Le deuil n’est pas quelque chose qu’on peut accélérer. Il reste vif pour au moins un tour de calendrier. Le premier anniversaire séparé, la première fête des Mères et, bien sûr, le premier Noël.
Le temps des Fêtes est une période propice à la nostalgie. On se rappelle les Noëls de notre enfance avec des étoiles dans les yeux. C’est l’un de ces rares moments où l’on croit encore à la magie, et où les traditions familiales et le sens de la famille prennent toute leur importance.
Être seul à Noël pèse. Encore plus quand ce silence était autrefois habité par des rires d’enfants.
L’an dernier, je me suis séparée environ deux mois avant Noël, mais nous vivions encore ensemble pendant le temps des Fêtes. Nous nous étions séparés les réveillons, mais le sapin et les décorations, eux, n’étaient encore que dans une seule maison.
Cette année sera donc mon premier vrai Noël séparée.
Deux maisons, deux Noëls
Ma fille de trois ans le dit avec enthousiasme. C’est aussi un peu ça, réussir sa séparation : réprimer sa tristesse pour que notre enfant n’y voit que du feu. Après tout, quel enfant ne serait pas heureux d’avoir deux sapins, deux piles de cadeaux, deux réveillons ?
Ce premier Noël marque le début de la logistique de séparation. Qui a droit au 24, au 25, au Jour de l’An? Si certains établissent un horaire à l’aide d’un médiateur, pour d’autres, ça varie chaque année.
Pour la séparation, plusieurs modèles existent : on sépare le 24 et le 31, le 25 et le 1er, l’un prend la semaine de Noël, l’autre celle du Jour de l’An. Si vous aviez une entente avec un médiateur, sachez que celle-ci n’est pas figée dans le béton et que vous pouvez modifier ou alterner en consultant votre co-parent.
« On avait séparé : moi Noël et elle le Jour de l’An, mais je l’avais laissée décider. Moi, j’ai une grosse famille traditionnelle, et elle, de son bord, ne fêtait pas Noël », dit Manuel Lemieux, père de deux enfants qui étaient très jeunes au moment de sa séparation. « Je les ai accompagnés pour appeler maman via vidéo, pour qu’ils lui souhaitent un joyeux Noël. »
« C’est beaucoup de résilience et de focus sur les enfants. Le plus dur, c’était de gérer ma famille et leur tristesse, et non la mienne et celle des enfants. »
Le Jour de l’An fut cependant plus difficile. « Ils m’ont appelé et j’ai fait semblant d’aller super bien, et que j’étais content qu’ils soient avec maman. Il faut s’occuper, mais aussi se donner le droit d’être triste. »
Un casse-tête logistique
La première année de séparation apporte son lot de complications. Afin de toujours faire ce qui est le mieux pour les enfants, il est suggéré de conserver autant que possible leurs habitudes. Par exemple, si Noël se passait surtout dans la famille de papa, mieux vaut perpétuer la tradition.
Aussi, il est crucial de considérer l’âge des enfants pour la durée de séparation. Les enfants de moins de trois ans ne devraient idéalement pas être éloignés plus de quelques jours de chacun des parents, alors que les plus vieux peuvent suivre un mode de garde d’une semaine, une semaine.
Une fois l’horaire des Fêtes établi avec le co-parent, partagez-le avec votre enfant et assurez-vous qu’il le comprenne. Pour les plus jeunes, cela peut se faire avec un calendrier sur lequel on met le visage des parents.
Une fois que la séparation des Fêtes est faite, tâchez de conserver un lien avec le parent absent. À cet égard, l’appel vidéo à la mère des enfants de Manuel est une excellente idée.
Créer de nouvelles traditions
Pour la deuxième année, la tristesse s’invite sous mon sapin. L’an dernier marquait la fin d’une époque. Chaque rituel était fait pour la dernière fois et pour cette raison, je me souviens m’être particulièrement donnée. Par déni ou par désir de compensation, ou peut-être simplement pour donner à ma fille un dernier vrai Noël dans sa première maison, sachant que dans les mois à venir, tout ça serait chamboulé.
Cette année, c’est un nouveau début. De nouvelles traditions naîtront, dont certaines qui seront uniquement les miennes.
J’ai racheté des décorations. Son père et moi avons partagé une liste de cadeaux et les dates. Mais quand je pense aux soirs où elle ne sera pas là, j’espère que je serai occupée.
Pour d’autres parents séparés, ces soirs seuls sont une occasion de réveillonner avec des amis, de faire du bénévolat ou de se reposer, tout simplement. L’an prochain, la boule sera moins grosse. Comme à chaque tour du calendrier.
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