Logo

Comment demander un virement à ses parents sans perdre sa dignité

Les conseils d'une mère psychologue pour vous aider à faire passer la pilule.

Par
Florence Nadeau
Publicité

Avant les Fêtes, mon compte de banque flirte avec la crise d’angoisse et ma famille frôle la crise de nerfs puisque je doit leur demander, la larme à l’œil, si le budget de notre échange de cadeaux peut être d’un maximum de 13$.

Gérer ses finances, c’est pas toujours facile, et parfois un petit coup de pouce de nos parents (quand ils le peuvent, ce n’est évidemment pas le cas pour tout le monde) peut sembler être la meilleure solution pour réussir à payer son humus chez Adonis.

J’ai demandé de précieux conseils sur comment demander de l’argent à ses parents à… ma douce maman, Julie Ricard. Fun fact, en plus de m’avoir enfanté, elle est aussi psychologue, ses conseils sont donc doublement pertinents. Au départ réticente à me parler (probablement parce qu’elle ne veut pas me donner ses trucs infaillibles), elle a finalement flanché. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la progéniture qui nous déçoit un peu plus chaque jour, hein?

J’ai aussi interrogé Bajram Bytyqi, un étudiant en comptabilité aux HEC et éducateur financier chez Jeunesse Enrichie, à propos de la meilleure façon de demander un p’tit virement à ses géniteurs, et ce, sans perdre sa dignité.

Publicité

Le plan de match

Selon Julie Ricard (ma mère), cinq étapes sont primordiales avant d’amorcer tout genre de conversation difficile et rester en contrôle la situation.

1 – Choisir son moment

Aux funérailles de grand-mère, après que ta carte ait été refusée au minibar du salon mortuaire, c’est peut-être pas le moment idéal.

2 – Choisir l’endroit

Un lieu neutre et tranquille où tous se sentiront à l’aise d’avoir la voix tremblotante est primordial.

3 – Être calme

Je comprends que c’est difficile d’être calme quand ça fait quatre lettres de la banque que tu «oublies» d’ouvrir, mais on essaye.

4 – Avoir un objectif clair

Avant de demander quoi que ce soit, il faut s’assurer que la demande soit limpide. «Pose-toi la question: qu’est-ce que je veux, précisément? Combien j’ai besoin, sur combien de mois je veux rembourser», indique ma mère psychologue.

5 – Identifier ses émotions avant la discussion

Demander de l’argent peut faire ressortir toutes sortes d’émotions. Il est important de prendre quelques minutes avec soi pour les identifier. «Si tu es conscient des émotions qui sont présentes chez toi avant la discussion, tu vas agir moins impulsivement», dit la psychologue. «Idéalement, on devrait les nommer au moment de la discussion, dire “je me sens honteuse de vous demander ça”», ajoute-t-elle.

Publicité

Investissement d’abord, pleurnichage plus tard

Selon Julie Ricard, pleurer n’aide en rien. «Ben la… je ne sais pas vraiment comment répondre à ça», dit-elle, visiblement mal à l’aise parce qu’elle sait très bien que jusqu’ici, j’ai toujours usé de la tactique braillage.

Cela dit, selon la professionnelle des émotions et du parenting, arriver préparé et confiant serait préférable que d’user de la pitié. «Jouer sur la culpabilité, ça marche à court terme. Si tu veux un autre prêt plus tard, ça ne marchera pas, ils ne se feront pas avoir deux fois.» (Perso, moi plus quelqu’un pleure, plus je veux donner. Prends mon 20$ pis essuie tes larmes avec, je suis trop mal équipée pour gérer tes émotions.)

Selon la psychologue, quand on prête de l’argent, on a besoin de sentir que la confiance règne et que l’autre est solide. «Si tu veux un prêt, présente-toi comme un adulte à un autre adulte, et non comme un mendiant.»

Publicité

Un don, c’est tu trop demander?

Je connais bien la technique, on demande un prêt, mais au fond, ce qu’on veut c’est un don. Cela dit, il est important de dire sincèrement à vos parents si vous prévoyez les rembourser afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée et ainsi éviter tous conflits qui pourraient potentiellement vous rayer du testament.

Selon Bajram Bytyqi, étudiant en comptabilité, plutôt que de demander un don pour acheter des choses futiles (genre, la première édition autographiée de Twilight), demander de l’argent à vos parents pour vos études serait plus avantageux. «S’ils payent une partie de tes frais de scolarité, à ce moment-là, ça leur donne droit à un crédit d’impôt», affirme-t-il. Un excellent argument de vente.

Le parent seul et isolé, une meilleure victime

Pour environ 50% de la population québécoise, cette question est obsolète, mais si par chance vos parents sont toujours ensemble, est-ce mieux de les attaquer en duo ou en solo?

Publicité

«Ça, ça s’appelle de la manipulation», me répond ma mère, visiblement fâchée de me laisser entrer dans le secret des dieux.

«Si on est dans la manipulation pure et dure, c’est mieux d’en prendre un des deux, c’est beaucoup plus facile de convaincre une seule personne et je comprends qu’on cherche des conditions gagnantes pour négocier.»

À vous d’identifier le parent faible maintenant, un jeu amusant à faire avec ses frères et sœurs lors de votre prochain Facetime.

Papa dit non, la banque dit oui

Bien que cet article me rende optimiste de votre succès en la matière, il est possible que vos parents ne veuillent ou ne peuvent tout simplement pas vous prêter de l’argent.

«Ce que les gens peuvent faire, au lieu de faire grimper leur facture de carte de crédit, c’est prendre une marge de crédit», affirme Bajram Bytyqi. «Les intérêts sont beaucoup moins élevés et elle impacte beaucoup moins la cote de crédit que les cartes de crédit. La marge de crédit is the way to go

Publicité

J’imagine qu’une autre solution, quoique probablement non endossée par les professionnels, serait aussi de vendre des photos de vos pieds sur internet, mais ça, c’est le sujet d’un autre article de Quatre95.