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Comment ma formation de secourisme en milieu éloigné a changé ma vision du plein air

Quand une p’tite sortie de rando se transforme en « shit show », c’est le fun de savoir comment réagir.

Par
Catherine Perron
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Pourquoi s’inscrire à une formation de secourisme en plein air quand on aime jouer dehors, même juste pour des sorties occasionnelles? Car le plaisir qu’on trouve à simuler la gestion d’une simple sortie de plein air qui tourne au drame est exaltant, en plus de nous permettre d’en retirer des astuces pour longtemps.

Pour ma part, j’ai eu la chance de vivre une formation de première répondante de 40 heures.

Lors de cette semaine intense digne d’un film d’horreur à petit budget, j’ai découvert une nouvelle passion pour le sauvetage. J’ai été tellement marquée par cette expérience que j’ai même songé à me lancer comme ambulancière en hélicoptère.

Mais surtout, ma vision de ma petite sortie du dimanche a été chamboulée par ce que j’ai vécu. En voici les raisons.

Quand une activité banale se transforme en course contre la mort

Notre formateur, Alexandre, est guide d’aventure aguerri et ambulancier pour une compagnie de secourisme aérien. Il nous introduit aux réalités de son milieu en nous racontant des anecdotes qui lui sont arrivées, comme lorsqu’en tant que guide de ski de randonnée, il a dû évacuer lui-même une personne inconsciente à l’aide des autres participant.e.s de son groupe, qui n’avaient aucune formation en premiers soins, depuis le sommet d’une montagne enneigée. La personne souffrait d’épilepsie non diagnostiquée.

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Il nous raconte aussi l’histoire d’une monitrice de camp de vacances qui a activé par accident une bonbonne de répulsif à ours dans sa tente lors d’une excursion de canot-camping, provoquant du même coup sa détresse respiratoire ainsi que celle de son collègue, devant les yeux paniqués des jeunes dont ils avaient la charge. Sans causer de séquelle, cette bête erreur a tout de même nécessité une évacuation d’urgence sur l’eau, dans une zone sans réseau.

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Clairement, même les aventurières et aventuriers les mieux préparés ne peuvent prédire les catastrophes.

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C’est l’heure de commencer la formation. Chaque jour, la moitié du groupe part au milieu du bois pour préparer un scénario catastrophe pendant qu’Alexandre coach le reste des secouristes en herbe pour l’intervention à venir en misant surtout sur la débrouillardise et l’importance de conserver son calme.

C’est dans un esprit d’apprentissage qu’on se permet de rire en s’improvisant amateur.trice.s de camping ayant perdu conscience après avoir trop bu, s’étant enfoncé une hache dans la jambe en buchant du bois ou s’étant brûlé le visage avec un poêle à gaz.

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J’apprends à installer une canule oropharyngée (ce qu’on enfonce dans la gorge des gens immobilisés qui ne respirent plus) et à replacer une épaule disloquée, entre autres. Je me sens comme une médecin de guerre quand on termine un transport de blessé sur un brancard de fortune sur 500 mètres de terrain rocailleux, alors que nous nous tapons dans les mains (moites) en guise de victoire. Malgré le jeu d’acteur.trice et la camaraderie, nous prenons cette formation tellement au sérieux que le stress et la fatigue que nous vivons nous semblent, eux, bien réels.

À la toute fin, nous sommes testé.e.s dans un scénario ultime de quatre heures, où un ours attaque quatre campeurs. Nous devons mener cette intervention en pleine nuit fraîche du mois de juin. J’assiste à un « vrai » carnage à la lumière de ma lampe frontale : en approchant de la scène, j’entends des cris et je vois du faux sang qui gicle dans mon visage depuis le bras faussement amputé de mon coéquipier.

En attendant les secours après avoir stabilisé l’état d’une victime, je passe deux (vraies) heures de la nuit à lui raconter des histoires réconfortantes. Quand le klaxon annonçant la fin de l’épreuve résonne, les membres de mon groupe et moi nous prenons tous dans nos bras, émotifs, empreints de soulagement que tout ceci ne soit qu’une simulation d’un cauchemar que certaines personnes malchanceuses ont réellement vécu.

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Mais pour de vrai, comment on se fait rescaper si on est pogné.e dans le bois?

Au terme de cette aventure, j’ai retenu des leçons qui pourraient vous être utiles, bien que je vous souhaite de ne jamais en avoir besoin :

  • – Chercher rapidement du secours et rester au chaud, tels sont les mots d’ordre.
  • – Pour les sorties d’un jour, comme lors d’une randonnée, un petit kit de soins de base et une formation en secourisme constituent des atouts importants pour gérer les urgences.
  • – Quant aux sorties dans un espace sans réseau, s’armer d’une balise de localisation GPS et même d’une assurance pour des secours en région éloignée comme Airmedic peut réellement faire la différence.
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Au final, je suis sortie de cette aventure brûlée, mais surtout, plus réfléchie. Disons que depuis, je traîne mon cellulaire ainsi que ma petite trousse de premiers soins même lorsque je pars en kayak deux ou trois heures. Je m’assure de toujours avoir sur moi une collation et une gourde remplie, et j’indique à un proche l’endroit où je me rends si je compte faire une sortie seule, aussi courte soit-elle. Des gestes qui semblent simples, mais qui, comme j’en ai eu la démonstration, peuvent faire toute la différence en cas d’ennui.