C’est quoi le ski freeride? 

Entre un entraînement et une séance photo, Justine Dufour-Lapointe a accepté de me rejoindre au Café Pista sur Masson pour partager un café et une (énorme) toast à l’avocat.

Celle qui est en pleine tournée médiatique pour son documentaire Le grand saut : le pari de Justine Dufour-Lapointe s’est posée un instant pour me parler du nouveau souffle qu’elle donne à sa carrière. Justine, l’ex-championne en ski de bosses, se réinvente dans le monde du ski freeride, un univers à mille lieues des pistes de bosses surtravaillées qu’elle a dévalé des milliers de fois.

D’entrée de jeu, je lui avoue timidement, ne pas trop savoir ce que c’est, le freeride. Tout sourire, elle m’explique :

« En gros, c’est du ski hors des pistes balisées. Les skieurs montent au sommet d’une montagne, choisissent une ligne de descente – souvent pour la première fois – et se lancent. On saute des cliffs, on trace une ligne unique et créative. La descente est évaluée par des juges, et celui ou celle qui gagne, c’est celui ou celle qui a fait la ligne la plus cool, la plus impressionnante. Ce qui est spécial, c’est qu’on n’a aucun entraînement sur le terrain avant la compétition. C’est vraiment du one shot. »

« Un peu comme le surf? », je lui lance.

« On pourrait dire, oui. Comme en surf, on s’adapte aux conditions. Chaque descente est unique, mais ce n’est pas de l’impro, non plus. Il y a un gros travail en amont : je passe des heures à analyser des vidéos, à scruter des photos de drone, et à étudier les runs des skieurs des années passées. Mais dans le vif de l’action, tu as une seule chance de tout donner. »

Le contraste avec le ski de bosses est frappant. En bosses, la perfection était une obsession : « Pour réussir un backflip, il fallait peut-être 500 essais, répétés sur une trampoline ou sur une rampe d’eau, encore et encore. En freeride, c’est l’inverse. On se dit : “On va l’essayer, et on verra.” »

Justine en est bien consciente :

« Quand je faisais du ski de bosses, on utilisait des canons à neige pour forcer une piste en bas des montagnes. Tout était artificiel. En freeride, c’est l’inverse. On s’adapte à la montagne et à la météo. Si les conditions ne sont pas bonnes, on ne sort pas. Par exemple, l’an dernier, deux compétitions prévues en janvier ont été annulées faute de neige naturelle. Ça fait partie de la réalité de notre sport. On dépend à 100 % de ce que la nature nous offre. »

Elle ajoute : « Cette nouvelle réalité m’a rendue plus consciente que jamais des changements climatiques. Ce que j’aime du freeride, c’est qu’on respecte ce que la montagne nous donne, au lieu de la manipuler pour qu’elle s’adapte à nous. »

Je lui demande à quoi ressemble le profil type d’un athlète de freeride. « Ce sont souvent des locaux, des amoureux de la montagne et de la neige. Ils sont spontanés, créatifs, et totalement en phase avec la nature. »

Et elle, quelle est sa personnalité de skieuse?

« Mes proches disent que je suis comme un petit lapin! Quand je skie, je me sens tellement sur mon X. Je vole littéralement. Je me sens légère comme l’air. »

Justine semble comblée. Elle m’explique qu’elle a l’impression d’être devenue une « vraie skieuse » : « Je peux enfin profiter de la neige et m’amuser à ma façon.»

Pour celles et ceux qui veulent essayer le freeride au Québec, elle recommande des spots comme le Massif du Sud, le mont Orford ou encore les montagnes de la Gaspésie.

Et son conseil ultime? « Sauter dans l’inconnu, voir où ça va vous mener. »

Sur ce, je la laisse terminer son interminable toast à l’avocat et je quitte en me questionnant sur mes propres choix de vie. Est-ce que je pourrais devenir une athlète de freeride à 27 ans? À suivre.

En attendant, j’attends la sortie de son documentaire prévue le 21 janvier prochain sur ICI Tou.tv.