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Comment l’argent a changé au cours de la dernière décennie
En 2010, nous les milléniaux, ainsi que les plus âgés des z, étions aux premières cases du jeu Destins. Certains étaient encore ados. Les plus vieux s’ennuyaient du confort de la maison familiale dans leur premier appartement voisin d’un bar de danseuses (on s’habitue aux bouchons pour les oreilles), d’autres terminaient leurs études et commençaient un emploi qui ne consistait pas à jouer dans du fast food ou du fast fashion.
Pour beaucoup, l’argent signifiait : on te paye pour tondre le gazon ou passer l’aspirateur. Vous pouviez partager un 2 pour 1 avec votre date au Subway. En dehors de l’école, c’était loisirs et vie sociale. Vous avez décroché votre premier emploi pour vous offrir un iPhone 4. Vous étiez peut-être la seule personne à avoir un téléphone intelligent et ça impressionnait vos amis. Aujourd’hui, 73 % des Québécois en possèdent un.
Dix ans plus tard, tout s’est métamorphosé sous vos yeux. Coup d’œil sur une décennie qui donne le vertige.
L’argent, c’est plus ce que c’était
Qui va encore au guichet automatique? Il semblerait que 16% des Canadiens s’en servent encore pour effectuer leurs transactions. Si vous ne savez pas c’est quoi un livret de banque ou que vous ignorez de quel côté insérer une enveloppe dans un guichet, vous faites probablement partie de la moitié des Canadiens qui effectuent plutôt leurs transactions bancaires en ligne.
Et qui paye encore en argent comptant? L’argent est toujours aussi omniprésent dans notre vie, mais il s’est dématérialisé. Plastique, téléphone, virement électronique, applications – l’argent n’est plus qu’une série de chiffres, de clics et de bips qu’on entend dans la file à l’épicerie. Ça fait tellement longtemps que vous n’avez pas vu d’argent que vous ignorez de quelle couleur est le billet de dix dollars.
En 2009, on a même assisté à la création du premier Bitcoin. La cryptomonnaie devait remplacer l’argent traditionnel. Dix ans plus tard, personne ne semble comprendre comment ça fonctionne.
On ne travaille plus comme dans l’temps
Les boomers, qui composent 42 % de la population québécoise, sont partis progressivement à la retraite au cours des années 10. Conséquence : plus de 1,4 million de postes seront à pourvoir d’ici 2026. Vous allez devoir combler leurs places (enfin!). Par contre, les plans de retraite ont bien changé. Les plus pessimistes croient d’ailleurs qu’ils quitteront le marché du travail incontinent et en marchette.
Les années 10, c’est aussi une réorganisation du travail. D’une part, le télétravail gagne en popularité. Vous pouvez travailler sur vos dossiers chez vous, habillé en mou avec votre chat sur vos genoux. Moins stressés, certains employés améliorent leur productivité et les entreprises y voient une façon de réduire les coûts reliés à la gestion d’un bureau. Mais encore là, c’est peut-être pas pour tout le monde.
Et c’est vers la fin de la décennie qu’on a enfin commencé à se dire que le bureau à aire ouverte , c’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux pour la productivité des employés. Mais comme une mauvaise idée n’en attend pas une autre, certaines entreprises n’assignent plus de place spécifique à leurs employés. Le hot desking est maintenant tendance, au moment où beaucoup de compagnies se demandent comment stimuler la créativité et la coopération tout en laissant les employés travailler en paix.
D’autres entreprises ont choisi d’établir un modèle totalement décontracté. Les patrons ne sont plus des supérieurs hiérarchiques, mais des amis et mentors. On chill entre collègues autour de la table de babyfoot en buvant sur la job et en jouant à des jeux vidéo. Le code vestimentaire n’existe plus. Tout comme la frontière entre vie personnelle et professionnelle.
On ne fonctionne plus comme avant
Et on veut vivre en dehors du bureau. Le workaholisme a peu à peu perdu la cote au cours de la décennie. On veut avoir des horaires flexibles pour concilier travail, famille et loisirs.
Car les années 2010, c’est surtout une prise de conscience collective à propos de la santé mentale. Et on veut que les entreprises prennent position pour le bien-être de leurs employés. On porte un regard nouveau sur le stress, la pression, la charge de travail et on commence à se dire que pour être productif, ça prend tout d’abord une bonne santé mentale. Quand on ne peut pas se payer un psy, on essaie tout de même de relaxer avec des applications de méditation et de longues séances de self-care.
On ne veut plus juste fonctionner, on veut vivre. Le corps incarne un temple sacré, on doit l’embellir, en prendre soin et l’exercer. Tout ce qui y pénètre doit être sain. On mange bio. Le végétarisme et le véganisme ont la cote.
Faire des affaires, c’est plus ce que c’était
Le serial entrepreneur est à la mode. Vous l’avez peut-être vu passer sur Tinder ou aux Dragons en train d’essayer de faire financer sa start-up de boisson énergétique au miel bio d’abeilles sélectionnées à partir d’un algorithme d’intelligence artificielle. L’entrepreneuriat semble soudainement accessible à tous, même s’il faut surmonter quelques embûches. On croit avoir une idée géniale et la fibre entrepreneuriale et hop, on crée une start-up.
Les années 10 ont vu l’explosion de ces entreprises en démarrage souvent associées aux technologies. Certaines comme Instagram et Spotify sont parties de rien pour devenir des géantes. Ça donne le goût de se partir en business plus que jamais.
Montréal est d’ailleurs devenue une plaque tournante des jeunes compagnies de tech et d’intelligence artificielle, et figurerait parmi les vingt destinations les plus favorables pour démarrer une start-up.
On ne dépense plus comme avant
Qui n’a encore jamais rien acheté en ligne en 2019? En 2009, à peine 20 % des gens achetaient en ligne. Aujourd’hui, c’est à 64 %. Et le fondateur d’Amazon est l’homme le plus riche au monde.
On parlait peu d’économie du partage en 2010. Aujourd’hui, on pense à acheter une voiture en gang. Si on ne veut pas posséder un véhicule, on peut en réserver un avec Communauto pour transporter sa table de massage chez un client. Et quand on voyage, on loue l’appartement de quelqu’un sur Airbnb, une compagnie qui en était à ses balbutiements au début de la décennie.
Dans les années 10, on a ouvert nos portefeuilles pour toutes sortes d’applications. On s’est probablement fait prendre au jeu des essais gratuits, même si on oublie souvent de se désinscrire et que ça finit par coûter cher. L’application de rencontre Tinder, qui ne coûtait rien au départ, s’enrichit maintenant sur le dos des célibataires. Et on ne parle même pas de comment le dating game a changé.
Si vous aviez dormi dix ans, imaginez le choc au réveil!