Tel un bourgeon prêt à éclore aux premières lueurs d’un soleil printanier, vous trépignez à l’idée de tester pour la première fois la course à pied. Mais voilà : vous êtes complètement perdu dans l’océan de choix de chaussures pour commencer votre aventure.
Heureusement, des experts comme Dominic Royer, kinésiologue à la Boutique Endurance et coureur aguerri, sont là pour vous aider à traverser ce parcours à obstacles.
La base
« Ç’a l’air niaiseux à dire, mais la première chose est d’amener des chaussettes. » Avec ses années d’expérience, Dominic en a vu, des pieds nus affublés de gougounes traverser les portes du magasin à la veille de l’été. « Idéalement, il faudrait aussi apporter la paire de chaussures avec laquelle la personne se verrait courir ou du moins, celle avec laquelle elle marche plusieurs minutes ou plusieurs heures. Ça nous permet déjà de voir à quel type de client on a affaire. »
On sait qu’il peut être tentant d’enfiler ses vieilles godasses pour aller battre le bitume lorsque le soleil se pointe le bout du nez, mais le kinésiologue insiste : ne courez pas avant d’avoir la bonne chaussure à votre pied au risque de vous blesser. Ça serait dommage de commencer la saison de course en boitant de la patte, quand même…
Même si cette phrase n’a plus si bonne réputation, Dominic conseille de « faire vos recherches » sur votre type de pied (arche plantaire prononcée ou plate, pied large ou étroit, long ou court, etc), votre état de santé général (douleurs ou blessures quelconques) et les différentes compagnies sur le marché.
Et de grâce, laissez vos idées préconçues à la maison. Ce n’est pas parce que votre ami ne jure que par un type de soulier qu’il vous conviendra aussi. Comme le dit si bien le coureur de longues distances : « À chacun son pied, à chacun son soulier ».
Choisir le type de soulier
Tout d’abord, il faut savoir que le milieu de la course est constitué de plusieurs écoles de pensée divergentes et qu’il n’y a pas de recette miracle et universelle pour tous les coureurs de la planète, particulièrement en ce qui a trait au type de soulier choisi. Nous essaierons, au meilleur de nos compétences, de vous présenter les diverses options qui s’offrent à vous selon les faits et observations de notre expert afin de vous éclairer au maximum.
À noter que ces conseils peuvent ne pas s’appliquer à votre profil si un physiothérapeute vous a déjà indiqué un type de soulier à privilégier. Dans ce cas, on vous encourage à écouter ses recommandations.
Le premier cas de figure est la chaussure minimaliste. « On parle ici d’un modèle avec une semelle très mince, peu coussinée et avec peu d’inclinaison. C’est quelque chose qui a été particulièrement populaire au Québec, il y a 7-8 ans », explique Dominic.
Si un coureur chaussé d’un modèle minimaliste est habituellement plus enclin à faire attention à sa foulée et son patron de course, il peut être dangereux d’opter pour cette option si on a peu ou pas d’expérience dans le sport. « On voit des gens des fois qui achètent ces souliers-là et se mettent à courir 5-6 fois par semaine et finissent par se blesser. C’est fait pour courir 20 à 30 minutes à la fois, pas pour s’entraîner pour un marathon. »
De l’autre côté du spectre, on retrouve les maximalistes, ces souliers avec une énorme semelle qui semble faite de guimauve. « Quelqu’un pourrait se dire : c’est super, je n’ai pas à penser à la manière dont je cours vu que j’ai un gros coussin sous les pieds. Mais ce n’est pas vrai. Ça peut mettre beaucoup de vibrations sur le corps et mener à des blessures aussi. »
L’idéal se trouve un peu entre les deux pour un coureur novice avec un bon niveau de santé, selon Dominic : quelque chose de léger, confortable, flexible, avec une semelle assez neutre, donc pas trop prononcée. « En plus, ce sont souvent des modèles qui sont assez abordables, autour de 150-160 $ », ajoute le kiné.
Les mythes à fuir au PC
Quand on lui demande LE plus gros mythe à déboulonner concernant les souliers de course, Dominic n’hésite pas une seconde : les plaques en carbone. « Les modèles qui ont une plaque sont axés sur la performance. On ne va pas à l’épicerie avec sa voiture de F1. On va la démolir si on ne l’utilise pas dans les bonnes conditions. C’est la même chose pour des souliers avec une plaque en carbone. À éviter pour de la course de loisir ou de mise en forme. »
Une autre idée préconçue tenace est le fait que beaucoup de gens croient pouvoir économiser en achetant leurs chaussures sur internet au lieu d’aller en boutique. « Il y a une loi au Québec qui stipule que les prix de la marchandise de X compagnie doivent être identiques à ceux affichés en magasin. Pour les nouveaux modèles, c’est supposé être le même prix partout. »
Sinon, un mythe qui s’écarte un peu de la chaussure, mais qui est tout de même très important à mentionner : il faut courir vite pour s’améliorer. « C’est totalement faux. C’est en courant lentement qu’on va progresser. Ça, il n’y a pas de débat là-dessus. »
Morale de cette histoire : allez donc voir des pros en boutique afin de vous aiguiller comme il faut. On aime mieux vous voir en santé et bien chaussé que blessé avec des godasses qui ne correspondent pas à vos besoins.
Bonne saison!