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Comment dire à nos parents que leurs techniques d’éducation sont dépassées?
C’est arrivé à ben du monde : les grands-parents couchent bébé sur le ventre (ou mettent le manteau d’hiver dans le siège d’auto, mettons) en disant : « Quand t’étais jeune, on faisait ça d’même, pis t’es jamais mort.e de ça! » Nous, comme parent, on panique parce qu’on sait que la recommandation actuelle, ce n’est pas ça pantoute.
Là, je nomme juste un exemple au hasard, mais le bottom line, c’est un peu ça : comment dire à nos parents que leurs trucs de parentalité ne sont plus d’actualité scientifique ou médicale sans les froisser? Et tant qu’à y être, comment gérer nos parents (ou pire… nos beaux-parents) s’ils ne sont pas d’accord avec la manière dont on éduque nos enfants?
J’ai appelé Lory Zéphyr, psychologue spécialisée en santé mentale maternelle et cofondatrice de la plateforme Ça va maman?, pour connaître ses trucs sur le sujet.
En prendre et en laisser (des deux côtés)
Une étude américaine publiée en 2020 par le C.S. Mott Children’s Hospital souligne qu’environ la moitié des parents vivent des conflits mineurs ou majeurs avec les grands-parents à propos de l’éducation de leurs petits-enfants. Parmi les sujets de chicane principaux, on note la discipline (57 %), l’alimentation (44 %), le temps d’écran (36 %), et la santé/sécurité (25 %).
Lory Zéphyr souligne l’importance pour les aïeul.e.s de respecter les limites parentales de leur enfant.
« Le rôle de grand-parent, c’est aussi suivre ce que le parent veut faire avec son enfant », explique-t-elle.
C’est vrai que certains grands-parents peuvent aborder l’éducation de leurs petits-enfants avec une attitude assez moyenne, de type monsieur ou madame Je-sais-tout. Bien que l’expérience des grands-parents soit appréciée (et pertinente), ce genre de comportement peut discréditer les compétences parentales du parent, qui connaît généralement son enfant et ses besoins mieux que tout le monde. « On veut un parent qui se sent confiant dans son propre rôle et dans le quotidien avec l’enfant », indique Lory Zéphyr.
Toutefois, lorsque, comme parent, on sent que nos façons de faire ne sont pas respectées, la psychologue nous recommande de nous regarder un peu le nombril avant d’intervenir. « Il faut que les parents soient conscients qu’il y a de grosses règles et de petites règles », explique-t-elle. Disons que c’est plus facile d’être flexible pour la crème glacée que pour la sécurité, par exemple.
Souvent, comme parent, on peut être très by the book, surtout lorsqu’il s’agit de notre premier.ère enfant. « On s’imagine que tout a une immense importance et on ne voit pas toujours la situation avec du recul, poursuit l’experte. Il faut accepter que c’est peut-être nous qui sommes trop inflexibles. »
De petits trucs pour parler sans se chicaner
Ok, donc si tout le monde verse de l’eau dans son vin et se met à la place de l’autre, on peut prévenir une partie des accrochages. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait si on remarque que, disons, nos parents installent notre fils devant Netflix Kids tout l’après-midi quand il se fait garder chez eux?
Connaître nos limites pour les faire respecter
Lory Zéphyr suggère de repenser à son concept des petites et grosses règles pour déterminer, avec notre coparent si on en a un, lesquelles sont intransigeantes pour nous. « Si c’est quelque chose qui dépasse nos propres limites, il faut donner de l’importance à ça, indique la psychologue. Quand on ne se sent pas écouté.e par rapport à l’éducation de notre enfant, il faut communiquer. »
Mettre en place une communication saine
Comme dans tout conflit, l’idée n’est pas d’attaquer notre interlocuteur.ice, mais plutôt d’essayer de l’amener à comprendre ce que la situation nous fait ressentir. L’intervention vous stresse? Commencez par vous pratiquer avec des gens de confiance : votre conjoint.e ou vos frères et sœurs, par exemple. Et souvenez-vous qu’habituellement, dans une relation saine, ce genre de discussion se passe bien.
« La grande majorité des grands-parents vont comprendre parce qu’ils veulent maintenir la relation avec leurs enfants et leurs petits-enfants, affirme la psychologue. Parfois, ils ont juste besoin d’un petit reality check. »
Ne pas avoir peur de s’affirmer
Si vous avez de la difficulté à avoir une conversation sur vos besoins avec vos propres parents, Lory Zéphyr suggère de procéder à une petite introspection. « Parfois, il faut aller en thérapie parce qu’on réalise qu’on n’a jamais pu nous affirmer en face de notre parent », indique-t-elle.
Et oui, il y en a, des grands-parents qui peuvent bouder, faire une scène ou, de manière générale, mal réagir à une demande aussi simple que celle de diminuer le temps d’écran. Mais là aussi, il faut savoir mettre ses limites. « Fondamentalement, le parent n’est pas responsable des émotions des grands-parents », marque-t-elle.
La vérité, c’est que souvent, les ajustements par rapport à l’éducation des petits-enfants permettent d’ouvrir de belles discussions avec les grands-parents. « Notre relation peut évoluer dans ce contexte-là parce qu’on prend le temps de se découvrir et de connecter », conclut la psychologue.