok dans le futur, aprĂšs que tes affaires aient dĂ©collĂ©, mettons?», dis-je habillĂ©e de mon linge mou alors qu’on se Facetime (cette job-lĂ  ne me paye pas assez pour que je m’inflige le port d’une brassiĂšre lors de mes entrevues).

«Je veux continuer le marathon. MĂȘme si un jour je deviens connue, je veux toujours me souvenir que je suis redevable aux gens sur internet», me rĂ©pond-elle. Sages paroles pour une femme de 21 ans qui a brodĂ© un foulard pour chien qui dit: «Nike: chie sur le tapis, just do it».

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MĂ©gan Brouillard a su lancer sa carriĂšre alors qu’on Ă©tait tous en train de se claquer l’horrible (mais ĂŽ combien divertissante) sĂ©rie Outer Banks. Elle me fait rire, elle travaille fort et elle m’inspire. J’attendrai impatiemment sa montĂ©e dans le showbizz quĂ©bĂ©cois, ainsi qu’une cut de son chĂšque du gouvernement fĂ©dĂ©ral pour cet article bourrĂ© de louanges bien mĂ©ritĂ©es.