Cette semaine, je m’impose un jeûne intermittent!

Les obsédés de la productivité de Silicon Valley essaient encore de hacker leur corps. Cette fois-ci, ils se tournent vers l’alimentation pour enfin d’atteindre leur galaxy brain.

Les gourous du rendement à la Tim Ferris en raffolent: le jeûne intermittent. Se retenir de manger pour augmenter sa productivité? C’est la promesse derrière cette pratique.

En partant, qu’est-ce qu’un jeûne? C’est lorsqu’on prive volontairement son corps de nourriture. Lorsqu’on se prive même d’eau, on parle de «jeûne sec» et c’est dangereux.

Je vais vous avouer qu’en partant, ça ne me tente pas de jeûner. Par contre, une des idées de base derrière les jeûnes n’est pas si farfelue: on mange constamment par réflexe. On a perdu l’habitude d’écouter son corps pour savoir quand on a réellement faim. Par exemple, on nous martèle que le déjeuner est le repas le plus important de la journée, mais il n’est pas nécessaire lorsqu’on n’en ressent pas le besoin.

Le genre de jeûne qui nous intéresse aujourd’hui est le jeûne intermittent. L’accent circonflexe est important pour le «jeûne intermittent». Sinon ça donne un «jeune intermittent» et ça fait penser à un enfant qui avance, qui s’arrête, qui avance, qui s’arrête, qui avance et qui s’arrête sans cesse.

Le mot intermittent s’explique par l’alternance des états de jeûnes. Ça peut être des jours de jeûnes suivis d’une journée de permissions ou simplement des périodes comptées en heures. Par exemple, un des jeûnes intermittents les plus populaires est celui que je ferai: le 16-8. Ça veut dire 16 heures de jeûne suivies de 8 heures d’alimentation, où j’aurai le droit de manger ce que je veux.

Les seules choses qui pourront entrer dans mon corps durant le jeûne seront de l’eau, du thé et du café. Et je ne bois pas de café. Ça va être le fun. Yé.

Pourquoi s’abstenir de manger alors que m’empiffrer de malbouffe est mon activité préférée? Parce que plusieurs études montrent que la restriction calorique sans carence nutritionnelle augmente l’espérance de vie de certaines espèces animales.

Par contre, les différents secteurs de la santé ne s’entendent pas sur les bienfaits des jeûnes intermittents. Alors que certains médecins généralistes le suggèrent pour perdre du poids, l’Ordre professionnel des diététistes sourcille.

Le jeûne intermittent serait plus adapté aux personnes souffrant de diabète de type 2, mais même dans ce cas-là, la science n’a pas tranché clairement.

Il y a plus de contradictions sur le jeûne que dans les propos de Richard Martineau! Faut le faire!

L’affaire, c’est qu’il y a un énorme biais lorsqu’on essaie d’évaluer les jeûnes. Lorsqu’on a la possibilité de manger que huit heures par jour, peut-être qu’on réfléchit plus à notre alimentation plutôt que de s’envoyer n’importe quoi dans le gosier.

Qu’en est-il concernant la productivité? Sans études concrètes, on se retrouve avec des témoignages empiriques de personnalités nous disant se sentir plus réveillées. Les vedettes vantant les mérites du jeûne intermittent sont quand même nombreuses. Si des vedettes le disent, ça vaut plus que de la science, right? RIGHT?

Malgré tout, il y a probablement des bienfaits au jeûne. Il y a suffisamment d’indices prometteurs pour que la recherche soit approfondie, mais en ce moment même, on ne sait pas encore qui ça aide, comment, dans quel but et dans quel contexte.

Comme lors de chaque expérimentation, je me pose trois auxquelles je répondrai dans sept jours. Cette semaine, voici les trois aspects que je surveillerai:

1- Est-ce que mon humeur a changé?

2- Suis-je plus productif?

3- Est-ce que je le recommande?

Techniquement, une semaine n’est pas suffisante pour suivre pleinement les effets du jeûne intermittent. Certains disent que ça prend jusqu’à un mois pour en sentir les bienfaits. La «bonne» nouvelle là-dedans, c’est que ça sera mon premier régime à vie. Mon métabolisme n’est pas habitué d’être secoué par des diètes. Peut-être que je sentirai les effets plus rapidement.

Les modes sont vraiment à l’abstinence ces temps-ci. Étant moi-même minimaliste, je me retiens d’acheter des objets chaque jour. Souvent, c’est en retirant de notre vie certains éléments qu’on peut voir s’ils sont nécessaires. Les obsédés par la productivité semblent en être amoureux aussi, comme moi quand j’ai testé le jeûne de dopamine il y a un an.

Peu importe la conclusion à laquelle j’arriverai, consultez un professionnel de la santé avant de faire n’importe quel changement important à votre alimentation.

Et ne m’envoyez pas de photos de bouffe avant midi s’il vous plait.