Qui n’a jamais instrumentalisé son désir d’étudier en droit pour faire miroiter à son entourage un avenir prometteur? « Ah, oui, je vais peut-être aller en droit » se glisse superbement dans une conversation, en plus de camoufler vos réels désirs professionnels possiblement plus excentriques. Mais plusieurs jeunes font le choix réel d’exercer cette bonne vieille profession libérale. Et si c’est également votre intention et non pas un bluff, voici un petit guide de présentation des différentes facultés dans lesquelles vous pourrez vous consacrer à l’étude du Code civil.
Université de Montréal
« Je n’ai pas été déçue de mon choix », affirme d’entrée de jeu Alexandrina, étudiante de deuxième année à l’Université de Montréal. Bien sûr, la faculté de droit de l’UdeM est souvent associée à la compétitivité de la course aux stages. « Mais si tu ne veux pas ressentir l’esprit de compétition, c’est vraiment les gens desquels tu t’entoures qui comptent », explique l’étudiante.
«C’est certain que la course aux stages, ça prend beaucoup de place. Tu vois juste ça. »
La faculté accueille environ 400 personnes étudiantes chaque année : il y a suffisamment de gens pour choisir ceux avec qui on veut passer du temps. « Mais c’est certain que la course aux stages, ça prend beaucoup de place, mentionne Alexandrina. Tu vois juste ça. »
Le programme de l’UdeM exige également de ses étudiant.e.s de suivre beaucoup de cours obligatoires. « Si tu sors du cégep, tu es obligé prendre une session à six cours, explique Alexandrina. Je fais un cours d’été à la place. » Elle rappelle également qu’il y a beaucoup de cours sur le droit des affaires, mais un peu moins sur le droit social. Bref, si le monde corporatif vous attire, l’UdeM est faite pour vous.
UQAM
Le programme de l’UQAM est plus ou moins fidèle à la réputation stéréotypée qu’on pourrait s’en faire : le programme comporte plusieurs cours sur le droit du logement ou le droit social, et même un cours sur les droits des peuples autochtones et l’État canadien. Bref, « le programme a une vocation plus sociale », explique Laurence Caron-Bleau, qui ne regrette pas son choix.
«Chaque étudiant.e peut définir son parcours comme il ou elle le souhaite.»
« C’est moins compétitif que dans les autres universités, je crois, et les profs préconisent une approche critique du droit », explique l’étudiante. Il n’y a pas de nombre de cours obligatoires par session : chaque étudiant.e peut définir son parcours comme il ou elle le souhaite. Et les ententes d’évaluation sont négociées au début de chaque session, ce qui dilue « le rapport de pouvoir entre profs et étudiants », selon Laurence.
Pour ce qui est de la bonne vieille course aux stages, l’étudiante mentionne que ce n’est pas la plus grande priorité au sein des murs de l’UQAM. « En plus, on a des notes à barème fixe. Si tu as 92 % et plus, par exemple, tu as un A+. C’est donc plus difficile de se démarquer auprès des grands cabinets », explique celle qui ne compte pas participer à la course aux stages de toute manière.
McGill
La faculté de McGill possède assurément une aura mystérieuse : elle n’accepte que très peu d’étudiant.e.s directement issu.e.s du cégep et son programme comporte une année supplémentaire pour étudier le Common Law, soit le système juridique utilisé dans le reste du Canada. Plusieurs de ses étudiant.e.s se démarquent chaque année dans la course aux stages en obtenant des stages auprès de cabinets prestigieux.
Plusieurs étudiant.e.s d’autres universités interviewé.e.s dans le cadre de cet article ont mentionné que McGill enseignait le droit dans une approche plus globale, voire même philosophique. Mais si ce qui vous intéresse, c’est la vie de party, vous devriez lire cet article sur les traditions de la faculté.
Université de Sherbrooke
La particularité de Sherbrooke, c’est vraiment les différents cheminements offerts : il y a le programme de droit régulier, celui de droit coopératif – qui comporte trois stages –, le droit-MBA coopératif – qui donne un diplôme de droit et de MBA –, et le programme droit-sciences de la vie, qui vient avec une maîtrise en biologie.
«La vie facultaire et sociale est super, on a des gens qui viennent de partout au Québec.»
Bref, si vous hésitiez entre chimie-physique et les sciences humaines en cinquième secondaire, la faculté de Sherbrooke est faite pour vous.
« La vie facultaire et sociale est super, on a des gens qui viennent de partout au Québec », s’enthousiasme Julie-Anne, étudiante du programme Droit-MBA coopératif. Elle note néanmoins qu’il y a peu d’activités de réseautage des grands cabinets sur le campus. « Peut-être qu’ils savent que moins d’étudiants de Sherbrooke participent à la course aux stages », relève-t-elle, puisque plusieurs font déjà des stages avec le programme de droit coopératif.
Université Laval
Laval n’est pas McGill, mais presque : l’université offre une concentration en Common Law, un bon début si vous souhaitez pratiquer le droit dans le reste du Canada ou au pays de Donald Trump. Et puis, la cote R minimale pour y entrer en provenant du cégep est d’environ 30, ce qui est plus accessible qu’à l’UdeM, par exemple.
Et en étudiant à ULaval, vous aurez la chance de vous prendre en selfie devant le Château Frontenac pendant trois ans. Les montréalocentristes ne peuvent pas en dire autant.
Université d’Ottawa
Thomas étudie au bac en droit spécialisé en développement international et mondialisation, un programme unique à l’Université d’Ottawa. Il affirme apprécier son programme, mais demeure lucide : « Ce n’est pas la faculté avec le meilleur taux de placement dans la course aux stages ni au barreau. »
Il relève d’ailleurs que c’est un.e membre de l’association étudiante qui s’occupe des activités de réseautage liées à la course au stage. Autrement dit, la course n’est pas institutionnalisée au sein de cette faculté.
Mais malgré les différences entre les six programmes présentés, tout ce qui compte, c’est de pouvoir revêtir la toge au terme de ses quelques années d’étude. En espérant que cette analyse vous aura aidé.e.s (ou non) à bien choisir votre campus et ainsi impressionner votre belle-famille avec vos connaissances du Code civil.