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Combien ça coûte être nominé au Gala Les Olivier?

Se faire valider par son industrie, ce n'est pas gratuit!

Par
Pierre-Luc Racine
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C’est spécial, être en nomination au Gala Les Olivier.

Voir des collègues que je vois toujours en jeans/t-shirts être habillé.e.s propres, ça fesse. Même que pour une fois, certain.e.s sentent bon. Wow!

Mais avant même de rêver à une statuette, il faut tenter d’obtenir une nomination. Combien ce pari coûte-t-il?

Devenir membre

Plusieurs personnes croient qu’on est magiquement sélectionné.e.s pour être en nomination aux Olivier. La vérité, c’est que c’est l’APIH (l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour) qui s’occupe de tout. Pour soumettre sa candidature, il faut d’abord devenir membre de l’organisme. Et ça, c’est pas gratuit.

Les frais d’adhésion ressemblent à ça :

  • Membres corporatifs (producteur de spectacles, télévision, films et web) : 459,90$
  • Membres associés (agence de spectacles, diffuseur, gérance) : 298,94$
  • Membres affiliés (auteur, humoriste et autres artisans) : 183,96$
  • Membres de la relève (auteur et humoriste) : 68,99$
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Astuce d’ami : le truc pour économiser quand on est un artiste indépendant qui ne fait pas tant d’argent, c’est d’envoyer la personne la moins expérimentée du projet s’inscrire pour sauver un peu plus de 100$.

Soumettre son projet

Un comité va s’assurer de la validité des inscriptions pour éviter que des gens avec trois shows pas payés dans le corps – mais avec « humoriste » dans leur bio Instagram – tentent de parasiter le processus.

Après tout, c’est l’association des professionnels de l’industrie de l’humour. Pas l’Association du gars qui a été se planter trois fois au Gong Show et que sa dernière tentative a passé de justesse.

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Ensuite, vous devrez soumettre votre projet en espérant qu’il soit sélectionné. En plus de quelques exemples de votre matériel, vous avez des frais à payer en fonction de la catégorie dans laquelle vous aimeriez être nominé :

  • Spectacle d’humour de l’année : 436,91$
  • Spectacle d’humour de l’année, meilleur vendeur : 436,91$
  • Émission télé humoristique, série de fiction humoristique : 402,41$
  • Capsule ou sketch radio, diffuseur de spectacle de l’année, producteur de spectacle de l’année, capsule ou sketch web humoristique, série web humoristique de l’année : 316,18$
  • Numéro d’humour de l’année, podcast avec ou sans script, maison de gérance de l’année : 287,44$
  • Découverte de l’année, Olivier de l’année : 172,46 $

Être sélectionné.e

Pour chacune des catégories, l’APIH recrute 5 à 8 personnes de l’industrie pour former le jury spécialisé qui va analyser bénévolement chaque candidature.

Après délibérations, le jury sélectionne les prétendant.e.s qui seront en nomination.

L’annonce se fait pendant une conférence de presse. Ceux et celles qui vont apprendre devant leurs pairs qu’ils et elles ne sont pas sélectionné.e.s seront alors traité.e.s comme des pestiféré.e.s, le tout dans un nuage de malaise.

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Si vous avez bien suivi, vous avez compris que soumettre un projet coûte aux alentours de 450$. Pour certain.e.s, c’est leur boîte de production ou de gérance qui couvre les frais ou au pire, c’est l’infime partie du cachet d’une apparition au Tricheur.

Pour d’autres, plus undergrounds comme moi, c’est avec l’accumulation d’abonné.e.s Patreon à 5$ et de spectacles aux frais d’entrée modestes qu’on y arrive. Ceci est un rappel d’encourager vos artistes locaux. (En passant, vous pouvez même le faire gratuitement!)

Assister au gala

Ce Royal Rumble du showbiz n’est pas encore terminé. Alors que plusieurs sont tombés au combat, les heureux.ses élu.e.s doivent encore assister audit gala. Ça non plus, ce n’est pas gratuit :

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À ce prix-là, vous pouvez conclure que les gens qui amènent leur douce moitié sont vraiment en amour!

On était trois personnes derrière le balado 3 Bières qu’on a arrêté après 11 ans. Lors de ma nomination pendant la pandémie, c’était gratuit, mais pour les autres fois, les billets nous ont coûté un peu plus de 400$. C’est pas pour rien que vos podcasteur.se.s préféré.e.s arrêtent leurs discussions pour vous parler d’objets à vous rentrer dans la fourche. Ces commanditaires nous sont très utiles!

En tout, notre trio a dû débourser environ 800$ pour être dans vos écrans de télé pendant 3 secondes. C’est moins cher qu’une pub au Super Bowl, mais c’est pas donné pour des artistes qui font 60% du salaire moyen.

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Entre-temps, les membres du jury vont avoir déterminé leur top 3. Leur note va compter pour 50% du résultat final. Tous les membres de l’APIH vont recevoir un bulletin de vote avec des cases à cocher, ce qui va compter pour l’autre moitié du résultat. Un.e gagnant.e sera déclaré.e, et votre famille élargie va vous écrire dans les prochains jours pour vous dire qu’ils vous ont vu à la tivi.

Une nomination, qu’ossa donne?

Toutes les personnes de l’industrie qui assistent aux Olivier ont droit à quelques consommations et à leur moment sur le tapis rouge. À l’ère de l’influence, les photographes croquent le portrait de toutes les personnes qui y défilent. Aucune chance de brusquer un égo!

Par contre, les journalistes ne s’intéressent qu’aux personnes déjà célèbres, qu’elles soient en nomination ou non.

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Directement dans votre face, ils n’ont aucune honte à exprimer leur désintérêt, frôlant parfois le dédain à être contraints de parler à une non-vedette.

Malgré tout, j’ai l’impression que c’est ce moment qui est le plus propice à faire un impact auprès d’illustres inconnu.e.s. Par exemple, j’avais gagné une centaine d’abonné.e.s Instagram lorsque j’avais mis ce coton ouaté lors de ma deuxième nomination.

L’après-gala

Une fois les caméras éteintes, l’industrie se réunit pour fêter. Mes ami.e.s qui ont assisté à l’après-gala de l’ADISQ trouvent que celui des Olivier est particulièrement ennuyant. Étant un milieu de cliques, tout le monde reste pas mal dans son coin avec sa gang habituelle.

Une fois la poussière retombée, l’industrie de l’humour retourne à ses occupations habituelles.

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Ses favoris.tes restent généralement les mêmes. Aucune porte ne s’ouvre ou ne se ferme sauf pour l’Olivier de l’année et, parfois, la Découverte de l’année.

N’ayant jamais remporté la statuette au chapeau melon, je peux dire qu’il ne faut pas voir le tout comme un échec. Aux yeux de ceux et celles qui m’ont aidé financièrement, le fait que j’aie été nominé est en soi un succès.

Ça, c’est toute une victoire!