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Combien ça coûte, perdre ses cheveux?

Vous seriez prêt.e.s à payer très cher pour ne pas vous retrouver chauve – et une industrie de 31 milliards l’a très bien compris.

Par
Florence La Rochelle
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Surprise : vous allez probablement perdre vos cheveux, un jour. C’est 80% des hommes qui font de l’alopécie androgénique (le terme scientifique pour la calvitie) avant l’âge de 70 ans, et 40% des femmes avant l’âge de 50 ans, selon l’Association canadienne de dermatologie.

Donc perdre ses cheveux avec l’âge, c’est tout à fait normal. Mais on a pas dit que c’était facile! Pour la majorité des personnes qui passent par là, perdre ses cheveux est une expérience qui mène souvent à « des perturbations psychologiques et de la détresse ».

Et quand ça nous arrive alors qu’on a l’impression d’être trop jeune pour ça… ça peut s’avérer être littéralement traumatisant.

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L’humoriste Charles Pellerin, lui-même atteint de pelade et qui a vu tous les poils de son corps tomber, peut en témoigner.

Quand il a commencé à remarquer sa perte de pilosité, il a paniqué, et il a investi plusieurs centaines de dollars dans la tentative désespérée de faire marche arrière.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, avec l’aide de Charles, je vous explique toutes les façons dont l’alopécie pourrait vous ruiner. Heureusement, le docteur Pierre La Rochelle, spécialisé en médecine factuelle, est là pour nous expliquer ce que la science dit de tout ces traitements.

L’ABC de la perte de cheveux

Avant toute chose, il faut comprendre qu’il existe plusieurs types de perte de cheveux, qui peuvent être causées par toutes sortes de facteurs, et qui demandent donc des traitements différents. Voici les principales catégories :

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  • L’alopécie androgénique (plus communément appelée « calvitie ») : une perte de cheveux progressive, généralement située sur le sommet de la tête, près des tempes et du front qui mène éventuellement à un remplacement par un mince duvet, causée par une prédisposition génétique ;
  • L’alopécie diffuse (aussi connue sous le nom d’effluvium télogène) : une perte temporaire de la densité des cheveux sur tout le crâne, mais qui ne rend pas complètement chauve. Elle serait causée par des débalancements hormonaux, des périodes de stress intense, la prise d’un médicament ou des carences nutritionnelles ;
  • L’alopécie cicatricielle : une destruction des cheveux à leur racine-même, causée par une brûlure, une coupure, une tumeur, et autres traumatismes sur la peau ;
  • L’alopécie de traction : une perte de cheveux localisée et causée par la mise sous tension répétée du cheveu ;
  • La trichotillomanie : une perte de cheveux qui peut être locale ou diffuse, causée par l’arrachement compulsif des poils ;
  • La pelade : une perte de pilosité par plaque, qui pourrait être causée par des antécédents familiaux de troubles auto-immuns.

Bon, vous me direz que Charles est un cas extrême (et plutôt rare), j’en conviens. Mais, peu importe la raison, quand on perd nos cheveux, on fait quoi? Idéalement, on consulte un médecin (ou encore mieux : un.e dermatologue), mais si vous êtes comme Charles, vous allez commencer par surfer le web à la recherche d’une solution miracle.

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Voici ce sur quoi vous risquez de tomber, du traitement le moins cher au plus dispendieux.

Rogaine : entre 40 $ et 65 $ par mois

Rogaine, c’est la principale marque qui commercialise le Minoxidil (un médicament initialement utilisé pour l’hypertension artérielle, mais qui a l’effet secondaire de faire augmenter la pilosité). C’est une mousse qui doit être appliquée sur les cheveux deux fois par jour, et c’est probablement le traitement le plus répandu pour la perte de cheveux.

Comme pour beaucoup de choses, le prix de la version féminine du Rogaine coûte presque 50% plus cher que la version masculine. Merci, la taxe rose.

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Selon le Dr. La Rochelle, c’est un traitement qui fonctionne pour l’alopécie androgénique chez les femmes comme chez les hommes, quand le produit est utilisé selon les indications.

Charles l’a essayé : « Je me mettais ça et c’était interminable. Ça chauffe un peu. Après un certain temps j’ai arrêté, parce que je faisais juste me mettre de la crème et être collant. »

Les huiles : jusqu’à 80 $

Charles a aussi essayé de se masser vigoureusement le fond de la tête avec des huiles. Toutes sortes d’huiles. D’argan? De romarin? De sauge, peut-être? Non, de jojoba! OH, de ricin? Des petites fioles d’huiles (souvent dites « naturelle ») vendues à gros prix, il y en a beau-coup.

Une petite étude publiée en 2021 démontrait certains effets positifs des huiles chez les hommes atteints d’alopécie androgénique… mais de façon générale, « moi je prendrais ça avec un gros grain de sel », explique le Dr. La Rochelle.

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Les « dermarollers » : jusqu’à 100 $

Les dermarollers sont essentiellement des petits cylindres munis de centaines de micro-aiguilles qu’on roule sur la peau plusieurs fois par semaine, pour stimuler les cellules de la peau en faisant plusieurs micro-perforations indolores. Armez-vous de patience (et de beaucoup de jus de bras).

« Tous les jours, ma surface à labourer était de plus en plus grande », me confie Charles en riant.

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Difficile de dire si ce traitement est efficace, explique le Dr. La Rochelle. « Essentiellement, ça dépend de la longueur des aiguilles, de la longueur des sessions… donc c’est pas encore démontré, en plus que les études qui s’attardent à ce traitement ont combiné les “dermarollers” à l’application de Rogaine. »

La consultation avec un.e dermatologue : 300 $

Si vous voulez avoir l’heure juste, et que vous avez quelques centaines de dollars de lousse, vous allez probablement vous ruer vers la clinique privée de dermatologie la plus proche. C’est ce qu’a fini par faire Charles quand il a commencé à constater que sa perte de pilosité ne ralentissait pas : « c’est l’urgence qui te pousse à aller au privé ».

Je vous conseille d’écrire votre liste de questions et d’éviter le blabla. 300$, c’est souvent le prix d’une rencontre de 20 minutes max. À ce prix-là, mieux vaut être efficace.

Si vous ne disposez pas d’un tel budget (et avec l’inflation, on comprend ça), prendre un rendez-vous au public vous ajouterait à une liste d’attente de plus de 100 000 Québécois.e.s. Cela dit, une nouvelle plateforme de télédermatologie vient de voir le jour, pour les intéressé.e.s. Avec l’aide de votre médecin (qui doit soumettre la demande de consultation lui-même), vous pourriez accéder à un.e dermato et avoir un diagnostic plus rapidement.

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Bref, rencontrer un.e dermatologue en clinique privée, ça peut être une dépense qui en vaut le coup ; surtout si ça vous permet d’investir dans des solutions qui risquent vraiment de marcher pour votre type de perte de cheveux.

Les injections de plasma riche en plaquettes (PRP) : jusqu’à 600$ par traitement

Le PRP consiste à injecter dans le cuir chevelu un échantillon de sang qui a été centrifugé pour en extraire les plaquettes et le plasma riche en facteurs de croissance.

Généralement, les patients doivent initialement recevoir 4 traitements espacés de 2 semaines, et ensuite aux 6 mois.

Selon le Dr. La Rochelle, « ça fonctionne, dans la mesure où ça permettrait d’augmenter la quantité de cheveux – mais ça ne les rendrait pas plus épais – et l’efficacité du traitement aurait été démontrée davantage chez les hommes que chez les femmes ».

Les traitements au laser : jusqu’à 2000$

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Certaines personnes se tournent vers la thérapie au laser, qui stimule la circulation de sang dans le cuir chevelu et les follicules pileux, ce qui réduirait la perte de cheveux et mènerait à une nouvelle pousse.

Toutes sortes de gogosses ont été commercialisées pour faciliter les traitements au laser à la maison, comme des brosses et de jolis casques très discrets.

« Pour augmenter la densité des cheveux, ça peut fonctionner » auprès des personnes atteintes d’alopécie androgénique, explique de Dr. La Rochelle.

Les prothèses : jusqu’à 5000 $

Une solution plus ou moins accessible, mais très efficace, c’est de tout simplement porter une perruque.

Et une « bonne » prothèse capillaire, faite de vrais cheveux, qui ne vous donnera pas l’air d’être déguisé.e, ça coûte très cher.

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Charles ne s’est jamais magasiné une perruque… mais il s’est quand même équipé de petites prothèses à sourcils! « Je voulais m’en acheter pour un gag en show. Je suis tombé sur des “chemotherapy eyebrows”. C’est juste des faux sourcils, donc c’est le branding qui m’a fasciné. Et ils étaient vraiment plus chers que des faux sourcils “normaux”. T’sais, tu vendrais pas des foulards pour tentative de suicide manquée… »

Les greffes capillaires : jusqu’à 20 000 $

Oui, c’est possible (si vous êtes prêt.e.s à sortir votre cash) de littéralement vous faire poser des cheveux, un par un. Généralement, on prélève des cheveux sains et on les transplante dans les zones dégarnies.

Pour un petit rabais allant jusqu’à 90% sur ce genre de procédure, direction la Turquie.

Istanbul est la capitale du tourisme médical, et accueillerait jusqu’à 2 millions de voyageur.se.s par année, principalement pour des greffes de cheveux, mais aussi des chirurgies plastiques, des procédures dentaires et des traitements pour la perte de poids.

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La procédure y est tellement répandue que les travailleur.se.s d’aéroports appellent ces crânes rouges, boursouflés et pansés qu’elles voient de plus en plus souvent les « Turkish hairlines ».

S’accepter <3 : 0 $

C’est plate, mais le traitement qui marche à coup sûr, c’est l’acceptation de soi.

« Le plus vite que tu l’assumes, le mieux c’est. Essaie pas de renverser la vapeur. Essaie juste d’accepter que ça se produise », explique Charles.

Quoi que si vous avez besoin d’un.e psy pour vous décomplexer, c’est une option qui peut aussi vous coûter plusieurs centaines de dollars…

Éviter les arnaques

Il y a beaucoup (genre, beau-coup) de compagnies qui ont compris que quand on perd ses cheveux, on a besoin d’une solution au plus vite. Par conséquent, les scams sont très communs dans le monde des traitements de l’alopécie. Voici comment ne pas tomber dans le panneau, selon WebMD :

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  • Gare aux grandes promesses : non, ça n’existe pas, une solution « très rapide », « incroyable », ou « immédiate », parce qu’après tout, la pousse ou repousse des cheveux est un processus très long ;
  • Attention aux fausses prétentions médicales : gardez l’oeil ouvert pour la pseudo-science et les remèdes dits « naturels » ;
  • Ne vous laissez pas avoir par le marketing : il y a beaucoup d’argent à faire dans le monde de la perte de cheveux, alors les « solutions miracles » sont souvent promues via des campagnes marketing assez convaincantes propulsées par de gros budgets ;
  • Gare aux témoignages et commentaires : ils sont souvent fabriqués de toutes pièces.

Il y a aussi beaucoup de désinformation qui circule quant à la perte de cheveux.

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C’est très facile de passer des heures à se perdre dans des threads Reddit ou des sites web louches qui recommandent toutes sortes de solutions plus inusitées les unes que les autres. Ma recommandation : tenez-vous-en aux recherches, à la science et aux institutions publiques spécialisées en perte de cheveux.

Moins de poils ; moins de dépenses?

Oui, il faut bien qu’il y ait un peu de positif dans tout ça! Si ça peut vous rassurer, s’occuper de ses cheveux, ça coûte cher, alors quand on n’en a plus… on économise.

« Je ne vais plus chez le barbier », m’explique Charles. Ses visites mensuelles dans un salon de luxe (le genre qui te sert un espresso) lui coûtaient quand même 50$. C’est une économie non-négligeable de 600$ par année.

Charles n’a aussi évidemment plus besoin de dépenser pour des rasoirs électriques et des lames. « J’avais aussi un rasoir de dos… ça s’appelle un Backblade. Je le recommande quand même à tout le monde qui veut se raser le dos. »

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MAIS, il admet entre deux rires qu’il « dépense pas mal plus en chapeaux, par contre ».