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C’est-tu si pire si je ne fais pas le lutin farceur à mes enfants?

C’est-tu si pire si je ne fais pas le lutin farceur à mes enfants?

Je vais laisser le grand-père des lutins répondre. (Il existe pour vrai!)

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« On pourrait en trouver un pour les Fêtes! »

Mon chum ne parlait pas d’un sapin baumier de sept pieds ou d’un panettone à moins de 30 balles, mais plutôt d’un lutin farceur (ajoutez ici le son d’une tasse qui, dans la surprise, se fracasse sur le sol).

Voyez-vous, notre plus vieux a l’âge vénérable de trois ans et demi, et Noël tatoué sur le cœur. L’an dernier, il a chanté Petit papa Noël jusqu’en juin. Imaginez-vous à quel point ça pognerait, un lutin farceur, chez nous?

Par contre, il me semble que ça fait à peine deux minutes qu’on commence à bien dormir la nuit, et peut-être 30 secondes qu’on est capables de regarder un film au complet le soir. Je n’ai pas envie d’hypothéquer ce temps nouvellement retrouvé pour préparer le gag insipide d’un lutin qu’on va haïr après trois jours.

Peut-on être stressé par le magasinage des Fêtes sans devoir en plus se lever à minuit pour engluer une poupée dans du pseudo-vomi vert et rouge pour faire croire que la créature a mangé trop de cannes en bonbon?

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Tout ça pour dire que j’ai refusé. À la place, on laissera l’héritier amener le sujet après que son ami de la garderie lui ait raconté avoir trouvé un lutin suspendu à une guirlande de bobettes. Il y a quand même des limites à ce qu’on peut endurer quand on est en carence de vitamine D.

Coudonc, c’est qui la tête de grelot qui a eu cette idée de lutin farceur?

Ah ben câline!, me suis-je exclamée en trouvant la réponse. C’est un grand-papa du Saguenay.

Le lutin farceur de Noël est Québécois!

L’histoire est charmante. Régis Tremblay, grand-papa de Métabetchouan-Lac-à-la-Croix, revenait de la boîte aux lettres en compagnie de ses deux petits-garçons d’âge primaire. C’était à la fin novembre 2007, et une bordée toute fraîche couvrait le terrain.

Les enfants ont aperçu des traces dans la neige et ont demandé à leur grand-père ce qui avait bien pu marcher là. Régis Tremblay a alors répondu du tac au tac : « C’est des traces de lutin. »

L’inventif grand-père brode ensuite une histoire pour expliquer la provenance des traces. Oui, oui, les lutins se promènent la nuit. Le jour, on ne les voit pas parce qu’ils dorment dans les arbres. Le 24 décembre, ils repartent vers le pôle Nord pour donner un coup de main au père Noël.

Émerveillés, les petits-enfants gobent tout, et le grand-papa décide de pousser le bouchon encore plus loin. Avec un vieux sac à moulée, un bâton pour mélanger la peinture et une galette aux pépites de chocolat, il fabrique un piège à lutin qu’il place sous un sapin. Au cours des jours suivants, les enfants inspectent régulièrement le piège.

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Régis Tremblay, qui travaille à une quincaillerie locale, y prend les deux lutins décoratifs qui ornent la vitrine. Lors d’une visite des deux garçons, il entre dans la maison en secouant bien fort le sac à moulée. On entend des grelots à l’intérieur!

« Tu aurais dû voir la réaction des enfants quand je suis rentré avec ça, rigole le grand-père au téléphone. Ça n’avait aucun bon sens! Ça courait partout en criant “Grand-papa a pogné des lutins!”. »

Le soir même, les petits ont mis les lutins sur une étagère, et les ont attachés avec une corde, parce qu’on le sait maintenant, les lutins, ça gambade la nuit. Le matin, ils les ont retrouvés ailleurs, même s’ils avaient été attachés avec soin.

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L’histoire a fait le tour de l’école, et éventuellement, le tour du Québec.

Retrouver la magie de Noël

La tradition existait déjà aux États-Unis avec le livre Elf on the Shelf paru en 2005, mais le rôle des lutins y est fondamentalement différent. Ceux-là surveillent les enfants pour faire un rapport sur leur comportement au père Noël qui détermine s’ils ont été suffisamment sages pour se mériter un cadeau. Bref, ce sont des délateurs.

Les lutins de Régis Tremblay, eux, sont coquins et gentils. Et le Québec a embarqué dans son aventure. Il y a 15 ans, les réseaux sociaux débordaient déjà des tours pendables que les lutins jouaient aux enfants.

Parmi eux, certains sont assez élaborés. Je peux bien être dégoûtée d’avance : la charge mentale qui semble être associée aux lutins farceurs n’est pas loin de la préparation des impôts.

Pourtant, l’idée de départ du grand-père des lutins (c’est comme ça qu’on appelle Régis Tremblay, maintenant) n’était pas de faire faire aux lutins l’équivalent d’une pyramide de chaises de cuisine à chaque soir. C’est l’imagination des enfants qui primait, et qui devait faire le travail.

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« Ça se fait tout seul!, s’exclame Régis Tremblay. L’enfant a tellement d’imagination, tu n’as pas besoin de faire grand-chose. Tu vas prendre le lutin, tu vas le sortir de sa chambre, tu vas le mettre sur une tablette de la maison. “Comment ça se fait qu’il est rendu là? Il n’était pas là hier soir!” »

L’enfant fera le reste du chemin dans sa tête et élaborera tout un scénario fantastique assaisonné de magie de Noël.

« Il faut écouter les enfants et rêver avec eux, estime le grand-papa des lutins. Ils font encore de beaux rêves, eux autres. La magie des Fêtes, c’est pas seulement d’avoir des cadeaux. »

J’avoue que je l’avais perdue, cette magie-là, avant de parler avec Régis Tremblay. Avant, le plaisir de Noël, c’était de voir les gens que j’aime habillés sur leur 31 avec une bonne bouffe et du bon vin. Mais maintenant, je suis maman. Le plaisir de Noël se retrouve aussi dans les grands yeux émerveillés de mes enfants.

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Et je serais curieuse de voir ces yeux-là se poser sur un lutin fraîchement attrapé.

Que faire quand on ne veut rien savoir du lutin?

Un vrai lutin magique, ça ne s’achète pas, ça s’attrape. C’est ça qui est trippant, au fond. Vous installez un piège boboche avec les enfants, vous placez un biscuit au fond agrémenté d’un chemin de miettes, et vous attendez.

Jusqu’à ce que vous attrapiez un lutin… ou pas!

« Les parents qui ne veulent pas en avoir peuvent jouer le jeu de mettre le sac, la boîte ou n’importe quoi pour l’attirer, conseille Régis Tremblay. Mais ça se peut que tu n’en attrapes pas, de lutin! Pis là, c’est le rôle des parents de dire comment ça se fait qu’on n’en a pas attrapé. Il faut que tu leur racontes une histoire qui se tient un peu debout. »

Le truc du piège qui ne fonctionne pas peut être bien utile au moment où les enfants rentreront de l’école avec toutes les histoires de leurs amis qui, eux, ont des lutins à la maison.

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Pour ma part, je déclare la chasse aux lutins ouverte, et je suis pas mal sûre d’en attraper un.

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