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Comment j’ai débloqué une partie de ma créativité grâce au cannabis

Je suis allé aux battes!

Par
Pierre-Luc Racine
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La semaine passée, je me suis donné le défi de fumer du cannabis chaque soir de la semaine et d’écrire du stand-up sous l’influence du THC. Pour comparer les effets sur mon système, j’ai travaillé à jeun sur un texte, et ensuite, sur un autre avec les yeux rouges. Ensuite, j’ai remis mes deux textes à Frank Grenier, humoriste, auteur et formateur chez RHA Divertissement. Frank a écrit pour la dernière mouture de Piment fort, pour la radio et pour un tas d’humoristes. J’ai un bon juge avec moi!

À jeun, j’ai décidé d’y aller pour le sujet Je ne comprends pas le hockey où j’ai décortiqué tous les petits détails qui me chicotent dans ce sport. Après avoir fumé, j’ai travaillé sur un texte intitulé Les pires personnes avec qui regarder des films où je parle des manies bizarres lors d’un visionnement.

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Les changements notables

Lorsque j’ai parlé de mon défi à des collègues, leur réponse était unanime: «Man, ben buzzé, y a rien à faire, toutes les idées sont mauvaises et c’est juste gênant de se relire après.»

Je me trouvais intéressant en début de trip. Ensuite, j’étais absorbé dans un vortex de pensées aléatoires qui ne plairait à personne.

Je dois avouer qu’il y a une partie de vérité là-dedans. Avant d’envoyer mon texte batté à Frank, j’ai décidé de repasser dessus à jeun, juste au cas. Je me suis interdit d’ajouter des choses, mais je me suis accordé la permission de couper. Et pour couper, j’ai coupé! J’étais encore plus intense qu’une coiffeuse qui doit gérer Marge Simpson!

Je me trouvais intéressant en début de trip. Ensuite, j’étais absorbé dans un vortex de pensées aléatoires qui ne plairait à personne, même pas au moi à jeun.

Aussi, j’ai dû réécrire plusieurs phrases qui n’avaient pas de sens. Soit il manquait des mots, soit mes propos n’étaient pas clairs. Ça a l’air simple d’écrire du stand-up. On a «juste» besoin de dire des niaiseries auxquelles on a pensé, mais c’est tout de même plus technique. Comme il s’agit d’un art oratoire où on veut créer des images devant des gens qui ont leur journée (et 2-3 pintes) dans le corps, on doit être ultra clair.

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Au moins, j’ai écrit des choses qui me semblaient plus farfelues et originales que d’habitude. Était-ce le cas? Est-ce que les deux monologues se comparent facilement? Selon Frank Grenier: «Les textes sont complètement différents!»

Le positif

Concernant mon texte sous influence, Frank m’écrit: «Les gags sont plus fous. Plusieurs gags viennent avec un jeu plus énergique et de l’écriture avec beaucoup de points d’exclamation pour signaler que ça sera joué avec intensité.»

Lorsque j’écrivais après avoir fumé, j’avais un enthousiasme indéniable.

Lorsque j’écrivais après avoir fumé, j’avais un enthousiasme indéniable. Contrairement à mes sessions à jeun où j’écris entre un envoi de facture et un courriel sérieux, je me mettais en mode relaxation et plaisir. C’était mon petit moment de fin de journée.

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J’émets l’hypothèse qu’il y a peut-être un biais ici. C’est possible que je me sois affranchi de ma rationalité tenace en me créant un moment 100% créatif. Je vais essayer des techniques afin de trouver un genre de rituel qui me permettra de retrouver ce moment de laisser-aller dans mon écriture autrement qu’en allumant un joint.

Frank a aussi noté que j’ai plusieurs passages qu’il qualifie «d’exploratoires» dans le bon sens du terme: «Dans ce texte, tu tires dans tous les sens et c’est très divertissant. Ton texte sur le hockey n’a qu’une seule opinion et le ton reste le même tout le long, dans celui-là, il y a plus de folie!»

Je pense que le phénomène de créer des parenthèses dans d’autres parenthèses est une conséquence directe du cannabis.

Dans une des idées de mon texte à jeun, il note: «L’auteur du texte sur les partenaires de film aurait développé cette idée-là et aurait eu du plaisir avec.» Oh oui, j’avais du plaisir à être créatif et ça transparaissait!

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«Le texte sur les partenaires de film est plus fou. Dans le ton des gags et dans les idées amenées…» et la citation doit être poursuivie dans la prochaine section:

Les négatifs

«…mais aussi dans la structure. Parce que la vraie structure du numéro arrive à mi-chemin dans le texte et elle est entourée et présentée par des parenthèses d’idées sur le sujet principal.»

Heureusement que je suis repassé dessus à jeun! Je pense que le phénomène de créer des parenthèses dans d’autres parenthèses est une conséquence directe du cannabis.

Comme j’avais prévu la semaine passée, je me suis souvent retrouvé à être aspiré dans une idée qui est devenue une autre idée qui est devenue une autre idée et qui m’a éloigné de mon thème principal. C’est comme si j’allais dans un centre d’achat, que j’entrais dans un magasin, que j’ouvrais la porte d’une cabine d’essayage et que j’y commençais une nouvelle vie en oubliant que j’étais dans un centre d’achat.

«J’ai noté aussi que dans ce texte, il y a plusieurs gags “faciles”, ou déjà vus. Des gags que le Pierre-Luc que je connais n’aurait pas laissés dans le texte.»

On me dit que mon texte post-joint est encore «un brainstorm à ce stade-ci» et que celui à jeun «est prêt à être performé sur scène».

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Dans l’univers des premières idées, rares sont les joyaux d’originalité. Je pouvais avoir de bons flashs, mais comme je passais à autre chose rapidement, je restais en surface, sur l’île des lieux communs.

D’ailleurs, en écrivant, j’ai réalisé que j’avais perdu ma capacité de puncher. Puncher, c’est d’encapsuler une image claire en quelques mots afin de prouver sa prémisse. Chacun des mots de cette définition a été impossible pour moi! Image claire? Quelques mots? Impossible.

Aussi, le reste de ma soirée était scrapé. Je ne pouvais plus être productif… because I Got High!

Conclusion

Donc, le cannabis m’a permis de trouver certaines idées originales, de l’émotion et de la créativité dans mes propos, mais à jeun, je suis plus structuré et mon efficacité comique est à son maximum.

On me dit que mon texte post-joint est encore «un brainstorm à ce stade-ci» et que celui à jeun «est prêt à être performé sur scène».

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Le verdict de Frank Grenier est clair: «Les deux auteurs de ces textes devraient travailler ensemble. Celui du hockey commence et celui des partenaires de film passe par-dessus après!»

C’est probablement ce que je ferais de temps à autre. Par contre, je vais trouver une autre façon pour consommer du THC qu’en le fumant parce qu’en ce moment, tout mon linge empeste le weed!

Si vous êtes curieux, je vais livrer ces deux textes à ma soirée d’humour au Club Date Karaoké lorsqu’elle reprendra du service à la rentrée. Suivez-moi sur les réseaux sociaux pour être au courant! Peut-être que vous sentirez vous-même la différence dans ces deux textes en les voyant en action!