Logo

Charles Philibert-Thiboutot : olympien mais aussi… lapin?

On vous explique ce rôle crucial en vue du Marathon Beneva de Montréal en fin de semaine.

Par
Sara Buzzell
Publicité

À la manière d’Obélix et de sa potion magique, Charles Philibert-Thiboutot est tombé dans la course à pied lorsqu’il était tout petit. D’aussi loin qu’il se souvienne, le sport sous toutes ses formes a fait partie intégrante de son quotidien.

Olympien en course de demi-fond, sur des distances de 1 500 à 5 000 mètres sur piste, l’athlète originaire de la ville de Québec effectuera un retour aux Jeux olympiques de Paris l’an prochain. Il s’était démarqué à Rio en 2016, mais une blessure et un accident malencontreux l’ont empêché de participer à la compétition qui s’est tenue à Tokyo en 2020.

Pour la deuxième année consécutive, Charles participera à titre de lapin au demi-marathon du Marathon Beneva de Montréal. Ce rôle est primordial dans toutes les courses d’une telle envergure puisque le lapin permet aux coureurs et coureuses de connaître approximativement leur allure, sans avoir à consulter leur montre. En gros, un lapin va compléter l’épreuve en un temps précis, qui est écrit sur la pancarte qu’il porte, et les athlètes qui visent le même temps pourront le suivre pour s’orienter. Cette année, ce sont ceux qui souhaitent terminer leur demi-marathon en 1h40 qui pourront suivre Charles.

Publicité
Crédit photo : Yonathan Kellerman, @charlespt sur Instagram

Même s’il n’a pas l’habitude de faire des courses d’une telle distance, le coureur assure que les entraînements pour la course de demi-fond ressemblent énormément à ceux nécessaires pour le demi-marathon et le marathon. « Le plus lent que je peux courir en entraînement c’est environ 4:10 par kilomètre, et là il faut que je fasse un demi-marathon à 4:43 par kilomètre, donc pour moi c’est facile. Présentement en fait, je suis dans mon off season, les deux semaines dans l’année où je ne m’entraîne pas. À ce pace là, il n’y a pas vraiment de limite, je pourrais courir 100 km. »

Publicité

Pour lui, l’implication au sein de l’événement est une occasion de connecter avec la communauté de course à pied qui le suit et l’encourage lors de ses compétitions à l’international. « On s’est demandé quel serait le meilleur moyen pour moi de connecter avec les gens et de vraiment m’impliquer dans l’organisation, puis je pense pas qu’il y ait de meilleur moyen que de courir avec la majorité des personnes participantes », explique-t-il.

Pourquoi 1h40? Parce que c’est là qu’il y a une masse critique de coureurs, et c’est donc le meilleur moyen pour l’olympien de mettre son rôle à profit pour encourager les gens : « L’année dernière, dans les trois derniers kilomètres, je courais un peu partout dans le peloton, pour aller chercher des gens en arrière et en avant. Je leur disais “Là si vous me battez, vous faites en bas de 1h40”. Je challengeais les gens à me battre ».

Publicité
Crédit photo : @charlespt sur Instagram

Pour s’orienter, Charles suit les bornes installées au sol ainsi qu’un chronomètre sur sa montre. Le signal GPS ne fonctionne pas toujours bien en ville, alors il ne peut pas s’y fier pour s’assurer de respecter le rythme auquel il doit aller. Il sait qu’il doit atteindre le premier kilomètre à 4 minutes 45, le deuxième à 9 minutes 30, et ainsi de suite. « On est toujours à plus ou moins 5 secondes par kilomètre. Une fois qu’on est sur un effort, c’est facile de rester constant. Deux kilomètres plus lents, deux plus vite, puis à cette longueur de course, tu peux guider les gens quand même assez précisément. »

Habituellement, les lapins sont des coureurs et coureuses qui veulent s’impliquer dans la communauté et qui, au lieu de faire la course pour eux-mêmes, décident d’aider les autres. « C’est assez altruiste et ça aide vraiment les gens parce qu’il y a plein de monde qui vont viser 1h40 au demi en fin de semaine, qui courent deux ou trois fois par semaine, qui n’ont pas nécessairement la notion de rythme, et qui ne sont pas équipés avec une montre GPS. Ou peut-être qu’ils ne savent pas comment calculer les temps de passage avec les bornes au sol. Alors juste de savoir qu’il y a quelqu’un avec une pancarte où c’est écrit 1h40, ça fait que tu te mets en cruise control et tu fais juste suivre. »

Publicité

Pour l’athlète, le meilleur feeling, c’est le dépassement de soi et l’atteinte d’un objectif personnel. « Dans le sport, les émotions sont toujours grandioses. C’est un feeling que tout le monde peut vivre, que tu sois coureur professionnel ou coureur du dimanche. Ça n’a pas d’importance à quelle vitesse tu vas, tout le monde a cet espèce de feeling d’accomplissement une fois la ligne traversée. Pouvoir aider un peu certains de ces gens-là à pousser et à donner des coups extra, pour ensuite les voir traverser la ligne d’arrivée en extase et tellement contents d’eux-mêmes, c’est une super belle expérience et c’est ce qui rend le rôle de lapin aussi intéressant. »

Publicité
Crédit photo : Benjamin Weingart, @charlespt sur Instagram

Quelques conseils pour les participant.e.s aux épreuves du Marathon Beneva de Montréal

À quelques jours de la course, Charles recommande de prendre ça relax et de ne pas trop s’entraîner : « Être reposé le jour de la course, ça va rapporter plus. Le gros du travail, si tu ne l’as pas fait, il est trop tard ».

Publicité

« La veille de la course, j’aime manger de la bouffe thaï ou vietnamienne. Du riz ou des nouilles de riz pour les glucides, des légumes et toujours une portion de protéines. J’y vais habituellement pour un équilibre comme ça. Puis le matin même, je recommande d’y aller avec ce qu’on est habitué de manger avant d’aller courir. Pour moi, c’est un bol de gruau. »

Après avoir souligné l’importance du café avant la course (opter pour un shot d’espresso et non un grand café du Tim, pour que ça brasse moins dans l’estomac), Charles s’attarde à la nutrition pendant l’épreuve, qui est cruciale. Pour un effort au-delà de 1h40, ça prend des gels, de l’hydratation et des barres énergétiques. « Faut vraiment pas sous-estimer ça, parce que le genre de mur qu’on frappe après 2 à 3 heures d’effort, ce sont les fibres musculaires qui se déforment et qui ont de la misère à se soutenir. Si on n’a pas les glucides pour endurer ça, c’est là qu’on frappe un mur. »

L’athlète met aussi en garde les coureurs contre les onze premiers kilomètres du parcours, qui sont un faux-plat montant. Pour ceux qui font le marathon complet, c’est le premier quart de la course et pour ceux qui font le demi, c’est la moitié. Il faut garder de l’énergie dans ce premier segment de course, parce que d’arriver au 11e kilomètre à bout de souffle, ce n’est pas une position avantageuse. « À la limite, tu vas un peu plus lentement dans ces premiers kilomètres-là, et quand on est passé la grimpe de la côte Berri et que c’est plus plat jusqu’au Stade Olympique, c’est là qu’on peut se permettre d’accélérer et d’aller chercher des secondes. Une course de fond comme ça, idéalement la deuxième moitié se court plus vite que la première, donc il faut rester patient les premiers onze kilomètres. »

Publicité

Charles conclut en disant que la course est un moyen d’aller chercher le meilleur de soi-même et c’est ce qu’il souhaite à toutes les personnes qui participeront au Marathon Beneva de Montréal en fin de semaine.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!