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Nombreux sont ceux et celles qui, dans un élan d’exaspération, ont voulu tout abandonner pour trouver refuge sur une île déserte. Mais est-ce que c’est possible, en fait, de s’offrir une île, ici même, au Québec?
Même si ces propriétés sont plutôt rares, il n’est pas si saugrenu d’envisager devenir propriétaire d’une île privée au Québec.
Évidemment, certaines îles sont hors de la portée de toutes les bourses, alors qu’elles se vendent pour plusieurs millions de dollars. Mais d’autres sont présentement à vendre dans la province, pour une somme allant de quelques dizaines à quelques centaines de milliers de dollars.
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À Blue Sea, en Outaouais, une île attend son prochain acheteur depuis quelques mois. Si vous détenez actuellement la modique somme de 449 000$, ça pourrait être vous. « C’est un marché particulier », reconnaît Jonathan Houde, courtier immobilier ReMax Direct, actuellement en charge de ce mandat.
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Sur l’île, on retrouve un bâtiment construit en 1895 qui n’a jamais été rénové. « Ça reste assez rare, de trouver une île avec un bâtiment, explique le courtier. Cette île-là a aussi un terrain d’accès au bord de l’eau pour pouvoir s’y rendre. C’est sûr que ça influence le prix. »
Les célèbres îles Moukmouk, occupant une place de choix dans notre imaginaire collectif, sont bien réelles. Toutefois sachez qu’il s’agit plutôt d’une seule île, et que celle-ci est présentement à vendre pour 2,75 millions de dollars.
Pour les budgets moins élevés, une grappe de petites îles, situées sur le lac Lesage, dans les Laurentides, est offerte à 395 000$. L’île Jaune, sur le lac Heney, est la moins chère disponible sur le marché, à un prix de 239 000$.
L’an dernier, une île privée dotée d’un chalet et située au Lac des Îles, à Mont-Laurier, a été mise en vente pour 450 000$.
On trouvait aussi une toute petite île en Abitibi-Témiscamingue en vente pour 209 000$, petit campement et électricité compris!
Rassurez-vous, c’est aussi possible de tomber sur de véritables aubaines. En 2023, Hydro-Québec avait lancé un appel de propositions pour se défaire de l’île Chapdelaine, située sur le Saint-Maurice à Shawinigan. Les enchères débutaient à 20 000$!
Qui donc achète une île?
S’il est bien connu que des personnalités issues du monde des affaires, du sport ou de la culture ont le loisir de s’offrir une île pour y prendre des vacances à l’abri des regards, il est aussi possible pour monsieur et madame Tout-le-Monde de s’offrir un petit coin de paradis.
Une chose est certaine, les propriétaires d’un lopin de terre sur l’eau tiennent à leur intimité. En effet, dans le cadre de ce reportage, il a été impossible d’obtenir d’entrevues avec des propriétaires d’îles, certains préférant demeurer discrets à cet effet.
« La plupart du temps, les gens qui sont intéressés par une île sont ceux qui connaissent la navigation. Mais dans les faits, si tu y vas en chaloupe, tu n’as pas besoin de tout connaître », précise Stephane Cloutier, courtier immobilier chez Sotheby’s.
Au cours des dernières années, celui-ci a vendu trois îles en Estrie, dont deux ont trouvé preneur pour moins de 500 000$.
« La clientèle qui s’intéresse aux îles est quand même particulière », indique Jonathan Houde.
« C’est un produit exclusif, situé à un endroit précis. Les gens doivent être en mesure de pouvoir s’y rendre pour en profiter. »
Les pêcheurs et chasseurs peuvent aussi rechercher ce type de propriété pour s’adonner à leur passion.
Comme les îles sont cadastrée de la même manière que les terrains vacants ou les lots sur lesquels sont construits des immeubles, le processus d’achat est somme toute similaire à celui d’une maison, indique M. Houde.
Sacrifier son confort
« C’est sûr qu’il faut avoir pas mal d’imagination pour s’organiser sur son île », mentionne M. Cloutier.
Déjà, certaines n’ont pas nécessairement d’accès direct pour s’y rendre. Les propriétaires doivent donc se stationner à des quais publics et défrayer des frais de stationnement, en plus d’y mettre leur bateau à l’eau pour se rendre.
Et comme les îles ne sont pas reliées aux réseaux d’égouts ou d’électricité, il faut compter sur des installations septiques et des génératrices.
Deux des îles que le courtier a vendu jouissaient d’un droit acquis et étaient rattachées au réseau électrique via des câbles souterrains. « Ça ne serait plus possible, aujourd’hui, de faire ça », explique-t-il.
Le chalet sur l’île privée mise en vente par Jonathan House, par exemple, est alimenté par l’énergie solaire et un poêle à bois, en plus d’avoir une toilette au compost. On est donc loin du confort d’un hôtel cinq étoiles.
Enfin, les îles ne sont pas accessibles douze mois par année. « Si, dans certains cas, on peut y aller par bateau en été, ou en motoneige ou en VTT l’hiver, quand l’eau est gelée, il y a des moments dans l’année où ça ne serait pas sécuritaire de s’y rendre », indique M. Houde.
Vers une hausse des prix?
Si les îles demeurent une rareté sur le marché, leur prix ne fera qu’augmenter, à l’instar des propriétés au bord de l’eau, prédit Stephane Cloutier.
« C’est extrêmement recherché, donc je pense que les prochaines vont se vendre plus cher, d’autant plus que les gens semblent prêts à payer davantage », avance le courtier.
Pour expliquer sa prédiction, il s’appuie sur le fait que de plus en plus de Québécois sont adeptes de sports nautiques et de navigation de plaisance.
« Les gens recherchent l’intimité », poursuit-il.
« Avoir une propriété sur le bord de l’eau, quand tu as des voisins ou des plaisanciers qui naviguent devant chez toi, ce n’est pas toujours la paix telle que les gens la recherchent. »
« J’ai des clients qui me disent qu’en étant seuls sur leur petite île, ils ont enfin la sainte paix », renchérit-il.
Si jamais votre budget ne vous permet pas de vous offrir un trip à la Gilligan ou à la Robinson Crusoé, sachez toutefois, chers lecteurs, que votre rêve pourrait être accessible le temps de quelques jours.