Combien j’économise sur la bouffe en mangeant végétarien?

Le prix de la bouffe semble suivre le cours de la cryptomonnaie depuis plusieurs mois. C’est ben rendu cher!

Et le prix de la viande a particulièrement augmenté en 2021. Alors, combien est-ce qu’on peut économiser en étant végétarien.ne? On calcule ça.

En décembre dernier, le fameux Rapport annuel sur les prix alimentaires prévoyait une hausse de 5 à 7 % du prix des denrées alimentaires en 2022. Les chercheurs et chercheuses de l’Université Dalhousie et des Universités de Guelph, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique, qui cosignent le rapport, y indiquaient que la viande, particulièrement, pourrait voir ses prix gonflés de près de 10 %.

Pour Sylvain Charlebois, économiste et premier auteur du document, à l’heure actuelle, les prévisions se sont réalisées, et le conflit en Ukraine risque d’envenimer la situation. « Il est possible que les prix augmentent au-delà du seuil de 7 % », indique-t-il.

Oui, mais non. « J’ai l’impression qu’à long terme, soit dans les 10 ou 15 prochaines années, on risque de voir une diète végétarienne devenir plus abordable qu’une diète omnivore ou une diète sans restrictions par rapport à la protéine animale », affirme Sylvain Charlebois.

Mais attention : l’expert regroupe là-dedans les protéines animales at large, c’est-à-dire les oeufs, le poisson et les produits laitiers, en plus de la viande. « Avant, c’était la santé, l’environnement ou le bien-être animal qui poussaient les gens à changer de diète, mais cette année, ce sont les prix qui incitent les gens à réviser leur alimentation », souligne l’économiste.

La nutritionniste et créatrice de contenu Stéphanie Côté tire des conclusions semblables. « Intégrer les protéines végétales dans notre alimentation, ça permet d’économiser, mais il y a des nuances à faire », remarque-t-elle. Pour sauver des sous, il faut privilégier les aliments non transformés et surtout, faire attention à notre consommation de « fausse viande », genre le Beyond Meat.

Manger végé, ça veut donc dire intégrer des protéines végétales entières à notre alimentation, comme les légumineuses, le tofu, le tempeh ou encore le PVT.

En 2022, on ne prévoit pas de hausse fulgurante du prix de ces aliments, qui bénéficient d’une production plus stable et moins risquée que la viande, mais qui ont aussi une durée de vie plus longue sur les tablettes des épiceries (et dans notre frigo). « Les conditions de marché des protéines végétales sont plus prévisibles et mieux établies », résume Sylvain Charlebois. Saviez-vous ça, vous, que le tofu coûte le même prix qu’il y a 20 ans au Canada? On ne peut certainement pas en dire autant du PFK!

Besoin de chiffres? Stéphanie Côté nomme ces exemples de prix par portion pour des plats préparés en version viande et en version végé :

Si on est totalement novice, Stéphanie Côté recommande de prendre des recettes qu’on aime avec lesquelles on est à l’aise et de remplacer la moitié de la viande par des protéines végétales. Vous songez à faire le virage complet et devenir végé à 100 %? La nutritionniste souligne l’importance de remplacer et non de retirer la viande dans nos assiettes pour éviter les carences.

Pour économiser davantage, évidemment, on cuisine à la maison et on jardine (pourquoi pas). Mais la clé, pour Sylvain Charlebois, c’est aussi de réduire le gaspillage alimentaire en évitant de faire une grosse épicerie pour la semaine à venir. Selon lui, comme les chaînes d’approvisionnement tournent au ralenti ces temps-ci, la durée de vie de nos produits est réduite. En achetant des denrées pour la semaine, on risque d’en perdre une partie.

« Dans les prochains mois, c’est ça qui va être la clé. C’est pas l’industrie qui va offrir des opportunités d’épargner. Elle en a beaucoup sur le dos, et avec le conflit en Ukraine, on risque de voir les choses se compliquer drôlement », conclut-il.