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Combien ça coûte un voyage en famille autour du monde?
Un mois déjà qu’on est revenus d’un long voyage de sept mois en Asie et la vie a repris son cours à peu près normal. Un retour à la réalité assez brutal, faut avouer. C’est quand même tragique de réaliser que le projet auquel on s’est préparés plusieurs années s’éloigne désormais dans le rétroviseur.
Si ma tête traînera à jamais des souvenirs nostalgiques de ce périple, mon compte bancaire, lui, ramène un pas pire gouffre financier. Normal, on est quand même partis pendant 28 semaines et pas dans un trois étoiles douteux à Punta Cana.
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De quossé au juste?
Nous avons foulé le sol de onze pays, pris quinze vols et parcouru 60 300 kilomètres.
Pour les trois-quatre personnes en Amérique qui n’ont jamais lu nos récits de voyage dans URBANIA, nous sommes une famille de Rosemont qui a décidé de tout sacrer là pour partir de janvier à août explorer le vaste monde. Bon c’est surtout un voyage en Asie, mais on est partis d’un bord et on est revenus de l’autre, alors on revendique notre droit de se la péter « tour du monde ».
Au total, nous avons foulé le sol de onze pays (France, Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Indonésie, Malaisie, Japon et Mexique), pris quinze vols (déso l’environnement) et parcouru 60 300 kilomètres. Nous avons aussi eu collectivement sept gastros et un accident quasi mortel, mais c’est une autre histoire.
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L’organisation
On se prépare comment pour une telle aventure? J’aimerais vous dire qu’on essaie de planifier ça longtemps d’avance et d’économiser de façon monastique durant des années. Pour plusieurs familles croisées en chemin, c’était le cas. Nous, on est un peu broche à foin, alors on n’avait pas réussi à mettre plus de 10 000$ de côté.
Un prêt hypothécaire plus tard, nous avions estimé que 50 000$ seraient nécessaires pour couvrir tous les frais (transport et voyage). De ce montant, il fallait déduire, avant de partir, quelques milliers de dollars pour se procurer des sacs à dos qui ont de l’allure (500$), un ordinateur (1500$), un cellulaire (700$) et une tablette (une cheap à 300$).
C’est sans compter les vaccins et la pharmacie adéquate pour d’éventuels bobos (malaria, mal des transports, antibiotiques, etc.) qui ont soutiré quelques centaines de dollars de plus de notre compte de banque.
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Le transport
On s’est vite aperçus que ce qui allait coûter cher, ce n’est pas le quotidien (qui se déroule la plupart du temps dans des pays pauvres où le coût de la vie représente des pinottes), mais bien le transport. En fait, plus de la moitié de notre budget global a été absorbé par nos nombreux vols, intérieurs et internationaux.
L’interminable – et improbable – vol entre Tokyo et Cancun nous a coûté plus de 6000$.
Certains vols intérieurs étaient abordables (moins de 100$ le billet en Inde par exemple, ou au Vietnam), mais nos longs trajets ont fait extrêmement mal. Il faut dire qu’on voyageait à quatre, avec deux enfants – 7 et 11 ans – qui paient désormais le plein tarif. Par exemple, l’interminable – et improbable – vol entre Tokyo et Cancun nous a coûté plus de 6000$.
Outre l’avion, notre dynamique familiale nous forçait à prendre souvent le taxi et même du transport privé, pour ménager les enfants de longues balades avec nos sacs à dos. Sans eux, on aurait sans doute sauvé quelques centaines de dollars en taxi, en optant pour la marche plus souvent qu’autrement.
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La vie
Au départ, nous avions calculé en moyenne 150$ par jour pour vivre, manger et nous loger. En général, nous avons respecté ce budget, qui n’incluait pas les transports ni les activités plus ambitieuses. Les incontournables, comme le Grand Palais de Bangkok – magnifique, cela dit – coûtait 60$ par adulte. Même chose pour un safari en famille au Sri Lanka – un moment fort –, mais à 200$ pour la famille, sans compter la nuit dans un parc national et le pourboire au chauffeur de jeep.
On a résisté à plusieurs tentations par souci d’économie, mais aussi par snobisme.
Évidemment certains pays se sont avérés moins chers que prévu (le Laos, l’Inde, le Cambodge, le Vietnam) et certains – plus dispendieux – ont fait équilibrer notre moyenne (Sri Lanka, Thaïlande, Indonésie).
Pour des raisons évidentes, je ne compte pas le Japon, qui nous a coûté la peau des fesses. Pour 250$ par jour, on arrivait à se loger dans des logements exigus et se nourrir une fois par jour dans des bouis-bouis. Le reste du temps, on mangeait des carrés au riz ou des soupes ramen du dépanneur 7Eleven. Un délice, pareil.
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J’ajouterais que nous sommes des voyageurs assez radins et nous avons un talent rare pour éviter les attrape-touristes et autres dépenses folles. Concrètement, on était le genre à prendre le traversier qui coûtait 20$ pour la famille au lieu du speed boat qui faisait le même trajet dix fois plus vite pour 100$. On a résisté à plusieurs tentations du genre en fait (niaiseries en tyroliennes, nettoyage d’éléphants, motomarine, etc.), par souci d’économie, mais aussi par snobisme envers ces activités 100% patentées pour les touristes.
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Airbnb vs hôtels, là est la question?
Côté logistique, un tel voyage est un feu roulant de bookage d’hébergements, encore plus pour nous qui patentions notre itinéraire au fur au à mesure.
Un mois après notre retour, un sentiment de vide m’habite encore en réalisant que cette mission quasi quotidienne n’est plus à mon agenda.
En gros, nous avons remarqué qu’il est facile de se loger à très bon marché dans des hôtels et guesthouses conventionnels dans la plupart des pays, par le truchement de sites comme Agoda et Booking. En basse saison, surtout, on pouvait chaque fois trouver des soldes allant jusqu’à 75% de rabais par rapport au prix habituel.
N’essayez pas de trouver une chambre d’hôtel abordable pour une famille à Paris ou à Tokyo.
Bref, pour environ 40$-50$, on pouvait souvent dormir dans une chambre spacieuse, avec deux grands lits, un balcon et une piscine accessible. Le site Agoda s’est avéré pour nous la meilleure solution, puisqu’on pouvait dormir à quatre dans la même chambre, ce qui était difficile avec Booking, où l’on dépassait toujours la capacité.
Je recommande sinon les Airbnb dans des pays plus aisés, où se cachent les meilleures aubaines. N’essayez pas de trouver une chambre d’hôtel abordable pour une famille à Paris ou à Tokyo, pas en bas de 200$ la nuit, en tout cas. Par contre, pour la moitié du prix, vous pouvez mettre la main sur un petit logement, un peu à l’écart du centre touristique. Le mot « petit » est important dans la phrase.
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À Bali, nous avons payé 1400$ pour une villa magnifique pendant deux semaines, avec des amis. C’était au final ultra-abordable, en plus de permettre de goûter à l’oisiveté des gens riches et célèbres.
Looking is free… NOT!
Ah, les cadeaux et souvenirs, ce moment dans ton voyage où tu pognes les nerfs après un commerçant et que tu passes proche de te retrouver en prison pour meurtre au premier degré pour avoir négocié de manière trop intense un gugusse inutile dont tu te crisseras au final dans quelques semaines.
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Sauf un chandail de Godzilla qui n’a pas survécu à un renversement de vin rouge, un masque de luchador mexicain, quelques robes, un hamac, une couple de jouets et une lanterne vietnamienne, nous n’avons pas fait rouler l’économie locale fort fort.
Mon astuce de fin négociateur : diviser le prix demandé par quatre et vous l’obtiendrez à la moitié. Si votre walk-out stratégique ne fait pas broncher le vendeur, c’est que vous avez atteint la limite de négociation. Bonne chance.
Morale de l’histoire
Au bout du compte, le voyage nous aura coûté 55 000$, soit quelques milliers de plus que prévu. Une fierté pour nous, puisque nous avons croisé des familles qui disposaient du double de notre budget pour un périple semblable. Évidemment, c’est important de choisir ses destinations stratégiquement (traduction : éviter l’Europe, les États-Unis et les îles Seychelles). Même à l’intérieur des pays, certaines villes plus dispendieuses sont à éviter ou écourter.
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Enfin, il va sans dire que voyager avec des enfants entraîne toutes sortes de coûts supplémentaires (la journée mensuelle de nananes au centre d’achat, les glissades d’eau, les restaurants « italiens » etc.) que nous aurions joyeusement contournés en couple ou en solo.
Mais bon, c’est le sacrifice à faire pour ramener des souvenirs pour la vie et, assumons le cliché, vivre une expérience familiale qui n’a pas de prix.