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Comment apprendre à aimer un collègue fatigant
Chaque année, mes supérieurs nous demandent ce qui pourrait potentiellement justifier une augmentation de salaire. Je leur déjà répondu : « ne pas encore avoir punché Thierry de la comptabilité drette dans gorge ».
Eh bien je l’ai obtenue, mon augmentation de salaire. Il faut croire que les ressources humaines de mon travail connaissaient aussi Thierry et reconnaissaient donc l’exploit que cela avait dû être de rester courtois avec lui toute l’année.
Ce gars-là, je le hais comme la peste. Ceci dit, il reste un collègue et il est de mon devoir professionnel de rester cordial avec mes camarades de bureau. J’ai donc développé des méthodes pour supporter et même parfois apprendre à aimer ces personnes désagréables avec qui je passe 40 heures par semaine.
Aujourd’hui, je vous les transmets dans l’espoir qu’elles permettent d’éviter au moins une bataille dans une succursale de H&R Block.
Faites preuve d’humilité
Je vais commencer avec ce conseil pour contrebalancer le ton un peu supérieur de mon introduction. Je ne suis pas un parfait collègue et peut-être qu’à mon travail, je suis le Thierry de la comptabilité de bien des gens, car on l’est tous et toutes pour quelqu’un d’autre. Je les remercie de ne pas m’avoir punché dans la gorge, d’ailleurs, leur augmentation salariale serait toute aussi méritée.
C’est impossible de plaire à tout le monde et toxique d’essayer de le faire. Soyez donc vous-même, mais acceptez qu’en l’étant, vous pourrez agacer d’autres personnes, et vice-versa. Devenir l’ami.e d’une gang entière que l’on n’a pas choisi n’est pas un objectif réaliste. Par contre, accepter que l’on fait aussi partie du problème facilite l’empathie et limite le sentiment de supériorité sur les autres.
Ce sont là deux choses qui vous aideront à passer de meilleures journées.
Trois têtes en valent mieux que deux! (…quoi, c’pas ça l’expression?)
C’est niaiseux, mais parfois, il est plus simple de demander la réponse plutôt que d’essayer de la trouver soi-même. Ce n’est donc pas nécessairement étrange de demander à un.e collègue que vous appréciez pourquoi il ou elle s’entend aussi bien avec votre némésis.
On s’entend que vous ne deviendrez pas automatiquement meilleur.e.s ami.e.s, mais vous allez peut-être vous découvrir quelques atomes crochus que vous n’auriez jamais remarqués par vous-même. Il se peut aussi que vous appreniez que ce.tte collègue si dérangeant.e fait énormément de bien à cet.te autre collègue que vous aimez beaucoup. Et sans doute apprécierez-vous l’ennemi.e un peu plus, ne serait-ce que par association!
Bref, la communication, c’est toujours la clé.
Donnez une chance au party de bureau. Pas quinze : une.
Je trouve ça assez cringe, les activités de bureau, car le projet ne peut pas complètement bien se passer, mais son existence possède quelque chose de charmant. La série The Office traite d’ailleurs de cela de façon assez drôle et authentique, selon moi.
Ceci dit, même si ce n’est pas votre truc, reconnaissez qu’il y a quand même du bon dans l’idée d’un petit comité qui essaierait d’organiser une activité universellement plaisante. L’occasion vous permet même d’humaniser vos collègues, pour le meilleur comme pour le pire.
Nous avons tous et toutes quelque chose de magnifique à communiquer. Pourquoi ne pas le découvrir dans un bar ouvert, juste à côté d’un buffet? Sur fond de small talk, vous pourrez alors parler de votre quotidien et mettre aussi une histoire sur les faces que vous croisez tous les jours. Le fait de savoir d’où vient une personne aide souvent à ne plus lui en vouloir lorsqu’elle vous dérange. C’est ça, le superpouvoir de l’empathie.
Mais l’inverse est aussi possible. Il se peut très bien qu’un contexte de party révèle que vous n’avez aucune affinité avec certain.e.s collègues. Ce n’est pas plaisant à apprendre, mais c’est toujours utile à réaliser.
Et si vous passez une très mauvaise soirée au party de bureau, n’y allez plus! Le fait d’avoir essayé diminue déjà le FOMO (Fear of missing out) et il n’y a rien de honteux à respecter des limites qui ont suffisamment été testées.
Trouvez des sujets de discussion sans risques
Dans la vraie vie, il est assez difficile de trouver des gens avec qui tout aborder et dans un cadre professionnel, ç’a l’est plus encore. Je vous recommande donc fortement de trouver quelques sujets sans risques à propos desquels discuter avec la plupart de vos collègues. Le but étant de multiplier les bonnes expériences de conversation et d’éviter soigneusement les zones problématiques.
Je suis une personne paresseuse qui ne prend pas plaisir à débattre. Je ne vais donc jamais aborder officiellement de sujets sensibles ou de débats de société avec un.e collègue, surtout si ma précédente tentative a déjà mené à une mauvaise expérience. Si un sujet conduit au conflit, il ne reviendra tout simplement plus.
Je me souviens par exemple avoir déjà mentionné un article de journal traitant de l’augmentation des cas de féminicides durant la pandémie et m’être fait challenger par un collègue cinéphile sur l’inutilité étymologique de ce mot… vous ne me voyez pas, mais je lève les yeux jusqu’au ciel.
En toute transparence, ça aurait pu (et possiblement dû) résulter en conflit, mais au lieu de brûler de l’énergie à essayer de changer sa mentalité, j’ai juste mis ça dans une petite boîte dans ma tête. Maintenant, on ne parle plus que de cinéma.
un collègue dérangeant vs. un emploi qui ne vous convient plus
Je termine avec ce point pour ouvrir une piste de réflexion en vous, si vous êtes rendu.e aussi loin dans le texte : est-ce que vous aimez encore votre travail ?
Je pose cette question car, personnellement, je n’ai jamais trouvé mes collègues plus insupportables que dans le cadre d’emploi que je n’aimais plus. Quand on a fait le tour d’une profession et qu’on est prêt.e à relever de nouveaux défis, tout ce qui nous rappelle à notre position actuelle nous agresse.
Mais il ne faut pas en vouloir aux gens qui vous encouragent à faire un travail qui ne vous intéresse plus. Ces personnes n’ont aucun moyen de savoir ce qui se passe dans votre tête. Il est donc très normal d’avoir un Thierry de la comptabilité dans vos emplois respectifs, mais si tout le monde vous semble être un Thierry de la comptabilité, c’est qu’un petit travail de civisme et d’actualisation de CV vous attend.