Depuis quelques années, j’ai l’honneur d’animer des ateliers d’écriture créative auprès d’enfants d’âge primaire. Un constat flagrant: la plupart commencent la session en soupirant « je n’aime pas écrire! »
En fouillant un peu plus, on réalise que ce n’est pas exactement ça. L’imagination des enfants ne fait pas défaut et des histoires, ils en ont plein la tête. Si elles ont de la difficulté à se transmettre à l’écrit, c’est parce que le processus d’écriture génère chez beaucoup d’enfants un sentiment d’anxiété et d’incompétence. La peur de faire des fautes les paralyse, littéralement. Et ça devient un cercle vicieux: moins on écrit, moins on arrive à écrire. Après plusieurs séances à ne pas porter attention aux fautes, mes élèves se détendent et commencent à apprécier le processus.
Ce constat personnel est confirmé par les études. Un sondage américain mené auprès de plus de 3000 élèves du primaire et du secondaire indique que 55 % d’entre eux avouent ne pas aimer écrire. On observe de plus que la motivation à écrire diminue tout au long du primaire.
Comme parent, comment peut-on stimuler l’envie d’écrire et la créativité, sans susciter l’angoisse de performance chez notre enfant? Voici quelques pistes de réflexion.
1- Reconnaître la difficulté de la langue française
Les enfants ne sont pas fous: le français, surtout écrit, ce n’est pas facile! On se rappellera qu’historiquement, l’Académie française a été mise sur pied pour faire du français la « langue de l’élite ». Louis XIV a même voulu en faire une langue aussi éloignée que possible de celle du peuple. Les règles d’exception et les orthographes parfois compliquées ne sont donc pas aléatoires. Vous pouvez même écouter ce super TED talk pour en rire.
2- Déscolariser le français
Dans le cadre scolaire, l’écriture est souvent liée à l’évaluation et les enfants qui subissent des échecs dans ces tâches perdent leur motivation au fil du temps. C’est prouvé: si la fierté motive, la honte face à l’échec, elle, démotive!
Pour faire changement de la routine des devoirs, vous pouvez proposer à votre enfant de correspondre avec un ami, de rédiger une histoire pour un concours ou bien d’aider à écrire la liste d’épicerie.
Ces tâches signifiantes favorisent une attitude positive envers l’écriture, tout en l’éloignant de la rigidité du contexte scolaire. Et n’oubliez pas de vous mordre la langue pour ne pas relever toutes les erreurs! Ici, on cherche à s’amuser, tout simplement.
3- Lâcher les crayons
Toujours dans l’esprit de déscolariser et de briser la routine, le fait d’adopter d’autres modes d’écriture peut favoriser la motivation de votre enfant. Par exemple, on peut proposer aux enfants d’écrire avec des crayons plus gros ou spéciaux, sur des feuilles épaisses, sur les fenêtres ou un tableau blanc. Par ailleurs, pour le plaisir, vous pouvez aussi écrire avec de la peinture, dans du sel ou du sable, avec de la craie ou des aliments. Les possibilités sont infinies.
4- Lire, lire, lire
C’est bien connu: plus on lit, mieux on écrit! D’une part, il ne faut pas snober les styles littéraires qui inspirent vos enfants – incluant les fameuses bandes dessinées. Détrompez-vous, elles sont pleines d’apprentissages potentiels! Et, même si votre enfant sait déjà lire seul, vous pouvez partager de beaux moments de complicité littéraire en lui faisant la lecture-feuilleton de romans plus gros. C’est justement le moyen de les introduire à d’autres types de lecture et, peut-être, de les amener tout doucement à essayer autre chose que les bandes dessinées.
5- Consulter
Dans certains cas, la difficulté en écriture témoigne d’une problématique plus sérieuse qu’il ne faut pas tarder à mettre en lumière. Que ce soit un trouble comme la dyslexie, la dysorthographie, une difficulté en motricité fine ou autre, suivez votre instinct et travaillez de concert avec les professionnels de l’éducation pour mieux accompagner votre enfant.