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Comment acheter une maison en ce moment sans tomber en burnout

Ou briser son couple.

Par
Madame Bidou
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Une Montréalaise qui veut vivre en banlieue m’a récemment demandé si c’était un bon moment pour acheter une propriété. Je vous invite à lire quelques mises en garde avant de vous lancer.

Et si ça vous tente encore, laissez-moi vous partager ce que j’ai appris à la dure pendant l’achat de ma maison à Beloeil cet été.

1-Ça se gagne en équipe

Le marché immobilier est tellement serré (peu de maisons à vendre dans la région métropolitaine combiné à l’exode des Montréalais condoïstes), que vous n’avez pas le choix de vous faire de nouveaux amis incluant: un entrepreneur général, un électricien, un plombier et peut-être même de gentils parents et beaux-parents dont vous allez écouter les conseils et l’expérience sur l’entretien d’une maison même si vous doutez de leur salle de bain qui met encore en valeur le brun… partout… trop partout.

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L’objectif est de les consulter ou de les amener (virtuellement) dans vos visites de maison pour dénicher une occasion en or derrière une couche épaisse de rouille. Ça semble facile dans les émissions de rénovation, mais dans la réalité, quand tu vas te coucher la nuit après avoir acheté une maison un peu douteuse, tu te demandes si tu es un génie de la rénovation ou si tu viens juste d’acheter une maison qui a besoin d’amour, mais qui est dépendante affective.

2-Être flexible

Vous voulez habiter à Brossard parce que c’est proche de Montréal et des transports en commun. Bonne idée! Mais vous êtes 100, 200 ou voire même 500 Montréalais à avoir la même idée.

Vous êtes 100, 200 ou voire même 500 Montréalais à avoir la même idée.

Vous cherchez une cuisine avec un ilot aussi long qu’une piste de décollage où vous allez étendre vos connaissances en mixologie (parce qu’on le sait bien que vous êtes un pionnier du genre). Vous allez sûrement piquer du nez lorsque vous découvrirez que cette maison, lorsqu’elle apparaît sur le marché, disparaît aussitôt dans une pluie d’offres multiples et de surenchères aux prix stratosphériques.

Ouch!

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Bref, c’est bien d’avoir un plan de départ, mais il faut rester ouvert aux nouvelles idées que votre courtier immobilier ou votre entourage pourraient vous suggérer. Cela va de même pour l’apparence de la maison, le nombre de pièces, aire ouverte ou fermée, etc.

Oubliez pas que plus vous avez de critères, plus vous avez d’étoiles qui doivent s’aligner pour que vous dénichiez la maison que vous avez en tête. C’est un peu comme tenter de chercher l’homme ou la femme idéale: vous allez rester seul(e) bien longtemps. Au bout du compte, la personne qui finit par conquérir votre cœur vous conviendra de façon inattendue.

Laissez-vous donc charmer par votre future maison.

3-S’instruire sur le fonctionnement d’une maison

En plus d’avoir une bonne équipe, prenez le temps de vous instruire sur les différents systèmes d’une maison, car derrière ce dosseret avec des tuiles métropolitaines edgy (même si la grande majorité des cuisines rénovées ont toutes la même tuile) se cachent des fils électriques, de tuyaux de plomberie, de l’isolation et peut-être des fourmis charpentières (non, ce n’est pas une bonne chose).

Lire sur l’électricité, la plomberie et les grands principes d’inspection vous rendra plus efficace dans la recherche de la pépite d’or dans un tas de pyrite.

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Sans devenir un spécialiste, lire sur l’électricité, la plomberie et les grands principes d’inspection vous rendra plus efficace dans la recherche de la pépite d’or dans un tas de pyrite.

Vous pourrez alors ajouter dans votre vocabulaire les mots suivants: amiante, radon, drain français, solives, pente négative, lézardes, clapet antiretour et fourmis charpentières (encore elles).

4-Apprendre à stresser à deux

Au-delà du défi de trouver la maison et d’avoir le budget à la hauteur, le plus difficile, est de sortir indemne de cette traversée du désert, car vous achetez probablement votre maison avec quelqu’un d’autre. Au début, c’est facile, vous êtes plein d’énergie et aucun de vous deux ne portent les stigmates des offres d’achat multiples, de la découverte d’une rue passante ou juste d’avoir un mauvais feeling pendant la visite.

Acheter une maison pendant la pandémie, c’est comme un sprint, mais pendant deux à cinq mois.

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Acheter une maison pendant la pandémie, c’est comme un sprint, mais pendant deux à cinq mois. La méditation que vous avez récemment commencée (en même temps que vos cours de mixologie), va prendre le bord. Lors de votre prochain conflit avec votre douce moitié, quand vous allez parler au «je», ce sera plutôt pour dire: «j’pu capable de t’endurer».

Vous ou votre conjoint(e) allez sûrement pleurer pendant le processus. C’est correct.

On fait quoi?

Push through. En parler ce n’est pas assez. Méditez, ça ne change rien. Aller courir? Vous allez sûrement être trop fatigué(e). Tout dépendant si vous habitez chez quelqu’un entre la vente de votre condo et l’achat de la maison, vous allez toujours avoir l’impression d’avoir le gun sur la tempe pour chaque décision que vous prendrez: est-ce qu’on la visite demain ou après-demain? Le soir ou le matin? Est-ce qu’on fait une offre après une seule visite ou après la deuxième?

Vous allez toujours avoir l’impression d’avoir le gun sur la tempe pour chaque décision que vous prendrez

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À deux qui ont un gun sur la tempe, ça fait des discussions aussi tendues que le dernier élastique qui vous a pété entre les mains.

Et c’est sans parler des autres sources de stress: vos amis qui trouvent que vous avez des goûts de marde, les histoires d’horreur d’achat de maison que vous allez lire sur Facebook et vos parents/beaux-parents qui vont sans cesse vous rappeler que les maisons ne sont plus achetables par rapport à leur temps.

Il n’y a pas de solution magique pour le stress. Le mieux que vous pouvez faire, c’est de le gérer avec les actions suivantes:

– Avoir des plans B, C, D, E pour faire baisser la pression, étant donné que ça ne va pas se passer comme prévu.

– Vous fixer un point de pause. C’est-à-dire déterminer à quel moment vous allez prendre une longue pause dans votre recherche de maison si les choses prennent trop de temps. Après un mois? Après cinq mois? Après votre troisième refus d’offre d’achat?

J’aimerais vous donner 2-3 trucs de pacotilles pour gérer votre stress durant cette période (comme visualiser les nuages et respirer par le nez), mais acheter une maison en temps normal, c’est stressant. En temps de pandémie (et de deuxième vague), c’est chercher le trouble.

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N’oubliez pas: si vous êtes moindrement proactif et à l’écoute de vos limites et de celles de votre conjoint(e), il devrait y avoir un dénouement positif au bout de l’aventure. Peut-être juste pas celui qui était prévu dans votre plan idéal.

Bonne chance!