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Comment le slow travel à Tofino a changé ma perception de la vie

Sur l’île de Vancouver, ce n’est pas juste une philosophie de voyage : c’est une façon de vivre.

Par
Catherine Perron
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En juin 2020, j’ai pris la route vers mon premier été de surf dans l’Ouest canadien. J’y ai découvert le tourisme lent, ou slow travel, une façon de voyager qui incite le ou la touriste à prendre le temps d’apprécier chaque endroit visité en s’imprégnant graduellement de celui-ci, plutôt que de cocher une check list d’activités à faire et de choses à voir à un rythme effréné.

Habituellement, un.e voyageur.euse en mode lenteur se tient loin des attractions liées au tourisme de masse et se concentre sur un tourisme plus écoresponsable et en harmonie avec la culture locale. En gros, c’est une façon de visiter un nouvel endroit qui priorise l’ouverture, l’intérêt et le respect pour la destination choisie.

À Tofino, j’ai réalisé que cette façon de penser constitue plus qu’une simple tendance en vogue : elle s’avère une solution de plus en plus mise de l’avant vis-à-vis l’afflux touristique grandissant, mettant parfois en péril l’environnement précaire des lieux et la culture locale.

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C’est une fois revenue au Québec que j’ai vécu une forte remise en question sur ma propre façon d’aborder mon quotidien : est-ce possible de prendre ça smooth au rythme des obligations, des factures et de la vie urbaine, les deux pieds ancrés dans la Belle Province?

Tofino : douce et enivrante

Comme tout le monde, j’avais entendu parler de Tofino, la petite Californie canadienne. En foulant le sol de ce paradis naturel, on remarque d’abord les enseignes multicolores annonçant les quelques surf shops, les piles de planches sur les toits des voitures, puis les premières bribes de l’océan à travers les arbres ancestraux immenses bordant l’unique route principale.

Beau temps, mauvais temps, les vans colorées s’alignent dans les stationnements des différentes plages. Leurs propriétaires se prélassent en hamac devant un paysage forestier incomparable : une verdure humide, une vraie jungle nordique. Les barbecues de stationnement improvisés et les rassemblements de jeunes au skatepark animent le village, pendant que la vision lointaine des voiliers naviguant sur l’eau calme, sous le regard des hautes montagnes, lui offre un air féérique. C’est dur de croire qu’on peut assister à un tel spectacle sans avoir besoin de sortir notre passeport.

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Jour après jour, la bande d’amis s’agrandit d’aventuriers de partout, comme deux enseignants du Québec, Sim et JS, ayant tout laissé derrière pour vivre du plein air à Calgary. Entre deux sessions de surf, des enseignants de l’école secondaire locale nous racontent de quelle façon ce sport fait partie intégrante des cours d’éducation physique. Des propriétaires de restaurants ou d’auberges où travaillent nos amis nous exposent la précarité de leur entreprise face au manque de main-d’œuvre. On participe au nettoyage des berges organisé par un surf shop local. Quand les vagues sont belles, on enfile les wetsuits et on se lance à l’eau comme de joyeux lurons. On s’imprègne de cette vie où Mother Ocean est reine.

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Au fil de chaque session de surf, où on ne regarde jamais l’heure, je profite de chaque sensation : la chaleur du soleil sur mon visage tourné vers le ciel, la vue de l’océan infini s’étirant jusqu’à l’horizon orangé, le vertige de la profondeur de l’eau salée sous ma planche. Je me sens flotter, pis pas juste littéralement.

Au fil de juillet, puis d’août, les arrivées et les départs s’enchaînent, tout comme les parties de cartes sous la pluie, les concerts intimes de groupes locaux au pub et les discussions animées autour de feux de joie, forgeant une vie douce et magique. Au moment des au revoir, on ne quitte pas simplement qu’avec une belle photo en poche, mais plutôt avec de nouveaux potes, des projets de se revoir, ainsi qu’une trace indélébile laissée par la culture insulaire dans notre façon de percevoir la vie.

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Retour à la réalité

À mon retour, j’ai eu l’envie profonde de décrocher d’un quotidien où je regardais plus souvent mon agenda que je ne mettais le nez à l’extérieur. Le besoin de m’ancrer dans une communauté célébrant cette chance de jouer dehors quotidiennement s’est manifesté.

C’est là que je me suis mise à fréquenter un spot de surf urbain, où j’ai rencontré des ami.e.s accueillant.e.s et partant.e.s de se lancer dans l’eau dès la fonte des glaces. L’ambiance relaxe et les gens généreux de leurs astuces m’y ont fait sentir exactement comme lors des longs après-midis au soleil dans l’Ouest, où le temps n’importait plus.

Ensuite, c’est l’apprentissage de la planche à neige qui m’a offert un nouveau regard sur l’hiver. Je filais vers la montagne directement après mon shift pour dévaler les pentes et finir la soirée autour d’un bon feu. Les fous de l’Est peuvent tout à fait vivre comme ceux de l’Ouest finalement… Il fait juste un peu plus frette, icitte!

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Pour le reste, je retrouve maintenant Tofino dans les petites choses : lorsque je prends mon café dehors au soleil, en regardant le vent dans les feuilles à partir de mon balcon montréalais, ou lorsque je roule en planche pour aller lire au parc. Le soir, je vais parfois observer le coucher de soleil au bout de l’île en savourant sa couleur orangée, juste pour le plaisir.

C’est ainsi que mon sentiment de profiter de la vie a cessé de correspondre seulement au prochain moment où je pourrai enfin retourner sur la plage. C’est plutôt devenu une façon de percevoir la beauté que nous offre la « maison » et la compagnie des personnes merveilleuses que j’ai eu la chance de rencontrer ici même, en m’autorisant à vivre une vie qui me ressemble davantage. Une slow life locale, quoi.

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Sur ce, je ferme mon ordi. Je vais aller m’offrir quelques rides à la vague à Guy à LaSalle.