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Combien les musicien.nes québécois.es gagnent-ils par année?

On a parlé de salaire en musique avec Sébastien Paquin, co-fondateur de la boîte Costume Records et comptable.

Par
Michelle Paquet
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En général, le grand public n’entend parler du revenu des musiciens que quelques fois par année : quand Pierre Lapointe se fâche contre les plateformes de streaming ou lorsque l’ADISQ nous rappelle pour la millième fois que les ventes de disques sont en chute libre.

Pour monsieur et madame Tout-le-Monde, qui aime écouter les playlists de chill-wave en travaillant et se payer un billet pour le Club Soda une fois de temps en temps, ce n’est pas très clair comment les musiciens font de l’argent.

Pour mieux comprendre comment l’industrie fonctionne, on est allés prendre un café avec Sébastien Paquin, comptable de formation, musicien (Barry Paquin Roberge) et co-fondateur de la boîte Costume Records qui travaille notamment avec Milk & Bone, Valaire et Dany Placard, entre autres.

Une question complexe

Pour essayer de limiter les variables dans notre discussion, nous avons demandé à Sébastien de se prononcer sur la situation d’un groupe ou d’un artiste solo, pas sur celle d’un.e musicien.ne de studio, d’un.e compositeur.rice, etc. Nous nous sommes aussi surtout penchés sur la question des artistes québécois. Ce n’est pas ici qu’on va débattre le salaire de Beyonce ou de Cardi B.

Ce n’est pas ici qu’on va débattre le salaire de Beyonce ou de Cardi B.

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Selon un bilan de l’IFPI, une organisation qui représente les multinationales du secteur de la musique, les sources de revenus principales du secteur de la musique en 2018 étaient, par ordre d’importance : le streaming payant (7,1 milliards), les ventes de supports physiques (4,8 milliards), les droits d’exécution/performance rights (2,7 milliards), les téléchargements numériques (2,3 milliards), le streaming « gratuit » (1,9 milliard) et les droits de synchronisation (0,4 milliard).

Ces chiffres donnent une idée globale d’où viennent les revenus des musicien.nes, mais quand vient à savoir combien ils/elles gagnent vraiment, c’est plutôt variable.

Alors, combien ça fait un musicien québécois ? C’est… compliqué.

Sans nommer les noms des exemples donnés par le comptable-gérant-musicien, les revenus des artistes d’ici varient énormément.

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Sans nommer les noms des exemples donnés par le comptable-gérant-musicien, les revenus des artistes d’ici varient énormément. Un nom bien connu au Québec peut faire plusieurs centaines de milliers de dollars par années, alors que des projets que l’on connaît bien, mais qui n’ont pas autant de succès commercial peuvent avoir des années de 20 000 $ et des années de 60 000 $, tout dépendant d’où ils sont rendus dans leur cycle d’albums. Il y a aussi des projets qui ne font que 2 000 $ dans l’année, mais habituellement ce ne sera pas la seule source de revenus du groupe ou de l’artiste.

Indépendant ou non?

Un artiste peut s’autoproduire, c’est-à-dire recevoir tous les revenus, mais aussi assumer toutes les pertes par rapport à son projet, ou faire affaire avec une équipe.

« Quand tu signes un deal de production de spectacles, dans le contrat, il va être écrit [par exemple] qu’on te garantit que tu vas faire une paie X par show et avoir un per diem X, explique Sébastien. En tant que producteur, l’argent que je te donne par show, c’est un peu comme une avance sur la paie que tu aurais à la fin de l’année, mais à la fin de l’année, s’il y a des pertes, c’est moi qui l’assume. S’il y a de l’over, je le redonne au band, moins ma cut. »

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Cet exemple n’est que l’une des nombreuses façons de faire, mais donne un bon aperçu du fonctionnement du système de paie.

Un projet musical, même si ce n’est pas très glamour d’y penser comme ça, c’est un peu comme une petite entreprise.

« Tu peux faire de l’argent en musique comme n’importe où, mais c’est très facile de chuter. »

« Tu peux faire de l’argent en musique comme n’importe où, assure Sébastien, mais c’est très facile de chuter. Il n’y a aucune sécurité. Tu peux faire une bonne année, mais c’est rare des bands qui durent 60 ans et qui font le même montant chaque année. »

Bien sûr, il y a des artistes qui ont de longues carrières qui traversent les décennies, mais n’est pas Charlebois qui veut. « Ta fenêtre d’opportunité n’est pas hyper longue. On en connaît des bands qui ont fait la palette, mais qui ont duré trois ans. »

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Qu’est-ce qui se passe quand la fenêtre se referme ? C’est le moment des projets solos, du retour aux études ou à un ancien emploi, d’autres se mettent à composer ou à réaliser, entre autres.

Avec beaucoup de travail, un peu de chance, et idéalement un bon comptable, ça se peut!

Le portrait qu’on dresse ici est assez large et ne prend pas en compte des choses comme les subventions, les coûts associés à la production d’un disque ou d’une tournée, etc., mais on aura au moins compris que c’est possible de gagner sa vie avec la musique. Avec beaucoup de travail, un peu de chance, et idéalement un bon comptable, ça se peut!