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Comment j’ai vaincu ma dépendance à la bouffe «pour emporter»
La semaine dernière, j’ai eu une illumination. J’ai regardé très creux au fond de moi-même et j’ai vu mes habitudes alimentaires pour ce qu’elles étaient vraiment: du gros n’importe quoi.
Bon OK, je savais depuis pas mal de temps que j’étais accro à la livraison de nourriture, mais rectifier cette habitude malsaine était pas mal bas dans ma liste de priorités.
Sauf qu’après une intervention de ma coloc (j’aimerais vous dire qu’elle avait fait une banderole comme dans How I Met Your Mother, mais malheureusement c’était beaucoup plus low-key que ça) j’ai finalement décidé d’affronter mes démons.
Alors, comment ça s’est passé? Et surtout, est-ce que j’ai VRAIMENT réussi à vaincre ma dépendance au «pour emporter»? Suspense.
De chasseurs-cueilleurs à nomades-bipolaires
Pour bien amorcer ma semaine opération-reprendre-le-contrôle-sur-mon-alimentation, je suis allée chercher de l’aide. Marianne Lefebvre, nutritionniste spécialisée en nutrition internationale et rare milléniale qui entretient un rapport à la bouffe qui a de l’allure, m’a offert ses conseils.
«C’est vraiment important de mettre l’acte de se nourrir dans ses priorités.»
D’abord, elle me rassure: il n’a jamais été aussi compliqué de s’alimenter. C’est que la majorité des Québécois de la génération Y ont un profil de mangeur «nomade et bipolaire». Nomade dans notre mode de vie (on voyage beaucoup et on a tendance à faire mille choses en même temps) et bipolaire dans nos choix et nos préférences.
«Les mangeurs milléniaux oscillent toujours entre plusieurs valeurs: entre la fraîcheur locale et les saveurs internationales, entre le comfort food et la nourriture nouvelle, entre le végétarisme et la viande, etc.», m’explique Marianne.
1er conseil: définir seulement trois valeurs qui vont guider mes choix alimentaires et les noter dans mon cellulaire pour m’en rappeler.
Dans mon cas, j’ai choisi: l’équilibre (je trouvais que la santé c’était trop intense, des fois j’ai aussi le goût de me faire plaisir), la rapidité (très 2020) et l’environnement (encore plus 2020).
L’arme infaillible: l’Organisation
Ces trois valeurs alimentaires bien inscrites dans mon téléphone, je me sens déjà plus en contrôle. Mais il me reste un ennemi de taille à affronter: le temps.
«Souvent on dit qu’on manque de temps, mais derrière ça il y a plutôt un manque d’organisation», me dit Marianne. «C’est vraiment important de mettre l’acte de se nourrir dans ses priorités.»
2e conseil: mettre à mon agenda des «rendez-vous» entre moi et moi dédiés à mon alimentation.
«Il faut traiter ces rendez-vous-là de manière aussi importante que quand tu as un rendez-vous chez le dentiste. Si c’est à l’agenda, tu dois le maintenir. Si ton horaire change chaque semaine, tu remets ça à ton agenda chaque semaine», me conseille Marianne.
Je me donne donc rendez-vous le lundi à 18h pour une séance d’épicerie suivie d’un moment popote.
J’tu obligée de meal prep?
Pour me préparer à mon «rendez-vous», je devais évidemment revoir ma manière de planifier et cuisiner mes repas. Marianne me conseille donc d’utiliser la fameuse technique du meal prep.
Petit sursaut de terreur de ma part: j’ai déjà tenté l’expérience et je suis peu fan de manger quatre fois de suite la même affaire.
Elle précise: il ne s’agit pas nécessairement de préparer tous mes repas d’avance, mais de préparer certains éléments à l’avance, comme faire une batch de quinoa, une plaque de légumes grillés ou un potage que je peux ensuite jumeler à d’autres choses.
3e conseil: «Faire des repas en composantes [et les préparer d’avance]. Un repas, ça n’a pas toujours besoin d’être du riz, de la viande et des légumes. Ça peut être une soupe avec des craquelins et de l’humus.»
Lundi soir 18h, je me fais donc une soupe à la thaïe, du quinoa et des légumes au cari. Je m’achète de la laitue, du poulet, des craquelins et du végépâté pour accompagner et varier mes repas.
La technique de l’écureuil
Finalement, Marianne me rappelle que la tentation du take-out me guette à chaque coin de rue: «Les milléniaux sont caractérisés pour avoir d’excellentes valeurs alimentaires, mais au final lorsqu’il y a un choix à faire, ce qui gagne, c’est la faim et la facilité.»
4e conseil: ne jamais sortir de chez moi sans nourriture.
Oui oui, pour vaincre notre instinct primitif qui nous guide vers la bouffe «pour emporter» la meilleure technique à adopter est celle d’un petit animal de chez nous qui garde de la nourriture dans ses bajoues pour plus tard (évidemment, je conseille de plutôt mettre vos collations dans un sac, c’est moins gossant).
Je me suis donc acheté quelques collations faciles à emporter lorsque je ne suis pas chez moi: des carottes ou des raisins pour les fringales au bureau, une barre tendre pour revenir du yoga, des noix pour mon apéro au parc entre amis.
L’odeur alléchante du A&W sur la rue Mont-Royal ne m’a pas eue cette semaine.
Verdict?
À ma grande surprise: je ne me suis pas vraiment ennuyée de me faire livrer de la nourriture cette semaine. L’envie a été pratiquement absente (j’avoue que j’ai passé beaucoup de longues minutes absorbée par une vidéo où des gens coupaient du poisson frais et faisaient les plus beaux sushis de l’univers, MAIS j’ai résisté).
J’avais toujours un repas de prêt dans mon frigo ou au moins une partie de repas. Ça ne me démoralisait pas de revenir chez moi le soir et de devoir me préparer à manger: je pouvais improviser en mixant certains éléments selon ce qui me donnait envie.
J’ai aussi pu voir ma «réserve» de bouffe arriver à sa fin et me prévoir d’avance un autre rendez-vous épicerie-popote pour finir ma semaine. Donc, pas de livraison de bouffe parce que je n’ai rien chez moi.
J’ai essayé de nouvelles recettes que je vais adopter, mais j’ai aussi fait des repas que je faisais beaucoup avant et que j’avais oublié que j’aimais.
Bref, je ne sais pas si j’ai vaincu, à proprement dit, ma dépendance au «pour emporter» (ça fait une semaine, calmons-nous), mais je pense que mon approche et ma vision par rapport à l’alimentation ont changé.
J’aime toujours le take-out et je ne vais pas faire une croix dessus (la bouffe libanaise est jamais aussi bonne quand je la fais chez moi). Sauf que je ne pense plus en faire ma source numéro 1 d’alimentation.
Parce que préparer ses repas soi-même, c’est quand même vraiment gratifiant (et bon pour le portefeuille).